Le haut de gamme est-il forcément synonyme de fortes marges et de gros bénéfices? Non. La preuve: le constructeur automobile suédois Volvo, propriété du chinois Geely, annonce ce vendredi une perte nette de 530 millions de couronnes (62 millions d'euros) au titre de 2012. Victime de la crise en Europe, mais aussi de ses difficultés aux Etats-Unis et en Chine, la firme de Göteborg était tout juste à l'équilibre au niveau opérationnel l'an passé.
En 2011, Volvo Cars avait engrangé un bénéfice net de 927 millions de couronnes (110 millions d'euros) et opérationnel de 2 milliards (235 millions d'euros). Le chiffre d'affaires est demeuré stable. En revanche, les ventes en volumes ont reculé de 6% à 422.000 l'an dernier. Eh oui, les volumes sont insuffisants pour assurer la rentabilité de la marque, malgré l'excellente réputation de ses modèles.
Marasme en Chine
Ses ventes en Chine ont notamment diminué de près de 11% à 41.989 unités, bien loin des 200.000 unités par an qu'il espère y écouler à terme. Mais la firme a découvert récemment un important système de fraude chez ses concessionnaires dans l'ex-Empire du milieu, avec du coup une sous-estimation des volumes de 2012. Volvo aurait enregistré une lourde perte en Chine l'an dernier, annonçait en avril dernier le quotidien suédois Svenska Dagbladet citant "des sources bien informées". Volvo devrait y avoir perdu de 2 à 4 milliards de couronnes (environ 250 à 500 millions d'euros).
Etats-Unis, premier débouché
Les Etats-Unis ont représenté le plus important marché de Volvo Cars avec, sur l'année complète, 68.079 véhicules vendus, mais la minuscule progression de... 1,2% est très inférieure à celle du marché total outre-Atlantique. En Europe de l'ouest, les ventes de Volvo ont reculé de 10%, à 227.027 unités. Pour 2013, les perspectives sont moroses. Hakan Samuelsson, le nouveau patron de l'entreprise, avait estimé en décembre dernier qu'il serait "très compliqué" d'éviter une perte opérationnelle cette année.
Nouvelle usine en Chine
Pour renouer avec les profits, Volvo se restructure. En février, il avait annoncé 1.000 suppressions d'emplois. Il compte actuellement 22.500 personnes à travers le monde. Volvo Car Group (rien à voir avec les camions de AB Volvo) a par ailleurs annoncé récemment des investissements lourds, pour onze milliards de dollars (8,5 milliards d'euros) entre 2011 et 2015. Objectif principal: créer une seule plate-forme modulable et une nouvelle famille de moteurs à quatre cylindres nettement plus sobres et capables de couvrir l'ensemble de sa gamme.
Ces deux projets "représentent l'un des plus importants investissements jamais réalisés en Suède", affirme le constructeur. En outre, Volvo va inaugurer en juin son usine chinoise de Chengdu. Des ateliers de moteurs suivront. Jusqu'ici, la firme scandinave produisait en association avec Ford et Mazda. Logique: Ford était son ancien propriétaire. Le constructeur vise 800.000 véhicules en 2020.
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