La voiture « verte » la plus populaire dans l'Hexagone? Renault Zoé électrique, Peugeot 3008 Hybrid4 ? Eh non! Il s'agit bien une voiture « made in France », mais... de marque japonaise. La petite Toyota Yaris (disponible à partir de 18.800 euros prix catalogue) s'arroge même à elle seule 21,5% des immatriculations totales de voitures hybrides et électriques sur les sept premiers mois de 2013 en France. La citadine de Toyota a enregistré 7.728 immatriculations, d'après nos sources.
Dès la fin juillet, elle dépassait de 75% ses scores de l'ensemble de l'année 2012. Et la deuxième voiture « verte » la plus vendue dans l'Hexagone ? Une autre Toyota. Décidément. La compacte Auris, produite outre-Manche, s'est immatriculée, elle, à 5.131 exemplaires (sur sept mois), soit mille de plus que sur toute l'année précédente.
Arrivent ensuite la Renault Zoé électrique (3.948 sur sept mois, contre 48 sur l'année 2012), la Peugeot 3008 hybride (3.674), la Peugeot 508 hybride (2.910) et le Renault Kangoo Z.E. (2.398), selon des chiffres officieux.
Peugeot 3008 Hybrid4
Seulement 2,7% du marché total
Les immatriculations totales de voitures « vertes » sont en plein boom. Avec 35.702 hybrides et électriques neuves au total entre janvier et juillet dernier en France, elles ont quasiment atteint les scores de l'année 2012 dans son ensemble (37.239).
Un segment composé pour 52% de modèles hybrides (thermique-électrique) essence, 25% de hybrides diesel, et 23% d'électriques, ces derniers étant essentiellement achetés par des flottes, souvent publiques ou parapubliques. Les véhicules "verts" ne représentent toutefois encore que 2,7% du marché total (voitures et utilitaires) tricolore. Les électriques seuls ne pèsent que 0,6%.
2 gigantesques Cadillac 4x4 Escalade hybrides vendues en 2013 !
Toyota, numéro un des hybrides dans le monde et de loin, reste donc logiquement la première marque « verte » (avec sa marque de luxe Lexus) dans l'Hexagone. Elle s'arroge plus de la moitié des immatriculations totales, devant PSA (25%) et Renault (18%).
De façon anecdotique, 273 voiturettes Bolloré Blue Car et 173 Smart, deux modèles électriques, ont été également immatriculées en France sur les sept premiers mois de l'année. S'y ajoutent 5 limousines BMW 7 et autant de Mercedes S hybrides… et 2 gigantesques Cadillac 4x4 Escalade tout aussi hybrides !
Surcoût par rapport aux voitures classiques
Le hic des voitures « vertes », c'est que, naturellement, elles sont plus coûteuses que les véhicules thermiques classiques. Le seul qui, justement, échappe à ces surcoûts, est Toyota, fort de son antériorité et de ses très fortes économies d'échelle.
D'où le succès de la Yaris (émissions de 79 grammes de C02 au kilomètre), produite dans l'usine française de Valenciennes qui en a sorti 25.130 unités sur six mois. Cette Yaris h partage la même mécanique que l'Aqua vendue au Japon. Les composants hybrides de la Yaris h proviennent d'ailleurs de l'archipel. D'où les synergies.
5,5 millions. C'est le nombre de véhicules à double motorisation essence-électrique écoulés par Toyota dans le monde entier depuis la première Prius en 1997, qui s'était vendue à 323 exemplaires à peine cette année-là! Une preuve que les grandes innovations mettent du temps à s'imposer.
629.652 Toyota hybrides vendues dans le monde au premier semestre
L'hybride est une invention-clé de Toyota, qui lui aura donné une image universelle de fabricant de voitures respectueuses de l'environnement. Un coup de pub formidable. Son premier rival mondial est son compatriote Honda, lequel a franchi à la mi-octobre 2012 le cap du million de ventes cumulées de véhicules hybrides - depuis novembre 1999, date de l'apparition de la Honda Insight de première génération.
Toyota (avec sa marque de luxe Lexus) a écoulé dans le monde 629.652 voitures hybrides, rien que sur le premier semestre 2013, dont 330.000 au Japon, 183.570 en Amérique du nord, 73.293 en Europe.
PSA en pointe sur l'hybride-diesel
PSA a été pour sa part le pionnier de l'hybride diesel en 2012. Il commercialise actuellement quatre modèles ainsi motorisés. Avantage : on cumule ici les gains en sobriété et les basses émissions de C02 des hybrides et du diesel. Handicap : on cumule aussi les surcoûts et, le diesel n'étant quasiment prisé qu'en Europe, les volumes de production ne peuvent être que relativement faibles.
La moins chère, chez PSA, est la 3008 Hybrid4 à 35.950 euros (moins le super-bonus gouvernemental qui se monte aujourd'hui à 10% du prix du véhicule). Pas donné. PSA en a immatriculé en France 8.600 sur sept mois. Il en a vendu 20.960 au total en 2012. Le groupe français vise les 40.000 unités vendues cette année. Mais, malheureusement, ses projets de hybrides essence pour la Chine ont pris du retard.
Le rechargeable, prochaine étape
Les véhicules hybrides essence et diesel sont aussi disponibles aujourd'hui, pour certains, avec des systèmes rechargeables permettant de rouler à l'électricité sur une trentaine de kilomètres. Après trois heures de recharge à une borne. C'est encore mieux au niveau des émissions de C02, et c'est d'ailleurs une technologie d'avenir.
Problème : c'est encore plus cher ! On trouve sur ce segment des Toyota Prius hybrides rechargeables à essence et la très agréable Volvo V60 hybride diesel « Plug In » à 60.000 euros! Mais on n'en est qu'aux débuts.
Volvo V60 hybride rechargeable
Nissan et Renault champions de l'électrique
Enfin, Nissan a pour sa part ouvert en grand les portes des véhicules électriques avec sa Leaf compacte. Même si Mitsubishi s'y était mis avant, mais à très faible échelle. Mitsubishi a même livré des véhicules à PSA, qui les a revendus sous le nom de Peugeot Ion et Citroën C1. Mais les ventes sont aujourd'hui épiphénoménales.
Après Nissan, son allié Renault s'est engouffré dans ce créneau avec son utilitaire Kangoo et sa petite Zoé. Mardi 10 septembre, Renault a d'ailleurs remis les clés du 10 000ème Kangoo Z.E. électrique, un modèle acheté par la Deutsche Bahn. Avantage : pas d'émissions polluantes ni de C02. La panacée… sur le papier.
Car, le handicap essentiel des véhicules purement électriques reste une autonomie très réduite (à peine plus d'une centaine de kilomètres l'hiver ou avec la climatisation à fond l'été) et un temps de recharge dissuasif (8 à 10 heures).
Un marché qui restera contenu
En outre, la recharge nécessite un équipement en bornes à assumer par la collectivité. Reste en outre le problème « écologique » de la production d'électricité (à partir du nucléaire, du charbon…) et du recyclage des batteries (polluantes) en fin de vie. Renault a fourni 45% des véhicules électriques immatriculés en Europe occidentale sur les sept premiers mois de l'année.
Les véhicules "verts" hybrides et électriques devraient passer de 1,7% de la production automobile mondiale en 2011 à près de 5% en 2016 et près de 6,3% en 2020, selon les prévisions du consultant PWC. D'après une étude un peu plus ancienne du même cabinet, le marché auto mondial devrait passer, d'ici à 2017, à 4,1% de véhicules hybrides et 1% d'électriques.
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