Le glyphosate n'est pas cancérigène, continuent à affirmer les États-Unis

Par Reuters  |   |  612  mots
L'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a déclaré mardi que le glyphosate n'était pas cancérigène. (Crédits : Reuters)
Cette annonce de l'EPA vient confirmer les conclusions d'un précédent rapport, publié en septembre 2017 après des dizaines d'années d'études, dans lequel elle estimait que le glyphosate n'était vraisemblablement pas cancérigène pour les humains. Cette déclaration contredit plusieurs décisions de la justice américaine. Actuellement, le Roundup fait l'objet de 11.200 actions en justice aux États-Unis.

L'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a déclaré mardi que le glyphosate n'était pas cancérigène, venant contredire plusieurs décisions récentes de la justice américaine qui ont estimé que ce produit chimique contenu dans de nombreux herbicides étaient à l'origine de cancers.

Cette annonce de l'EPA vient confirmer les conclusions d'un précédent rapport, publié en septembre 2017 après des dizaines d'années d'études, dans lequel elle estimait que le glyphosate n'était vraisemblablement pas cancérigène pour les humains.

11.200 actions en justice aux États-Unis

Un jury de San Francisco a accordé en mars dernier 80 millions de dollars de dommages et intérêts à un plaignant qui affirmait que le Roundup, l'herbicide à base de glyphosate de Monsanto, filiale de Bayer, était la cause de son cancer.

Le Roundup fait l'objet de 11.200 actions en justice aux États-Unis.

"L'EPA continue de constater qu'il n'y a pas de risques pour la santé publique lorsque le glyphosate est utilisé dans le respect des normes et que le glyphosate n'est pas cancérigène", a dit l'agence dans un communiqué.

Par le passé, l'EPA avait toutefois mis en évidence les risques écologiques de l'utilisation du glyphosate et proposé des nouvelles mesures de protection de l'environnement.

En 2015, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé pour sa part le glyphosate parmi les produits "probablement cancérigènes pour les humains".

Le groupe Bayer aux abois avec les procès et le plongeon en Bourse

Le 11 avril dernier, le président du directoire de Bayer reconnaissait que le groupe chimique allemand était confronté à de grandes difficultés en raison de la multitude de poursuites judiciaires engagées contre sa filiale Monsanto et son herbicide Roundup, soupçonné d'être cancérigène.

"Nous avons perdu deux procès en première instance. C'est pourquoi l'entreprise est lourdement touchée. On le voit dans le cours de notre action", a déclaré Werner Baumann lors d'une table ronde organisée dans une université à Cologne.

"On l'observe de manière différente, principalement ici en Allemagne et en France - dans une moindre mesure aux Etats-Unis - en ce qui concerne notre réputation", a-t-il ajouté.

L'action Bayer a perdu plus d'un tiers de sa valeur, faisant chuter la capitalisation boursière du groupe d'environ 30 milliards d'euros, depuis qu'un jury aux États-Unis a décidé en août dernier que le chimiste allemand pouvait être tenu responsable du manque d'informations fournies par Monsanto au sujet des risques présumés de cancer liés au Roundup. Un autre jugement similaire, défavorable à Bayer, a encore été rendu le mois dernier.

Le rachat de Monsanto a coûté 56 milliards d'euros au labo allemand

"Il y a beaucoup de politisation, de campagne et de propagande qui vont totalement à l'encontre du statut réglementaire actuel de nos produits. Cela a poussé les avocats américains à lancer des actions en justice, une grande activité aux États-Unis", a dit Werner Baumann.

L'Agence américaine de protection de l'environnement, l'Agence européenne des produits chimiques et d'autres organismes de régulation à travers le monde ont déclaré que leglyphosate, le composant actif du Roundup, n'était probablement pas cancérigène pour l'homme.

Bayer, qui a racheté Monsanto l'an dernier pour 63 milliards de dollars (56 milliards d'euros), conteste les jugements rendus et note aussi que les régulateurs à travers le monde ont autorisé le produit.

Mercredi, Deka Investment, l'un des principaux actionnaires de Bayer, s'en est pris à la direction du groupe allemand en l'accusant d'avoir sous-estimé les risques juridiques liés à cette acquisition, ce qui pourrait annoncer une assemblée générale particulièrement tendue le 26 avril.