
Renault et PSA Peugeot-Citroën connaissent chacun de graves difficultés. Les deux champions tricolores de l'automobile, dont la production ne cesse de plonger dans l'Hexagone, ont affiché de mauvais résultats financiers semestriels. Ils pâtissent de leur trop grande exposition à un marché européen en chute sévère et subissent de plein fouet la concurrence de leurs vieux rivaux germaniques beaucoup plus rentables, ainsi que l'offensive du géant coréen Hyundai-Kia.
Les deux constructeurs affrontent la crise avec des atouts différents. Fort de son réseau d'alliances intercontinentales avec le japonais Nissan ou l'allemand Daimler, jouissant de l'atout maître des voitures à bas coûts, Renault se révèle ainsi, structurellement, en meilleure posture que PSA, malgré une médiocre image de marque mondiale et des modèles souvent moins attractifs. Voici en six "rounds" le grand match entre nos deux poids-lourds nationaux, avec leurs forces et faiblesses respectives.
Le déploiement hors d'Europe
Renault vendait au premier semestre dernier 50% de ses véhicules hors d'Europe (Russie et Roumanie non comprises), PSA 42%. Ce dernier dispose certes d'un atout géo-stratégique de taille avec la Chine. PSA y envisage plus de 550.000 ventes sur l'année, alors que les volumes de Renault y seront dérisoires, faute d'implantation industrielle jusqu'ici. PSA prend ici nettement l'avantage.
En revanche, partout ailleurs, Renault fait mieux. En Russie, la firme au losange vend trois fois plus de véhicules que PSA avec une seule marque. En outre, Renault y double actuellement son potentiel industriel local. Et ce, sans parler des volumes additionnels d'Avtovaz (Lada), le premier constructeur auto russe dont la firme de Boulogne-Billancourt est en train de prendre le contrôle. Renault est d'ailleurs très rentable en Russie, alors que PSA y perd de l'argent.
Au Brésil, avec deux marques, PSA vend 40% de véhicules de moins que Renault avec une seule marque et moins de modèles. Renault y est bénéficiaire, pas PSA. Ce dernier est certes mieux placé en Argentine que Renault, mais la taille du marché argentin est très inférieure à celle du Brésil.
PSA est en outre absent d'Inde, où Renault compte quasiment doubler ses ventes cette année, grâce au succès du 4x4 Duster produit dans l'usine de l'Alliance avec Nissan à Chennai. PSA a annulé ses projets, faute de trésorerie suffisante.
Avantage Renault
Les performances sur le marché européen
Avec ses deux marques Peugeot et Citroën, PSA pèse plus lourd que Renault dans l'Union européenne. Il y détenait, sur les dix premiers mois de l'année, 11,1% du marché des voitures particulières neuves, contre 8,9% pour le groupe Renault. En revanche, PSA a dégringolé sérieusement par rapport à l'avant-crise, c'est-à-dire à 2007. Cette année-là, PSA occupait pratiquement 13% du marché auto européen. Au temps de splendeur commerciale sur le Vieux continent, PSA frisait même les 15% (en 2003). PSA a donc perdu deux points de marché en six ans et quatre en dix !
En revanche, la pénétration du groupe Renault reste quasi-stable par rapport à 2007, mais perd deux points au total en dix ans! Toutefois, cette stabilité sur les dernières années cache un effritement des positions de la marque Renault elle-même, compensée par la croissance de sa marque à bas prix Dacia. Renault seul s'arroge désormais 6,5% seulement du gâteau, contre 7,5% en 2007 et 10,6% en 2003. En revanche, Dacia a grimpé ses six dernières années de 1,1% à… 2,4% du marché de l'Union.
Avantage PSA
Alliances et coopérations internationales
Deux stratégies se sont longtemps affrontées. Après l'échec de la reprise de l'américain AMC dans les années 80, puis du mariage avec le suédois Volvo, Renault a pris en 1999 le contrôle du japonais Nissan alors en crise. Il détient aujourd'hui 43,4% de son capital. Déjà propriétaire du du roumain Dacia et du coréen RSM (à 80%), Renault est en train de prendre le contrôle du russe Avtovaz. L'Alliance Renault-Nissan a en outre échangé, il y a trois ans et demi, des participations avec l'allemand Daimler (qui détient Mercedes). Renault en détient 1,55%. Dernièrement, l'Alliance Renault-Nissan a même noué une nouvelle alliance, non capitalistique à ce jour, avec un autre japonais, Mitsubishi Motors.
