Virbac : "Ce n'est pas le cours de la Bourse qui façonne notre stratégie" (Eric Marée)

Virbac, spécialiste français de la santé animale, a réalisé une bonne année 2014 avec un chiffre d'affaires en hausse de 5% et un bénéfice net part du groupe en progression de 5,1%. Le groupe prévoit toutefois un premier trimestre 2015 difficile en raison d'un faible niveau d'activité aux États-Unis. Eric Marée, le président du directoire, évoque la stratégie du groupe, qui devrait passer par la priorité donnée à la croissance organique de la société et par son renforcement sur les marchés émergents et américain.
"Nous avons une présence faible en Chine et au Brésil. La priorité, c'est de se développer dans ces régions", explique Eric Marée.

La Tribune. L'action Virbac a perdu 9% mardi, au lendemain de l'annonce de probables pertes au premier trimestre. Cela vous inquiète-t-il ?

Eric Marée. Le titre de l'action était très élevé [de 167 euros, le 16 décembre, il est passé à 237 euros le 17 mars, après un pic à 254,9 euros le 16 mars. Il est remonté à 242,95 euros le 18 mars, Ndlr]. Il y a eu une correction. Cela est dû également à nos difficultés au premier trimestre aux États-Unis. Le système de qualité de notre usine de Saint-Louis a été jugé insuffisant après inspection des autorités américaines. Virbac a décidé d'interrompre la fabrication et les livraisons en provenance de ce site. Nous comptons y remédier au plus vite pour que l'usine corresponde aux exigences. Toutefois, l''impact sur les performances annuelles ne sera pas forcément très important.

Par ailleurs, le cours de la Bourse ne façonne pas notre stratégie.

Quels ont été les marchés les plus porteurs en 2014 ?

Le marché européen a été porteur, alors que nous étions en stagnation les années précédentes. La loi d'avenir pour l'Agriculture en France interdit désormais les remises/rabais et ristournes lors de la vente de médicaments contenant des antibiotiques ; elle vise à un usage raisonné des antibiotiques et à une baisse de leur utilisation. Ainsi, un certain nombre de vétérinaires ont acheté davantage fin 2014. Nos nouveaux produits, tels que le Deltanil (antiparasitaire externe pour ovins et bovins) et le Neoprinil (endectocide pour bovins) ont bien fonctionné.

A noter, une bonne croissance en Asie-Pacique, également. En Amérique latine, c'est aussi le cas, sauf dans le secteur de l'aquaculture qui avait crû très fortement en 2013 et qui a décliné en 2014. Aux États-Unis, le mauvais premier semestre, en retrait, a été rattrapé par le second.

Sur quels marchés allez-vous compter à l'avenir ?

A l'avenir, grâce au rachat de deux produits vétérinaires aux États-Unis auprès du géant pharmaceutique Eli Lilly, nous passerons à 6,5% des parts du marché américain, ce qui va nous placer  5e ex-aequo sur le marché des animaux de compagnie dans ce pays qui représente lui-même la moitié du marché mondial.

Quels sont les pays dans lesquels vous espérez vous développer ?

Nous sommes peu présents en Chine et au Brésil. Et, la priorité, c'est de se développer dans ces régions. Il y a un bon business des animaux de compagnie en Chine, où il faudrait également que nous pénétrions le marché du porc et celui de l'aquaculture. Du côté du Brésil, le business des animaux de compagnie est intéressant. Mais nous voulons aussi y développer une activité pour les animaux ruminants. Cela passe notamment par des acquisitions.

Comptez-vous privilégier le secteur des animaux de compagnie dans le futur ?

Non. Les deux branches, animaux de compagnie et de production, ont aujourd'hui la même croissance. Avant, le secteur des animaux de compagnie dominait. Cela reste aujourd'hui surtout un marché propre aux pays développés grâce à l'augmentation de la médicalisation des animaux. Lorsque ceux-ci sont en fin de vie, les personnes acceptent de dépenser de plus en plus d'argent pour les soigner. A noter que ce secteur croît dans les pays émergents dans ce marché car les classes moyennes se développent, mais cela reste plus marginal.

Par ailleurs, la croissance du revenu par tête dans les pays émergents accroît les demandes en lait et viande. Ainsi, cela tire naturellement le marché des soins dédiés aux animaux de production.

Vous ne craignez pas la forte concurrence des "big pharmas" ?

Nous avons résisté aux grands laboratoires pharmaceutiques, dès le début, en partant de rien [à sa création, en 1968, Virbac était une structure familiale. Elle réalisait 3 millions de francs de chiffres d'affaires les premières années, Ndlr]. En outre, nous allons bénéficier d'une force de vente doublée aux États-Unis, avec 180 personnes sur le terrain, pour mieux exploiter nos innovations. Nos produits peuvent être mieux vendus dans le pays grâce à notre force de vente renforcée.

Nous ne nous sentons pas en déficit par rapport aux big pharmas". Aux États-Unis, nous avons quand même recruté en une semaines 90 personnes de Novartis qui pouvaient choisir de travailler pour le laboratoire Lily. Pourtant, nous faisons figure de "petit" à côté de ce dernier.

Quel est votre objectif de croissance pour les années à venir ?

Lorsque nous étions "plus petits", notre objectif était de croître beaucoup plus vite que le marché, de réaliser un résultat opérationnel supérieur de 0,5 point et une croissance de 2 points au-dessus de la moyenne. Aujourd'hui, cela devient difficile, au vu de notre taille. Nous voulons juste rester au-dessus du marché en terme de croissance [la croissance du marché mondial est estimée à 5% par an, Ndlr].

Votre stratégie va-t-elle passer avant tout par l'innovation, ou par des acquisitions?

Notre objectif numéro un est de croître en organique. Jamais on ne construit la croissance d'un groupe sur des acquisitions. L'Innovation productive et le développement commercial resteront les priorités de Virbac.

Les acquisitions nous permettent de compléter nos positions jugées faibles. Cette année, nous avons connu plus d'opérations majeures que par le passé. Mais dorénavant, à court terme, nous ne comptons pas réaliser de grandes acquisitions car nous devons régler notre dette sur nos fonds propres.

Vous intéressez-vous toutefois aux startups dédiées à la santé animale ?

Il n'y a pas très longtemps, ce marché intéressait peu les biotechs. Cela a changé. Une demi-douzaine de biotechs proposent des projets intéressants en Australie et aux États-Unis. Nous avons passé, fin 2014, un accord avec l'Australien Nexvet [pour le développement d'une gamme de médicaments vétérinaires à base d'anticorps monoclonaux, Ndlr]. J'espère que nous pourrons travailler sur d'autres accords d'une autre nature, y compris en Europe, si des biotechs s'y développent.

Le marché des objets connectés, pour recueillir les données sur l'état de santé des animaux, se développe. Vous y intéressez-vous ?

Nous ne sommes pas insensibles à ces évolutions. Je ne peux pas vous en dire plus.

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>> Lire aussi : Les résultats de Virbac en 2014

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