Fiat délocalisera-t-il son siège vers les Etats-Unis ?

Rome s'inquiète. Le constructeur automobile italien va-t-il mettre hors d'Italie le siège de son futur ensemble constitué avec sa filiale américaine Chrysler? Si Chrysler est en plein boom, Fiat décline et perd de l'argent.
Sergio Marchionne, administrateur délégué de Fiat. Copyright Reuters

Restera, restera pas? Dans le grand débat sur les délocalisations en Europe occidentale, Fiat souffle le chaud et le froid. Le ministre de l'Industrie italien Flavio Zanonato a reçu en fin de semaine dernière Sergio Marchionne, administrateur délégué du groupe transalpin, et son président, l'héritier et représentant de la famille actionnaire Agnelli, John Elkann. "La réunion s'est vraiment bien passée", a déclaré Sergio Marchionne à la presse. "Nous avons confirmé nos engagements concernant l'Italie". Le ministre avait récemment demandé au constructeur de "rester en Italie", alors que se multiplient les signes d'une fusion dès l'an prochain entre Fiat et Chrysler, sa filiale américaine.  L'administrateur délégué du groupe piémontais assure que Fiat, premier employeur du pays, ne supprimera pas d'emploi en Italie. Alors que ses usines italiennes tournent très en dessous de leurs capacités - on évoque 50% -, le constructeur répète qu'il  prévoit de n'en fermer aucune... après avoir toutefois longtemps menacé de réduire la voilure!  En tous cas, Sergio Marchionne ne répond pas a priori directement sur l'implantation du futur siège du groupe Fiat-Chrysler.

Fiat seul dans le rouge

Le problème, c'est que Fiat décline fortement en Europe, à cause du marché mais aussi de la réduction de ses investissements qui débouchent sur un manque flagrant de nouveaux modèles... A l'inverse, porté par un marché américain en pleine croissance, Chrysler voit ses ventes augmenter fortement. Il se crée donc un sérieux déséquilibre entre les deux... Fiat est d'ailleurs bénéficiaire aujourd'hui uniquement grâce aux profits de Chrysler. Le constructeur automobile turinois  a enregistré en effet au premier trimestre un bénéfice net de 31 millions d'euros à peine. Mais, si l'on exclut Chrysler, il serait carrément dans le rouge de 235 millions d'euros!

Fusion en vue

Le turinois détient 58,5% de Chrysler et compte racheter entièrement sa filiale tout en la cotant à Wall Street, probablement en 2014. Une montée dans le capital complexe et qui prend du temps. Fiat avait pris en 2009 le contrôle opérationnel de Chrysler, alors sous sauvegarde du Chapitre XI (loi américaine sur les faillites), et acquis une participation majoritaire en juin 2011. Aujourd'hui, les deux groupes fonctionnent de manière indépendante, même s'ils ont le même patron... Sergio Marchionne. "J'ai toujours vu Fiat et Chrysler devenir une seule entité à un moment donné", a réaffirmé le double dirigeant fin avril, au moment de la publication des résultats trimestriels. Sergio Marchionne laisse planer le doute sur la localisation du futur siège de l'ensemble. L'agence Bloomberg rapportait à la mi-mai que Fiat réfléchissait bel et bien à un transfert de son siège de Turin vers les Etats-Unis. Et le président du groupe, John Elkann, a défendu fin mai le principe de... plusieurs sièges répartis dans le monde. Pas très rassurant.

L'exemple de Fiat Industrial

Syndicats et politiques craignent que le futur ensemble Fiat-Chrysler ne s'inspire de l'exemple de Fiat Industrial. Ce dernier vient d'annoncer  son intention de transférer son siège en Grande-Bretagne, après la fusion prévue avec sa filiale américaine CNH. Fiat Industrial est la société soeur du constructeur Fiat (Auto). Il a hérité, lors de la scission, des actvités non-automobiles de l'ex-consortium comme les poids-lourds, le matériel agricole et de travaux publics.

Des usines en question

Au terme d'une série de bras de fer avec les syndicats, Fiat a engagé des investissements pour les usines de  Pomigliano d'Arco (près de Naples), qui produit la petite Fiat Panda, de Melfi destinée à fabriquer de futurs petits 4x4 Jeep et Fiat , de Grugliasco (Turin), un ex-site du carrosseir Bertone dédié désormais à Maserati. Des déclarations d'intention ont été formulées sur Mirafiori (Turin), qui pourrait se spécialiser dans le futur haut de gamme Alfa Romeo, encore hypothétique. Rien n'a encore filtré sur l'avenir de Cassino. Cependant, tout ceci demeure un peu flou, les plans produits changeant constamment et les sorties de nouveaux modèles étant régulièrement différées... Du moins côté Fiat..

 

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Commentaires 8
à écrit le 04/06/2013 à 14:37
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Grâce aux directives de Bruxelles , à la libre concurrence, au refus de protection du marché intérieur, à l'incitation d'aller fabriquer où ça coûte moins cher, voilà le résultat. Délocalisation des usines d'abord, et pourquoi conserver le siège dans...

le 04/06/2013 à 15:14
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Monsieur Pragmatique67, si les actionnaires decident de delocaliser, c'est qu'ils ont des raisons bien plus valables que celles de la nostalgie. Il faut assurer une certaine rentabilite et surtout perenite des entreprises. Ce n'est pas une mince affa...

à écrit le 04/06/2013 à 14:28
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Fiat est depuis très longtemps une entreprise américaine ou une "captive" américaine. Les italiens les savent un peu mais essaient de l'ignorer. On enfonce ici une porte ouverte. Fiat incluant Chrysler sera acheté par GM avant 10 ans.

à écrit le 04/06/2013 à 13:46
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Ils pourraient se réorganiser et Fiat la maison-mère d'origine deviendra à terme la filiale de Chrysler et ensuite le nouveau groupe revendrait Fiat après l'avoir dépecé de tout l'intéressant, et qui resterait donc en Italie, mais resterait coltinée ...

à écrit le 04/06/2013 à 12:43
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Sergio Marchionne,fils d'italiens émigrés au Canada,n'a rien d'un italien de souche en raison que sa vie professionnelle a été vécu entre le Canada et la Suisse.Son domicile fiscale est situé à Zurich et il fait part du board de UBS (220.000 euro/ans...

à écrit le 04/06/2013 à 12:28
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Et dans un pays où l'on est capable d'élire des clowns, on peut comprendre que les entreprises n'aient pas envie de rester...

le 04/06/2013 à 13:58
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En appliquant ce principe au cas de PSA, on voit bien pourquoi ils vont fermer Aulnay...

à écrit le 04/06/2013 à 11:44
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Les sources de revenu et les activités de la famille se situent essentiellement aux USA, en UK et en Suisse. En Italie, c'est plutôt la consommation des revenus. Le dernier siège Italien des entreprises de la famille est celui de Fiat. La logique fin...

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