Merck : les "dérapages inacceptables" dénoncés par un homme de l’intérieur

Un ancien cadre du laboratoire Merck raconte dans un livre publié mercredi les coulisses détaillées de l’industrie pharmaceutique.
Laszlo Perelstein
Les accidents médicamenteux tuent au moins 18.000 personnes par an, explique Bernard Dalbergue, ancien de chez Merck. (Photo : Reuters)
Les accidents médicamenteux tuent au moins 18.000 personnes par an, explique Bernard Dalbergue, ancien de chez Merck. (Photo : Reuters) (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2012. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)

Les laboratoires pharmaceutiques, Bernard Dalbergue les connaît bien. Ce médecin de 55 ans a été employé jusqu'en 2011 par le laboratoire américain Merck (MSD en France). Ce mercredi, il publie Omerta dans les labos, un livre co-écrit avec la journaliste du Journal du dimanche Anne-Laure Barret. Il y raconte les liaisons dangereuses entre laboratoires et médecins.          

Mises sur le marché douteuses

"La grande majorité des industriels est honnête, mais quelques-uns sont à l'origine de dérapages inacceptables", expose au Monde Bernard Dalbergue, qui a travaillé vingt ans pour l'industrie pharmaceutique.

Les exemples précis de médicaments mis sur le marché dans des conditions douteuses ou dont la dangerosité a été volontairement sous-évaluée par le laboratoire américain ne manquent pas. 

Comme le cas du Victrelis, indiqué pour traiter certaines hépatites C, lancé avec succès en 2011 grâce à l'aide de plusieurs "leaders d'opinion", également experts choisis par l'agence française du médicament (l'Afssaps, devenue l'ANSM) et son équivalent européen pour évaluer ce médicament.

Perte d'objectivité

Bernard Dalbergue explique dans une interview au Nouvel Obs' pourquoi les médecins acceptaient

"Les labos versent de très grosses sommes d'argent aux leaders d'opinion, des médecins hospitaliers qui en ont besoin pour poursuivre leurs recherches. Ils doivent à tout prix en publier les résultats : "publish or perish" (publier ou périr), telle est leur devise. Plus ils publient, plus ils gagnent de points pour pouvoir devenir chef de service." 

Il y a aussi l'exemple de ce professeur, que Dalbergue a convaincu de retirer une partie de son discours consacré aux effets secondaires d'un médicament lors d'un congrès. 

 "Très peu de médecins m'ont résisté. A force de travailler main dans la main avec nous, ils perdent leur objectivité, même si la grande majorité ne s'en rend pas compte."

18.000 morts par an

De telles pratiques ne se retrouvent pourtant pas aux Etats-Unis, explique le docteur Dalbergue puisque "le "Foreign Corrupt Practices Act" est très clair sur les peines encourues, qui vont jusqu'à la prison en cas de corruption"

"Si je parle aujourd'hui, c'est pour contribuer à réduire les accidents médicamenteux, qui tuent au moins 18.000 personnes par an en France, et pour proposer des pistes de réflexion pour réformer le système."

Une estimation qu'avançait déjà en mai, lors du procès Médiator, le docteur Bernard Bégaud, membre de la commission de pharmacovigilance de 1982 à 2000 et co-auteur d'une étude sur le sujet.  

Reste à voir si la réforme du contrôle des médicaments adoptée définitivement fin 2011 et destinée à empêcher de nouveaux Médiator de se produire fera effet.

Laszlo Perelstein

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Commentaires 6
à écrit le 06/02/2014 à 20:26
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Main basse sur la santé humaine, un système mafieux bien rôdé. Le médecin est un commerçant, les officines des drugstores. Quant à l’industrie chimique qui chapeaute le tout, elle pille sans vergogne la Sécurité Sociale aidée en cela de ses résea...

le 07/01/2021 à 1:05
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Nous sommes en 2021 et mes recherches depuis une interview du professeur Raoult à la suite de l'annonce d'un vaccin contre le covid 19 puis d'un lien vers une mort "impromptue" d'une ancienne salariée du grand groupe pharmaceutique merck ,repentie et...

à écrit le 05/02/2014 à 18:43
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Quoi ! On nous aurait donc menti à l'insu du plein grés des autorités sanitaires ? C'est bien la première fois en France.

à écrit le 05/02/2014 à 11:30
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Ce type de pratique participe activement a la notre non confiance. Ca fait maintenant plus de 4 ans que je refuse le vaccin de la grippe et pourquoi? A cause de l'aluminium que a terme provoquera des cancers et aussi et surtout a cause de ce vaccin H...

à écrit le 04/02/2014 à 17:44
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3250 tués sur les routes en 2013 et on nous fait un vélo,les accidents médicamenteux, qui tuent au moins 18.000 personnes par an en France.Sans commentaires que fait la Police.

à écrit le 04/02/2014 à 13:20
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Supprimons le droit de prescription de médicaments des médecins généralistes et autorisons les actions en justice collectives face aux dérives de l'industrie pharmaceutique, il n'y a que cela pour remettre les individus face à leur responsabilité.

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