PSA a historiquement privilégié de son côté les coopérations techniques et ponctuelles sans alliance (avec Fiat, Renault, Toyota, BMW, Ford…), qui lui ont réussi pendant longtemps. Le président actuel du groupe, Philippe Varin, a voulu changer de tactique et négocier de vraies alliances. Las, il a échoué avec Mitsubishi Motors. Il a certes réussi à sceller fin février 2012 un mariage avec l'américain GM, qui a pris 7% du capital (sans réciprocité). Mais cette « grande alliance » n'a pas porté les fruits promis.
Devant son semi-échec, le constructeur est contraint de négocier actuellement un nouveau rapprochement, avec le consortium chinois Dongfeng cette fois, en vue d'une nouvelle et nécessaire augmentation de capital jusqu'à trois milliards d'euros. Cette opération verrait l'État français et Dongfeng prendre chacun une participation de l'ordre de 20-30% dans le constructeur, d'après l'agence Reuters.
L'Alliance Renault-Nissan, qui s'est révélée l'un des très rares mariages réussis dans le monde de l'automobile, a fait ses preuves et elle est parvenue en plus à nouer autour d'elle de nouveaux rapprochements fructueux. Rien à voir avec la situation actuelle de PSA.
Avantage Renault
Les voitures à bas coûts
Renault a lancé en 2004 sa première Dacia Logan à bas coûts essentiellement destinée aux pays émergents. PSA a attendu en revanche la fin 2012 avec ses Peugeot 301 et Citroën C-Elysée, dont il affirme qu'elles ne sont pas concurrentes d'une Logan. Renault compte produire, sous sa marque ou sous le label roumain Dacia suivant les marchés, plus d'un million de véhicules de sa gamme « Entry » cette année en Roumanie, au Maroc, en Inde, au Brésil, en Colombie…
Plusieurs modèles sont offerts selon les pays : Logan I et II en berline et break sans parler du pick-up, dérivé cinq portes Sandero I et II, 4x4 Duster, fourgonnette et sa version « ludospace » Dokker, monospace Lodgy. Et Renault va effectuer une nouvelle avancée en présentant au prochain salon de New Delhi, en février prochain, une voiture à très bas coûts dans le cadre de son alliance avec Nissan, encore moins chère qu'une Logan, autour de 5.000 euros!
Chez PSA, il n'y a qu'une berline pour chaque marque. La production des Peugeot 301 et Citroën C-Elysée est assurée à Vigo en Espagne pour les marchés méditerranéens et d'Europe de l'est, à Wuhan, en Chine, pour le marché local. 60.000 ventes ont été réalisées au premier semestre selon PSA, avec une prévision de plus de 100.000 sur l'année. Soit 10% des volumes annuels prévus par Renault.
Plus de cinq millions de véhicules ont été produits au cumul par le groupe au losange sur la base Logan. De quoi réaliser de sacrées économies d'échelle… La standardisation, la simplification, sont aussi poussées à l'extrême chez Renault, avec des coûts de fabrication nettement inférieurs à ceux de PSA. Résultat : on évoque des marges nettement supérieures à 10% pour le 4x4 Duster du groupe Renault. "Les marges sont quasi-nulles. Ce n'est pas sûr qu'on puisse gagner un jour de l''argent", nous expliquait en revanche récemment une source interne chez PSA, concernant les modèles du groupe à bas prix pour pays émergents.
Avantage Renault
Attractivité des modèles (hors gammes à bas coûts)
On entre dans un domaine plus subjectif : celui de l'attractivité des modèles. Si Renault réalise aujourd'hui des modèles réputés généralement fiables, ses produits les plus anciens (Mégane compacte, Laguna familiale, Latitude de haut de gamme, 4x4 Koleos) sont souvent perçus dans les enquêtes auprès des consommateurs comme ternes, tristes, sans charme, malgré leurs qualités routières et leurs bons diesels. En attendant la prometteuse Twingo III, les deniers modèles Clio IV et Captur sont mieux jugés, mais critiqués par les experts automobiles pour leur qualité perçue comme médiocre où les réductions de coûts sont clairement perceptibles.
PSA a su en revanche lancer récemment des véhicules attractifs du point de vue esthétique comme du plaisir de conduite:Peugeot 2008, 308, 508, dernier monospace Citroën C4 Picasso et prochain C-Cactus, sans parler de la ligne DS chez Citroën, toutefois controversée. La Peugeot 208 souffre, elle, des même défauts de finition que sa rivale, la Clio IV.
Faiblesse de Renault: si ses modèles à bas coûts lui servent de fer de lance à l'international, ses autres gammes sont quasi-réservées à l'Europe. Les Clio IV, Mégane, monospace Scénic, familiale Laguna, sont pratiquement inconnus hors du Vieux continent. Seule la berline classique à quatre portes Fluence, dérivée de la Mégane, est (un peu) plus diffusée, en particulier en Corée où elle est produite sous le nom de SM3.
