Une tendance qui monte : louer sa voiture pour amortir les frais

Par Odile Esposito  |   |  712  mots
En quelques cliques, la location entre particuliers est une solution alternative pour louer une voiture. / DR
Toujours accrochés à leur sacro-sainte voiture, les Français ? Plus vraiment, si on considère la multiplication des sites de location de véhicules entre particuliers.

Ouicar, créé par Marion Carrette, est né en 2007, d'abord à l'intérieur de la plate-forme de location Zilok, puis de façon autonome. Il revendique aujourd'hui 10.000 voitures et 100.000 membres.

"Nous enregistrons une croissance de 30 % par mois, se félicite la dirigeante, et nous aimerions arriver à 25000 véhicules à la fin de l'année".

Même enthousiasme pour Paulin Dementhon qui a lancé sa plate-forme à la fin de 2010, d'abord sous le nom de Voiturelib avant de la rebaptiser Drivy. Il assure proposer plus de 11.000 voitures à la location, dont 2.200 en région parisienne, et son entreprise emploie déjà 17 personnes. "Notre croissance atteint 10 % par mois et notre objectif est de multiplier par 10 notre volume de locations dans les dix prochaines années".

Deways, pour sa part, lancé en janvier 2010 par deux étudiants de l'Essec, est né sur des campus universitaires avant de s'élargir à tout l'Hexagone. Il propose plusieurs milliers de voitures à la location, tout comme ses rivaux Buzzcar ou bien unevoiturealouer.com. Sans oublier un dernier arrivé sur ce marché, Carnomise, lancé voilà quelques mois seulement, en se spécialisant sur les aéroports aujourd'hui et sur certaines gares à l'avenir.

"Chez les acteurs traditionnels du secteur, une location sur cinq se fait dans les aéroports, explique Gui Bulaty, un ancien d'Avis qui a créé cette start-up. Mais ces aéroports sont un désert en termes d'autopartage".

Un potentiel énorme

Même si les chiffres sont difficiles à vérifier, ce type de location prend incontestablement de l'ampleur. "Il y a déjà 33.000 véhicules de particuliers qui sont proposés en France", a calculé Gui Bulaty, en faisant son étude de marché. Sur un parc automobile français de quelque 31 millions de voitures particulières, la proportion peut sembler très mince.

Mais "la progression est de 120 % par an", ajoute Gui Bulaty. "Le potentiel est énorme, car l'automobile représente un poids important dans le budget d'un ménage, s'enthousiasme Paulin Dementhon. La location permet de couvrir une partie de ces coûts".

Le loueur 2.0

À l'exception de Carnomise, tous ces sites fonctionnent peu ou prou sur le même modèle. Loueurs et candidats à la location s'inscrivent sur la plate-forme qui prélève généralement 30% du montant de la transaction.

« Le tarif est fixé par le propriétaire du véhicule, mais on le conseille et on le modère, indique Paulin Dementhon. Le paiement se fait sur le site. La commission que nous prélevons sert pour une bonne moitié à payer l'assurance du véhicule que nous proposons. La négociation de cette assurance nous a pris quasiment un an. Les assureurs ont besoin de statistiques qui n'existaient pas pour cette activité et ils m'opposaient donc tous des refus. Mais finalement, j'ai trouvé quelqu'un qui a cru à ce projet, chez Covea".

Pour se démarquer de cette concurrence, Gui Bulaty a choisi un modèle assez différent en conservant les services apportés par une agence physique de location.

"Au moment du retour du véhicule, il est très fastidieux de faire l'état des lieux, explique-t-il. Et comme cette flotte de véhicules ne nous appartient pas, contrairement à celle d'un loueur traditionnel, il faut être beaucoup plus attentif. Nous utilisons donc la photo pour cet état des lieux".

Concrètement, Carnomise a noué des partenariats avec des parkings à bas prix situés en périphérie des aéroports (Orly et Beauvais pour le moment). L'automobiliste qui part en voyage et souhaite proposer sa voiture en location pendant son absence s'inscrit sur le site puis se présente au parking. Une navette le conduira ensuite à l'aéroport.

Le candidat à la location se présente à l'agence de l'aéroport puis rejoint le parking avec la navette. Dans ce modèle, les frais de Carnomise, incluant l'assurance et les services de l'agence, sont plus élevés. Le site empoche donc 50 % du montant de la transaction, mais le propriétaire s'évite des frais de parking élevés. Dans ce marché en plein essor, la concurrence fait rage. Un conseil à ceux qui voudraient se lancer ?

"Nous sommes à la fois une boîte Web et un loueur de voitures, analyse Paulin Dementhon. Il faut connaître à la fois les spécificités du Web et le métier de l'activité classique concurrente".