La Fnaim prévoit une baisse des prix de l'immobilier de 10% cette année

Par latribune.fr  |   |  767  mots
La fédération nationale de l'immobilier annonce une baisse des prix de 3,1% dans l'ancien en France en 2008 avec un recul plus marqué des maisons. De son côté, la Fédération française du bâtiment s'attend à un recul de son activité de 6% en 2009, l'impact du plan de relance de l'économie ne devant pas se faire sentir avant "six à huit mois".

Selon la Fnaim, le prix des logements anciens en France a reculé de 3,1% en 2008. Et le nombre de transactions pour les logements anciens a chuté d'au moins 15%, passant de 700.000 en 2007 à moins de 600.000 en 2008.  Après un cycle "exceptionnel" de hausse, "il fallait bien que cela s'arrête", a déclaré ce mardi René Pallincourt, président fédéral de la Fnaim.

Le marché, qui au final aura profité de huit ans de hausse, avait déjà commencé sa décrûe avec une croissance de 15,5% en 2004 (un record), puis de 10,9% en 2005, de 7,2% en 2006 et de 3,6% en 2007.

En 2008, la baisse des prix a plus affecté les maisons (- 4,9 %) que les appartements (-1,2 %), grâce à un marché plus dynamique dans les agglomérations. Du fait du renchérissement du coût des transports, les maisons, situées généralement dans les périphéries, auraient été boudées par les acheteurs. Autre explication, les prix actuels - toujours élevés au regard des capacités de financement des acheteurs - continuent de favoriser les petites surfaces, plus accessibles.

Mais l'annonce la plus spectaculaire de la Fnaim concerne l'année 2009. Dans le scénario qui a les faveurs du réseau d'agences (12.500 dans toute la France), le prix des logements anciens baisserait de 10% en 2009, de 5% en 2010, de 3% en 2011, pour revenir à un niveau stable en 2012. Cette projection table sur un retour de la croissance en 2010 et un maintien des taux à un « nouveau taux plancher historiquement bas ».

Les banques mises en cause

Avec la baisse des prix, la Fnaim mise sur la retour de la solvabilité des acheteurs. Pour cela, faudrait-il encore que les taux pratiqués par les banques baissent. Or la fédération accuse les banques de ne pas avoir répercuté les baisses des taux de la BCE, la banque centrale européenne ; cette dernière a baissé trois fois son taux de refinancement entre octobre et décembre 2008, le faisant passer de 4,25% à 2,5%. En France, le taux des crédits immobiliers se situe aujourd'hui à environ 5% à 15 ans.

« S'agissant des baisses effectives du coût du crédit, elles tardent à se faire, les établissements ayant pour plusieurs d'entre eux averti qu'ils seraient attentifs à la sauvegarde de leurs marges », insiste la Fnaim. Le marché a également « besoin d'un tempérament des exigences liées à l'apport personnel ou au raccourcissement tendanciel des durées de prêt », a déclaré la Fnaim. Selon la fédération, la production de crédit immobilier aux ménages est passée de 150 milliards en 2007 en 2008 par rapport à 2007.

Le contexte économique morose et la cherté du crédit entraînent ainsi « l'attentisme tous azimuts » des ménages, regrette la Fnaim. Pour relancer le marché, elle demande à ce que le système de prêt à taux zéro (PTZ) contenu dans le plan français de relance de l'économie pour l'achat d'un bien immobilier neuf soit étendu à l'ancien.

Par ailleurs, le report des projets d'accession « entraîne un renforcement de la demande locative ». Ainsi, les loyers ont connu une progression de 2,6% en 2008 contre une progression de seulement 0,9% en 2007. Certains ménages, face au recul des prix, ont vendu avant que la baisse ne s'accélère et louent, attendant pour refaire un achat que les prix reculent encore davantage.

Le secteur du bâtiment dans l'expectative

Le secteur du bâtiment devrait pâtir de la crise de l'immobilier. La Fédération française du bâtiment a annoncé un recul de l'activité de son secteur de 1% en 2008 car l'année 2008 sera « peu impactée » par la baisse des commandes intervenue à la mi-2008, et dont l'effet se fera sentir avec un temps de décalage, en 2009, a souligné Didier Rigoret, président de la FFB.

Pour 2009, la FFB anticipe en revanche une baisse de 6% de son activité. Cette prévision, élaborée avant l'annonce par le gouvernement du plan de relance de l'économie, implique la perte de 25.000 à 30.000 emplois sur un total de 1,2 million.

Didier Rigoret est resté ce mardi très prudent sur l'impact que pourrait avoir le plan de relance de l'économie sur ces prévisions. Le plan de relance est un « bon plan », qui « irrigue » l'ensemble des acteurs de la construction, a-t-il souligné, et dont les retombées seront peut-être visibles dans « six à huit mois ».

Mais pour l'heure, concernant le bâtiment, on a l'impression qu'il n'est « pas dans les tuyaux », a-t-il fait remarquer. Pour qu'il « joue complètement, il faut que la loi sur le logement de Christine Boutin soit votée ». L'examen de cette loi est prévu pour la fin du mois à l'Assemblée.