Cela ne rehausse pas l'image de Renault, dont les Dacia sont diffusées sous sa propre marque hors d'Europe et de la Méditerranée. Ce phénomène vient encore ternir l'image traditionnellement bas de gamme de Renault dans le monde, à quelques exceptions près (Corée, Chine...). Coté 'image, Peugeot et Citroën s'en sortent beaucoup mieux.
Avantage PSA
Rentabilité des opérations
Renault a subi une chute vertigineuse, au premier semestre 2013, de son bénéfice net à 39 millions d'euros, près de 20 fois inférieur aux 746 millions dégagés au premier semestre 2012. En cause : les lourdes charges liées selon la firme à l'arrêt de ses activités en Iran et à sa restructuration en France. Sans l'apport de Nissan, Renault serait même dans le rouge. Le constructeur automobile a affiché cependant un résultat opérationnel de 583 millions, soit 2,9% du volume d'affaires. Dans les seules activités automobiles, il arbore un bénéfice de 211 millions, soit 1,1% du chiffre d'affaires.
Chez PSA, après des pertes historiques en 2012, le déficit net s'est monté au premier semestre 2013 à 426 millions. Le résultat opérationnel courant s'est traduit par une perte de 65 millions, soit -0,2% du volume d'affaires. Dans l'activité automobile, le déficit atteint 510 millions, soit une marge négative de 2,7%.
Renault s'est engagé à dégager sur l'année 2013 une marge dans l'automobile positive et un flux de trésorerie opérationnel également positif. PSA, qui a un cruel besoin d'argent frais d'où sa nécessaire augmentation de capital à court terme, n'a promis pour sa part que de diviser par deux cette année son flux de trésorerie opérationnel. Il devrait donc brûler encore 1,5 milliard d'euros en 2013. Et Philippe Varin ne confirme plus son engagement précédent d'un retour à l'équilibre fin 2014 !
Avantage Renault
Votre "analyse" me paraît découler d'une méconnaissance profonde de la situation. Je précise tout d’abord que mon analyse peut apparaître comme partiale, vu que je suis un ancien cadre chez Renault…
Dans les faits, Nissan n’est qu’une filiale de Renault. Nous aurions pu prendre plus de 50% de Nissan – et nous le pouvons toujours. Mais stratégiquement, ça aurait été un mauvais coup. Le marché japonais (évidemment crucial pour Nissan) est très fermé : il est quasiment impossible pour une marque étrangère de s’y imposer. Autrement dit : Nissan officiellement japonais peut marcher au Japon ; mais pour Nissan pur élément d’un groupe français, ce serait beaucoup plus difficile… Même les salariés de Nissan, traditionnellement attachés à leur société PARCE QU’ELLE EST JAPONAISE, auraient mal vécu un passage officiel sous le joug français… Il y a aussi d’autres raisons : ne pas oublier que l’Etat français, à l’origine d’initiatives contestables (au nom de l’emploi, etc.), possède 15% de Renault : il était préférable de laisser Nissan à l’abri de ses oukases…
Comparer les ventes de Renault à celles de Nissan n’a ABSOLUMENT aucun sens : Renault, stratégiquement, a laissé certains marchés à Nissan… Des Duster sont vendus sous l’étendard Nissan dans certains pays, etc.
Bilan de la situation : Renault-Nissan vend 8 millions de véhicules. Renault est très prospère (le dernier semestre a juste été plombé par le coût du retrait du marché iranien + la faillite de Better Place). Et surtout, les derniers mouvements permettent d’envisager une évolution rapide vers les 12-13 millions de véhicules : réouverture du marché iranien, attaque massive sur le marché indien (construction de l’usine gérante de Chennai), construction d’une usine au Mexique (permettant d’envahir l’Amérique du Nord comme l’Amérique du Sud), augmentation de la production au Maghreb (grâce à l’usine en construction en Algérie), arrivée sur le marché chinois (la bonne nouvelle de ce matin…), lourde offensive de Nissan sur le marché indonésien (avec Datsun), montée en puissance sur le marché russe (déjà largement contrôlé)… Bref, sur tous les grands marchés émergents (ceux sur lesquels il y a de la croissance à faire), Renault-Nissan est en position de force !
PSA est en grave difficulté, prêt à passer sous pavillon chinois, et Renault est désormais le maillon faible de l Alliance avec Nissan.
Il faut sauver PSA, empêcher un rachat chinois qui serait évidemment une catastrophe, et renforcer Renault avant qu il ne périclite.
Pourquoi ne pas faire monter davantage l État au capital de PSA via le FSI et obliger au rapprochement avec Renault par prises de participations croisées ?
