Paris va reprendre en main la gestion de son eau

Par latribune.fr  |   |  598  mots
La mairie de Paris a décidé de reprendre en main la gestion de son eau, jusque-là entre les mains de Veolia et de Suez. Une régie municipale va être créée. Le groupe UMP au conseil de Paris a annoncé qu'il voterait contre le projet si ses amendements n'étaient pas pris en compte.

La mairie de Paris a annoncé ce mercredi qu'elle allait reprendre en main à partir de 2010 toute  la gestion de son eau, jusque là confié aux deux groupes privés français, champions mondiaux de la spécialité, Veolia pour la rive droite et Suez pour la rive gauche. C'était une promesse de campagne du maire actuel, le socialiste Bertrand Delanoë. Cette gestion de l'eau de la capitale a été privatisée en 1984 par Jacques Chirac, alors  premier édile de la cité lutécienne.

Pour reprendre cette gestion, la ville de Paris va créer un établissement public industriel et commercial (EPIC) qui assurera la fonction de régie municipale. Elle reprendra les activités de production assurées par Eau de Paris, société d'économie mixte détenue à 70% par la Ville, et celles de distribution, confiées au privé. Il s'agit, de "clarifier les responsabilités et simplifier le service", a expliqué ce mercredi la première adjointe Anne Hidalgo, présentant cette décision qui sera soumise lundi au Conseil de Paris.

Il existe actuellement en France sur les prix de l'eau et leur augmentation. Une récente enquête de l'association de consommateurs UFC Que Choisir a dénoncé des abus en la matière. Reste à savoir si les entreprises privées du secteur qui représentent le plus gros du marché pratiquent des prix plus élévés que les régies publiques. Grenoble est la seule grande ville à avoir remunicipalisé son service de l'eau récemment. Castres, Châtellerault et Cherbourg l'avaient fait précédemment.

La municipalité parisienne ne parle plus d'ailleurs de faire baisser le prix de l'eau (qui augmente régulièrement dans la capitale depuis une vingtaine d'années) via cette décision mais simplement de "stabiliser en euros courants, la part communale du prix de l'eau, malgré un contexte peu favorable qui voit se cumuler augmentation des charges, par le durcissement des normes, et diminution des recettes, par la baisse de consommation". La mairie pourrait en revanche mettre en place un tarif social de l'eau et des mesures pour éviter les coupures aux habitants les plus pauvres même s'ils n'arrivent plus à honorer leurs factures.

Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil de Paris, a indiqué ce jeudi que l'UMP voterait contre la remunicipalisation de la distribution de l'eau à Paris si ses amendements n'étaient pas pris en compte.
Avec le regroupement de la production et de la distribution dans une seule régie municipale, "on n'a ni transparence ni baisse du prix de l'eau et une visibilité nulle sur le coût social", a-t-il estimé. "Nous voulons un audit et une évaluation aujourd'hui, alors qu'on nous annonce la convergence production-distribution. On veut le maintien de l'existant en matière de distribution, pour ne pas avoir à payer la note dans six ou dix ans", a-t-il ajouté.

M. Lamour a aussi attiré l'attention sur le problème des personnels de la future régie municipale qui regroupera ceux de la SEM Eau de Paris, de Veolia, de Suez et du CRECEP (Centre de recherche, d'expertise et de contrôle des eaux de Paris): il estime que cela concerne "plus de 1.000 personnes" alors que l'évaluation de la mairie est de 900 personnes et qu'il y a "des différences de salaire de plus de 20%", a-t-il dit, entre le privé et le public.

Dans un communiqué commun jeudi, les présidents de groupe de la majorité municipale (PS et radical de gauche, PC, Verts et MRC) "saluent la création d'un nouveau service public de l'eau à Paris".