Toyota remplace les robots par... des hommes

Toyota expérimente dans l'une de ses usines au Japon le remplacement de certaines machines par des hommes, pour gagner en efficience et en qualité. L'expérience semble concluante.
En remplaçant ses robots par des êtres humains sur 100 postes de travail, Toyota a réduit ses gaspillages de 10% dans la production de vilebrequins. (Photo : Reuters)

Voilà de quoi faire sourire Charlie Chaplin, le célèbre auteur et acteur du film Les Temps Modernes. Le numéro un mondial de l'automobile, Toyota, a décidé d'inverser le sens du progrès en se passant en partie des machines pour les remplacer par... des hommes. C'est ce que raconte l'agence Bloomberg sous un titre évocateur : "Les Dieux sont de retour chez Toyota, des Humains volent leurs emplois à des robots".

"On ne peut simplement dépendre des machines"

La méthode peut surprendre. Car le secteur automobile est au contraire particulièrement connu pour sa rapide automatisation durant les Trente Glorieuses et par la suite. Durant cette période, bon nombre d'emplois ont été détruits au nom du progrès. Le Japon, où a actuellement lieu l'expérience Toyota, est même particulièrement réputé pour ses robots industriels : c'est le deuxième pays le plus robotisé derrière la Corée-du-Sud. Mais pour le chef du projet, Mitsuru Kawai, la marche s'inverse : désormais, l'avenir, ce sont les hommes.

"On ne peut pas simplement dépendre des machines qui répètent inlassablement les mêmes gestes, encore et encore", justifiait l'homme à Bloomberg. "Pour être le maître de la machine, vous devez avoir la connaissance et les compétences pour apprendre à la machine".

Toyotisme revisité

Derrière cette explication philosophique, s'en cache en réalité une autre. On ne devient en effet pas numéro un mondial de l'automobile, surtout en période de crise de la demande, sans un certain sens de l'économie. Sens de l'économie qui caractérise le géant japonais, fondateur à lui tout seul d'un mode de production à flux tendus : le Toyotisme.

Aujourd'hui, l'idée des dirigeants de la firme japonaise est double. Tout d'abord, s'assurer que les travailleurs comprennent vraiment la tâche qu'ils sont en train d'accomplir plutôt que de nourrir la machine, à la manière des ouvriers dans le cinéma muet des années 1920, et n'être d'aucune utilité lorsqu'elle se brise ou s'emballe. Ensuite, ils veulent leur redonner l'initiative individuelle afin que le processus de production puisse sans cesse être amélioré. Un retour aux vieilles antiennes du Toyotisme, selon Mitsuru Kawai.

Expérience concluante

En fait, plutôt que d'avoir une horde de travailleurs moyens, les robots, Toyota veut voir émerger des talents parmi les hommes. Et cela porte ses fruits. Jusque là, le remplacement de robots par des êtres humains à cent postes de travail a permis de réduire les gaspillages de 10% dans la production de vilebrequins et de raccourcir la chaîne de montage. Les coûts ont même été réduits dans la fabrication des châssis, et la production des arbres de direction a été améliorée.

Ce qui confirmerait la thèse du professeur de l'Université George Mason de Washington D.C., Tyler Cowen, qui explique dans un ouvrage intitulé "Le moyen est mort", que les emplois et les profits à venir bénéficieront à ceux qui peuvent travailler et améliorer les machines.

C'est en tout cas un pari audacieux que fait là Toyota, numéro un mondiale certes, mais talonné par le groupe allemand Wolksvagen. Le constructeur japonais a par ailleurs annoncé il y a peu une augmentation des salaires de ses employés afin de soutenir la demande intérieure japonaise. A croire que le numéro un mondial du secteur se veut le spécialiste de démarches contre-intuitives.

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Commentaires 12
à écrit le 11/04/2014 à 1:20
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Autre lecture: un homme se licencie pas une machine de plusieurs millions d'euros... Le productivisme c'est bien à condition que la demande reste soutenue!

à écrit le 09/04/2014 à 22:26
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Acte généreux de Toyota, parce que le "lights-out manufacturing" existe depuis 2001 notamment chez FANUC, production robotisée dans le noir, pas besoin d'humains, les robots fabriquent des robots, les robots chargent et déchargent les machines. Etes ...

le 11/04/2014 à 10:49
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A coté de la plaque mon pote. Sur les chaines de Mazda il y a plus de gens que des robots. La Mazda Miata est la voiture la plus fiable du monde. Ce n'est que des hommes qui sont au contrôle qualité. Pas de voitures en attente pour reprise après mon...

le 13/04/2014 à 19:40
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C'est bien de travail à la chaine dont il s'agit, un remplacement de machine automatisé, par un humain robotisé. Tu ferais bien de te pencher toi aussi sur l'APICS (American Production and Inventory Control Society), tu risquerais de ne pas rajouter...

à écrit le 09/04/2014 à 14:57
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Volkswagen...

à écrit le 09/04/2014 à 11:16
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interressant mais la realitée est cachée dans les détails , les besoins en électricité des machines est astronomique depuis l'incident de fukishima , le japon doit faire tourner des centrales aux énergies fossiles et cela pèse lourd sur les sociétés ...

à écrit le 09/04/2014 à 10:14
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Des voitures essence qui tendent vers les pannes zéro sur plus de 100000 km. C'est mieux les hommes derrière.

à écrit le 09/04/2014 à 1:10
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Volkswagen...

à écrit le 08/04/2014 à 22:39
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WV est mort

à écrit le 08/04/2014 à 20:35
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Ils n'ont pas décidé d'augmenter les salaires...le GOUVERNEMENT japonais à obligé les entreprises japonaises en les menaçant à augmenter les salaires!

à écrit le 08/04/2014 à 11:41
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Wolksvagen => Vous etes serieux là?

à écrit le 08/04/2014 à 11:41
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Wolksvagen => Vous etes serieux là?

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