Changer le logiciel de la culture managériale

Par Erick Haehnsen  |   |  506  mots
Le marketing et le commercial ne suffisent pas à remporter la bataille de la transformation des entreprises industrielles. C'est leur mentalité et leur culture qui doivent évoluer.

Pour doubler ou tripler son chiffre d'affaires et conquérir des parts de marché à l'international, il ne suffit pas d'augmenter le volume de ventes. C'est tout le « logiciel » des dirigeants, de leurs équipes, voire de toute l'entreprise qu'il faut changer. Comme lorsqu'on passe du séquentiel masculin au multitâche temps réel féminin, du chacun pour-soi au collectif visionnaire, de la technique au commercial. Pas si simple.

Première ouverture d'esprit à développer : le changement de perception de l'univers de produits liés à des services et des communautés d'utilisateurs. Par exemple, une machine-outil n'est plus un simple outil robotisé, mais une entité connectée au système d'information du fabricant qui en assure la maintenance à distance. « Surtout, le fabricant opère désormais dans un écosystème transversal où s'organise une communauté d'utilisateurs répartis dans le monde entier qui discutent entre eux des performances de la machine, de l'entretien des améliorations à apporter, explique Philippe Darmayan, président de l'Alliance industrie du futur. L'utilisateur n'est plus un client du fabricant, mais un membre de la communauté qui participe à l'évolution de la machine. » Sur ce terrain, tout change pour le dirigeant : la perception de l'environnement technologique, le modèle marketing qui devient communautaire ainsi que l'organisation devant intégrer des community managers dans le service après-vente.

Vers une prise de recul stratégique

L'autre axe d'évolution est encore plus difficile à atteindre. Il s'agit de passer de l'excellence opérationnelle, celle qui a bâti ces vingt dernières années la croissance des entreprises sur les référentiels d'assurance de la qualité (ISO 9001), de sécurité environnementale (ISO 14001) et de sécurité et santé au travail (OHSAS 18001) à une gestion intégrée débouchant sur des théories managériales avancées comme la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

« Le nouveau logiciel du patron correspond une prise de recul stratégique. Pour rehausser l'ambition des entreprises et atteindre 100 % de leur potentiel de croissance, les aspects d'organisation, de management, de leadership et de RSE sont la structure verticale de notre programme d'accélération, développe Fanny Letier, chargée du programme de développement des accélérateurs de Bpifrance. Nous nous inspirons notamment de concepts comme la qualité de vie au travail, le management par la bienveillance et la confiance à tous les niveaux de l'entreprise. » Ce n'est pas encore l'entreprise libérée, mais cela avance.

« Je vois un fort intérêt des jeunes pour les organisations plus libérées où ils peuvent travailler sur des projets plutôt que dans des structures. Les entreprises sont en train d'évoluer dans ce sens, constate Elizabeth Ducottet, présidente du groupe Thuasne. Bien sûr, il faudra faire le grand saut de la RSE. J'y crois et j'y travaille. »

Transparence, éthique, partage équitable de la valeur ajoutée... pour accélérer leur développement et s'imposer à l'international, les entreprises auront besoin de mobiliser leurs ressources dans une direction dont le sens est partagé par tous.