Immatriculations : Covid, semi-conducteurs... les ventes automobiles ne repartent pas comme attendu (-15%)

Par latribune.fr  |   |  790  mots
(Crédits : Reuters)
Selon des chiffres provisoires diffusés mercredi matin par la Plateforme automobile (PFA) représentant les constructeurs français, près de 88.000 véhicules particuliers neufs ont été mis sur les routes au mois d'août 2021, ce qui représente une baisse de plus de 15% comparé à août 2020. L'année 2021, avec "peut-être 1,8 million de véhicules" sera certes meilleure que la catastrophique année 2020 (1,65 million de véhicules) mais loin des niveaux pré-pandémie (2,2 millions d'immatriculations en 2019).

Si l'on regarde la performance du marché automobile français sur le seul mois d'août 2021 comparée au mois d'août 2020, la baisse des immatriculations atteint -15,4%, selon des chiffres provisoires diffusés mercredi matin par la Plateforme automobile (PFA) représentant les constructeurs français. Dans le détail, 88.066 voitures particulières neuves ont été mis en circulation sur ce mois d'août 2021 qui vient de s'achever, contre 103.631 sur le seul mois d'août 2020.

En revanche, si l'on compare la performance de ce marché d'une année sur l'autre pendant les huit premiers mois de l'année, de janvier à août, on note une amélioration: sur cette période en 2021, 1.126.544 véhicules particuliers neufs ont été mis sur les routes, contre 998.409 en 2020 entre janvier et août, soit une progression de +12,83%. Un chiffre élevé car les ventes de véhicules en 2020 ont particulièrement souffert du premier confinement décidé face au Covid-19 et qui avait mis à l'arrêt les usines comme les concessions automobiles.

Pour autant, explique à l'AFP François Roudier, responsable de la communication de la PFA, la situation n'est pas bonne:

Au deuxième semestre, "le marché n'a pas du tout l'air de se relever par rapport à ce qu'on pouvait penser."

Pénurie de semi-conducteurs

Parmi les raisons de ce marasme, François Roudier a cité "le problème des livraisons par manque de composants", allusion à la pénurie de semi-conducteurs qui affecte les usines du monde entier, paralysant la production de véhicules.

Ainsi, le jeudi 20 août dernier, le géant japonais Toyota a prévenu qu'il réduirait en septembre sa production mondiale de 40% par rapport aux prévisions. Dans son usine française d'Onnaing (Nord), la reprise de la production a été retardée du 23 août au 6 septembre. L'usine d'Onnaing, qui produit la Yaris, compte "5.000 collaborateurs, dont 90% affectés à des activités de production. Environ 4.500 personnes seront donc placées sous le régime de l'activité partielle", avec "84% du salaire net" maintenus, a-t-il détaillé. Un porte-parole du site a expliqué la situation à l'AFP :

"Certains producteurs de semi-conducteurs basés en Asie sont confrontés à la crise sanitaire, contraints de stopper leur production (...) et mettent en difficulté nos fournisseurs européens, qui ont besoin de ces fameux composants pour nous ravitailler. Aujourd'hui malheureusement, les quantités sont insuffisantes pour nous permettre de produire normalement."

Stellantis (né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler) a également annoncé l'arrêt de la production de son usine de Rennes-La Janais (Ille-et-Vilaine) à partir du vendredi 20 août au soir pour une semaine. L'usine PSA La Janais, qui emploie quelque 2.000 personnes, produit habituellement 400 véhicules par jour, des Citroën C5 Aircross et Peugeot 5008. Comme cause de cette mise à l'arrêt, la direction cite un problème d'approvisionnement venant d'une usine de Malaisie, fermée à cause du Covid-19. La direction de Stellantis dit ne pas être certaine que la production pourra reprendre à l'issue de cette semaine d'arrêt, indiquant avoir "pris rendez-vous" avec les salariés le 27 août "pour la reprise ou pas (de l'activité) la semaine d'après". Dans l'immédiat, les salariés vont être placés en activité partielle.

Pour mémoire, la production de La Janais a déjà été stoppée à plusieurs reprises depuis le début 2021 à cause de la crise des semi-conducteurs, en mars, en avril et à nouveau entre fin mai et début juin.

Les impasses de la gestion de la pénurie

Cette crise ne touche pas que la France : tous les constructeurs européens en pâtissent. En juin dernier, Murat Akse, le directeur des achats de Volkswagen, n'a pas caché son pessimisme. Dans un entretien au quotidien économique Handelsblat, il a estimé que ces défauts d'approvisionnement en puces pourraient s'étirer jusqu'à deux ans.

François Roudier, responsable de la communication de la PFA, souligne une autre piste pour expliquer cette mauvaise performance :

En France, "les voitures qui font beaucoup de volumes sont plutôt les petites voitures d'entrée de gamme, et ce ne sont pas celles qui sont privilégiées par les constructeurs quand ils ont des composants, ils préfèrent les mettre sur les plus gros véhicules", plus rentables, selon lui.

L'objectif de 1,8 million de véhicules "peut être difficile à atteindre"

L'an dernier, les immatriculations de voitures neuves en France étaient tombées à 1,65 million, contre 2,2 millions en 2019, soit une chute de 25,5% à cause de la pandémie.

Sur l'année 2021, "on finira peut-être à 1,8 million de véhicules, mais ça peut être difficile à atteindre", a jugé M. Roudier: "On est sur un marché 2021 qui est à peu près au niveau de 2013-2014", période où les ventes d'automobiles étaient au creux de la vague.

(avec AFP)