La petite querelle de chiffres autour du coût des médicaments

Les labos récusent les accusations de hausse des dépenses. Pourtant, les traitements chers sont en augmentation et le système de remboursement demeure opaque.
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Pris dans la tourmente du Mediator, les labos ne désarment pas. Plus d'un mois après le rapport de la Cour des comptes qui dénonçait « des dépenses de médicaments structurellement élevées », et alors que la prochain Comité stratégique de produits de santé (CSIS) doit se tenir en janvier, le Leem, le syndicat du secteur, organise la riposte. Selon une étude commandée au Bipe, la politique du médicament (baisse de prix et génériques pour l'essentiel) a généré 3,4 % d'économies sur les dépenses remboursables entre 2005 et 2009, soit environ 800 millions d'euros par an. « Autrement dit, sans régulation du marché, celui-ci progresserait de 5 % à 6 % au lieu des 1,7 % enregistrés en 2009 », résume Philippe Bertin, du Bipe. « Les dépenses de médicament sont maîtrisées ! », en conclut Christian Lajoux, le président du Leem, qui jure par ailleurs que « les Français ne sont pas les plus grands consommateurs de médicaments d'Europe ». Et d'expliquer qu'en raisonnant par « unité standard de médicament » (une gélule, une injection...), l'Hexagone se classe « seulement » en deuxième position européenne derrière le Royaume-Uni (382 unités contre 456).

« Il y a deux problèmes : l'étude de la Cnam utilisée par le Leem ne porte que sur un tiers des volumes consommés en France. De plus, le Leem répond en volume quand la Cour des comptes se prononçait sur la valeur des dépenses », pointe un consultant parisien spécialiste du secteur. De fait, dans leur rapport de septembre 2001, les Sages raisonnaient en part du PIB, arguant que la dépense y est 78 % plus élevée dans l'Hexagone qu'outre-Manche.

Produit s innovants et chers

Querelle d'apothicaire ? En fait - et bien malgré eux ! - industriels et Cour des comptes se rejoignent sur un point : la plus forte proportion de traitements onéreux explique en bonne partie la hausse de l'addition. Certes, le vocabulaire change : le Bipe souligne la place prise par les traitements « innovants », plus chers, qui viennent en second pour expliquer la hausse des dépenses (+ 2 points). La Cour des comptes, elle, mentionne « l'apparition de produits nouveaux et chers et la propension des prescripteurs à privilégier ces produits ». La commercialisation d'anticancéreux à plusieurs centaines de milliers d'euros par an alourdit davantage la facture de la Sécurité sociale que le déremboursement de produits matures comme les antidouleurs ou les veinotoniques. « L'offre créé la demande » confirme un bon connaisseur du secteur.

Surtout, ces décomptes n'annulent pas l'un des principaux griefs de la Cour des comptes : l'opacité du système de fixation des prix et des taux de remboursements. Les Sages dénonçaient notamment l'absence de corrélation entre l'obtention d'un service médical rendu (SMR) « insuffisant » et le déremboursement d'un médicament. Les labos préfèrent souligner qu'« au-delà d'un certain montant d'économies demandé au secteur, la France perdra en investissements industriels ce qu'elle gagne en économies pour la Sécu ». À la question de l'équilibre entre ces deux volets, aucune partie n'a encore avancé de réponse.

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Commentaires 2
à écrit le 24/10/2011 à 18:21
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on a que les politiciens que l'on mérite !!!

à écrit le 24/10/2011 à 7:47
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Pas de hauteur de vue=pas de solutions durables: A quel niveau veut-on assurer la prise en charge de la santé en france? Pour la bobologie?les maladies chroniques et lesquelles?la chirurgie?toutes les "maladies" qui résultent d'un problème psychologi...

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