Volkswagen contraint "d'ajuster" le temps de travail de 28.000 salariés

Par latribune.fr  |   |  528  mots
De nombreux ouvriers du constructeur automobile allemand, ici sur la ligne de production des Porsche Boxter en 2012, vont se retrouver au chômage partiel.
En conflit avec deux fournisseurs, mécontents de la dénonciation de deux contrats sans préavis, le constructeur automobile a mis en place depuis jeudi des mesures de réduction du temps de travail allant jusqu'au chômage partiel. Une décision qui fait débat outre-Rhin.

Volkswagen hausse le ton. Le constructeur, confronté à un arrêt de la livraison de deux sous-traitants appartenant au groupe Prevent, a mis en place depuis le 18 août des "mesures d'ajustement (du temps de travail) allant jusqu'au chômage partiel", selon un communiqué publié lundi. Elles s'étalent de manière différente selon les sites, certaines se prolongeant jusqu'au 30 août.

Six usines allemandes sont concernées, dont le siège du constructeur à Wolfsburg (nord), où est fabriquée la Golf. Quelque 10.000 employés seront touchés dans cette usine historique du groupe, à compter de lundi et jusqu'à samedi. Les autres sites sont Emden (nord, environ 7.500 salariés), Zwickau (est, environ 6.000), Cassel (centre, environ 1.500), Salzgitter (nord, environ 1.400) et Brunswick (nord, environ 1.300). Près de 28.000 personnes, au total.

Dénonciation de contrats sans compensation

Le gouvernement allemand en a appelé lundi à "la responsabilité" des deux parties. "Il en va de milliers d'emplois", a souligné un porte-parole du ministère de l'Economie lors du point de presse régulier du gouvernement. Berlin "s'attend à ce que (les deux parties) trouvent une solution", a-t-il dit.

Dans les usines concernées, la production de modèles Golf et Passat ou de composants est affectée par l'arrêt de la livraison décidé début août par Car Trim, un fabricant de revêtements de sièges, et ES Automobilguss, un producteur de pièces essentiellement pour les boites de vitesse. Ces deux entreprises, détenues par le groupe Prevent, disent avoir pris cette mesure drastique en réponse à la dénonciation de plusieurs contrats commerciaux par Volkswagen, sans préavis et sans compensation.

Volkswagen a adressé le 12 août une injonction via les tribunaux aux deux fournisseurs pour qu'ils reprennent leurs livraisons. Mais ces derniers n'ont pas obtempéré et ont fait appel. Les deux parties ont eu des premières discussions samedi pour trouver une issue à ce conflit, qui devaient se poursuivre ce lundi.

Daimler aussi en conflit

Le constructeur "souhaite trouver une issue par la négociation", selon un porte-parole de Volkswagen dimanche, qui a toutefois précisé que le groupe pourrait être contraint de recourir à d'autres moyens - faire saisir certaines pièces pourrait ainsi être une option.

Volkswagen, affaibli par le coûteux scandale des moteurs diesel truqués, a récemment exigé de ses fournisseurs des concessions de plusieurs milliards d'euros sur les prix, selon la presse. Le quotidien économique allemand Handelsblatt citait vendredi un porte-parole de Prevent évoquant "les conditions inacceptables que VW impose à ses fournisseurs".

Prevent est lui-même une filiale d'un groupe bosniaque basé à Sarajevo, ASA. Suite à des informations de presse en ce sens, une porte-parole de Daimler a confirmé à l'AFP lundi que la maison mère de Mercedes était aussi engagée dans un conflit juridique avec Prevent, sans en préciser l'objet.

En Allemagne une discussion commençait à poindre sur la légitimité pour Volkswagen de recourir au chômage partiel, mécanisme où les pouvoirs publics subventionnent le différentiel de salaire des employés qui travaillent moins. Le procédé a été conçu pour des conditions économiques difficiles, par exemple pendant la crise économique de 2009.

(Avec AFP)