C’est bien beau de vouloir créer 34 nouvelles filières industrielles mais il faut d abord réussir à conserver française la première filière industrielle du pays ...
on ne fait pas un bien portant en groupant des malades ...
Renault ne gagne pas d'argent, et n'a pas de cash pour acheter ...
De surcroît Renault Peugeot n'ont que des doublons des bagnoles identiques et sont incapables de produire intérieurs luxueux, des moteurs et des boites de vitesse pour le Premium.
Résultat, un regroupement ferait disparaître les 2 groupes.
De 2008 à 2012, Renault est la 5ième entreprise du CAC40 la plus imposée en proportion (ratio entre l’IS et les résultats avant impôt). En 2012 Renault a le taux d'imposition le plus élevé des entreprises du CAC40.
2008 et Captur se vendent bien partout dans le monde où ils sont diffusés. Même en Corée pour ce qui concerne le Captur.
'La réduction d'objectifs annuels chez Nissan, les retards auxquels sont exposés Avtovaz et la possible suppression d'incitations aux achats automobiles au Brésil (selon la presse) ajoutent à la prudence à court terme', estime le broker, pour qui 'l'exposition aux marchés émergents demeure une stratégie attractive, mais créant des risques à court terme'.
25/10/2013 à 10:06 (CercleFinance.com) - Sanford C. Bernstein maintient son opinion 'sous-performance' sur Renault avec un objectif de cours de 50 euros après la publication hier soir des chiffres trimestriels du constructeur français.
Le broker rappelle qu'il avait dégradé sa recommandation sur le titre en juillet dernier, sur fond d'inquiétudes quant à la détérioration de la situation dans les BRICS et à des effets de change défavorables.
Dans ta logique de dénigrement de Renault tu as oublié la moitié de la recommandation d'UBS, je complète donc: "Sur le plan positif, UBS souligne que les chiffres du troisième trimestre confirment une amélioration dans les volumes en Europe, ce qui représente à ce stade le moteur le plus significatif pour une progression des résultats, selon lui.
'Nous restons confiants dans le fait que les activités de Renault continueront de s'améliorer, avec un renouvellement étendu de sa gamme à bas coûts et de ses produits-phares (Clio, Captur, suivis de Twingo à la mi-2014'), juge aussi le courtier. " Copyright (c) 2013 CercleFinance.com.
Sur le plan positif, UBS souligne que les chiffres du troisième trimestre confirment une amélioration dans les volumes en Europe, ce qui représente à ce stade le moteur le plus significatif pour une progression des résultats, selon lui.
'Nous restons confiants dans le fait que les activités de Renault continueront de s'améliorer, avec un renouvellement étendu de sa gamme à bas coûts et de ses produits-phares (Clio, Captur, suivis de Twingo à la mi-2014'), juge aussi le courtier.
Les annonces de la communication de Renault a été dithyrambique, des promesses auxquelles il n'est pas possible de croire, tant le low cost plombe le groupe ...
Mercredi 4 décembre 2013 le cours Renault est à 61,48 à 18h29
La chute en bourse s'établit à 5,47 %.
Nous sommes déjà à la phase de la signature d'un protocole d'accord avec Renault. C'est pour vous dire que nous sommes très près de la concrétisation du projet,première usine de montage de bus en Ethiopie a scellé une joint venture avec TRC City, firme basée en RD Congo afin d’y installer une usine de montage de bus de marques Renault.
les marges de 10% que vous évoquez n'ont jamais été prouvées et encore moins prouvables parce que plus Renault vends de Dacia Samsung et plus Renault perd d'argent ...
alors que Renault dégageait des profits avant le lancement de Dacia.
Faut pas prendre les français pour des buses !
C'est un fait que les Daciarenault ont une image très bas de gamme, l'image low low, exactement l'image qu'ont construit les dirigeants de Renault, qui ont tout tiré vers le bas du bas de gamme.
Il faut dire que les dirigeants de Renault font tout pour détruire l'image de Renault et tout tirer vers le bas, jusqu'à badger une Dacia dangereuse au crash test avec le logo Renault.
Dans le contexte actuelle peu de marques généralistes ont atteinte de telles performances.
Vendre plus pour perdre plus, cela ne fait un succès, mais constitue la résultante d'une stratégie de l'échec industriel.
Un peu de calme,personne ne sait ce que sera le marché automobile dans les années à venir. Exit les inultes et autres.
Renault,P.S.A.font des efforts et je suis beaucoup moins pessimiste que certains d'entre vous.
Ma voiture:MEGANE SCENIC de 1997 essence 90 000 km.
très fiable.Acheté 1000 € en 2011.
Les allemandes ne sont qu'une question de mode et ne sont
pas plus fiables que les françaises et surtout sont plus chères.
Mais les granças ont les moyens?
Bon courage.