Le bilan du séisme monte à 33.000 morts : en Turquie, la colère gronde contre « les mafias du bâtiment »

Par latribune.fr  |   |  587  mots
Des milliers d'immeubles se sont effondrés sur eux-mêmes lors de la première secousse le 6 février sans laisser la moindre chance à leurs occupants saisis dans leur sommeil par la violente secousse (7.8) survenue à 4 heures du matin. La Turquie a adopté une série de normes et de régulations calquées sur celles de la Californie, terre de séismes, et régulièrement révisées, la plupart ne sont pas respectées. (Crédits : Reuters)
Le bilan du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie est monté dimanche à plus de 33.000 morts, 30.000 pour la seule Turquie. Et l'ONU s'attend au double de ce chiffre. Face à la colère qui gronde dans le pays contre les mafias du bâtiment, relayée par la presse et les réseaux sociaux, les autorités turques ont réagi avec promptitude et les arrestations et mandats d'arrêt pleuvent. Les mauvaises pratiques de construction sont dénoncées de longue date, mais promoteurs et entrepreneurs véreux ont jusqu'ici toujours bénéficié de la clémence des autorités.

D'après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre, de magnitude 7,8, a fait au moins 33.179 morts: 29.605 en Turquie et 3.574  en Syrie. Selon l'ONU, le bilan pourrait encore "doubler".

En Turquie, qui comptabilise à elle seule, 30.000 morts, la colère gronde dans le pays contre les mafias du bâtiment, relayée par la presse et les réseaux sociaux. Les autorités turques réagissent avec promptitude et les arrestations et mandats d'arrêt contre les promoteurs pleuvent.

Des immeubles qui se sont affaissés d'un coup

Mehmet Yasar Coskun était le maître d'ouvrage de la résidence "Rönesans" (Renaissance), construite à Antakya, dans le sud de la Turquie, il y a 10 ans: le 6 février, l'immeuble de huit étages et 250 appartements avec piscine, qui abritait notamment le footballeur ghanéen Christian Atsu, a basculé sur le flanc et sur ses habitants.

Il est l'un des milliers d'immeubles en Turquie qui se sont affaissés sur eux-mêmes, sans laisser la moindre chance à leurs occupants saisis dans leur sommeil par la violente secousse (7.8) survenue à 4 heures du matin.

Dimanche, sept jours après la catastrophe qui a fait près de 30.000 morts rien qu'en Turquie, trois personnes ont été écrouées, sept interpellées dont deux autres promoteurs qui tentaient de s'échapper en Géorgie, et 114 sont toujours recherchées, a annoncé le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag. Au total, 134 enquêtes ont été lancées.

Des mauvaises pratiques dénoncées de longue date

Le sort de la résidence Renaissance est devenu emblématique de ces mauvaises pratiques dénoncées de longue date dans le pays, mais elle est loin d'être la seule

Ainsi l'hôtel Isias, à Adiyaman, où 35 membres de l'équipe de volleyball de 12-15 ans de la république séparatiste de Chypre Nord et leur encadrement ont péri: des témoins ont affirmé à la chaine de télévision NTV que l'hôtel avait été fermé en raison "d'irrégularités" dans la construction, avant de voir les scellés brisés et de rouvrir.

La réaction du gouvernement, confronté à ce que le président Recep Tayyip Erdogan - en campagne électorale si les élections du 14 mai sont maintenues - a qualifié de "pire catastrophe de tous les temps" pour la Turquie, est sans précédent.

Clémence envers les promoteurs et entrepreneurs véreux

Jusqu'alors, les promoteurs et entrepreneurs véreux semblaient avoir de beaux jours devant eux malgré les alertes répétées d'ingénieurs et architectes reconnus.

Après le violent tremblement de terre de 1999, qui avait fait 17.000 morts dans le nord-ouest de la Turquie, autour de Kocaeli, il avait fallu six mois avant la première arrestation.

Par la suite, plus de 2.000 procédures ont été ouvertes contre les promoteurs des bâtiments effondrés mais aucune peine prononcée pour 1.800 d'entre eux en raison d'une amnistie générale décrétée en décembre 2000 par le gouvernement.

Finalement, la plupart des responsables avaient pu bénéficier d'une prescription en 2007.

De nouvelles normes adoptées mais la plupart ignorées par les bâtisseurs

La Turquie a adopté une série de normes et de régulations calquées sur celles de la Californie, terre de séismes, et régulièrement révisées - la dernière fois en 2018.

Mais selon les ingénieurs et architectes interrogés cette semaine par l'AFP, la plupart sont ignorées par les bâtisseurs.

(avec AFP)