Guerre du gaz : les livraisons russes quasiment interrompues en France

Par latribune.fr  |   |  722  mots
Les approvisionnements de gaz russe en Europe sont désormais totalement interrompus, créant de graves difficultés pour les pays d'Europe de l'est et des Balkans. L'Union européenne appelle à une solution d'urgence alors que les négociations doivent reprendre jeudi à Moscou. La France est à son tour touchée ce mercredi soir. GDF Suez rassure toutefois sur l'état des stocks.

La tension est montée d'un cran encore ce mercredi dans le conflit gazier qui oppose la Russie à l'Ukraine. Fortement perturbés depuis mardi, les approvisionnements de gaz russe en Europe, qui transitent par le territoire ukrainien, sont désormais totalement interrompus dans quasiment tous les pays d'Europe. Et ce alors qu'une vague de froid sévit sur le Vieux Continent.

Selon les agences presse russes, c'est le Premier ministre et ex président Vladimir Poutine qui a ordonné ce mercredi au géant énergétique russe Gazprom de suspendre les approvisionnements de gaz via l'Ukraine. Le directeur général de Gazprom, Alexeï Miller, le lui a proposé car il accuse Kiev de détourner du gaz, écrit l'agence Interfax. Poutine aurait accepté et même déclaré : "cela devrait être fait ouvertement, en présence d'observateurs internationaux".

Du côté de la France, le ministre de l'énergie et du développement durable Jean-Louis Borloo a réaffirmé ce mercredi que l'approvisonnement en gaz de la France n'était pas menacé. Le gaz russe ne représente en effet que 16% des approvisionnements. Une réunion ministérielle s'est tenue ce mercredi soir sur le dossier. La ministre de l'économie a même ouvert la voie à une future baisse des prix du gaz compte tenu de la chute des cours du pétrole surlesquels le gaz est en partie indexé. GDF Suez a tenu à rassurer en indiquant que la France disposait de stocks de gaz pour 80 jours de consommation normale. (Retrouvez le communiqué du Premier Ministre sur le sujet daté du 7/1/09)

Plus inquiétant toutefois: on a appris ce mercredi soir que les livraisons de gaz russe en France étaient quasiment interrompues selon le gestionnaire du réseau de transport de gaz GRTGaz. Il a annoncé devoir "faire face à une quasi interruption des arrivées de gaz naturel à Obergailbach (Moselle), le point d'entrée du gaz d'origine russe sur son réseau de transport".

La situation est beaucoup plus dramatique dans les pays d'Europe de l'est et des Balkans. Ainsi, en Bulgarie, qui dépend à 90% du gaz russe, plusieurs milliers de Bulgares ont dû se passer de chauffage durant la nuit et de nombreux établissements scolaires du pays sont restés fermés ce mercredi notamment dans la capitale bulgare Sofia. En Bosnie, la situation menace de tourner au drame humanitaire alors que le pays, dépendant à 100% du gaz russe, grelotte sous des températures de -10° Celsius. 

Les industriels sont aussi touchés. En Hongrie, la filiale du constructeur automobile Suzuki, l'un des plus grands employeurs du pays, a suspendu sa production en raison des restrictions imposées par les autorités hongroises aux industriels en matière de gaz naturel. ArcelorMittal a pour sa part été contraint de suspendre l'activité industrielle sur son site bosniaque de Zenica. Les usines slovaques du groupe PSA Peugeot Citroën et du coréen Kia Motors vont également cesser leur production jeudi en raison des pénuries de gaz.

Seul espoir désormais, un règlement rapide du conflit. Le chef de la société ukrainienne Naftogaz, Oleg Doubina, a réaffirmé ce mercredi qu'il se rendrait à Moscou demain jeudi pour rencontrer le patron du géant russe Gazprom, Alexeï Miller, et tenter de résoudre la crise gazière opposant la Russie et l'Ukraine.

Face à l'interruption des livraisons de gaz, l'Union Européenne est également montée au créneau pour mettre la pression sur les deux parties. Bruxelles a ainsi appelé à nouveau à "une solution urgente" au contentieux gazier russo-ukrainien et demandé une "reprise immédiate" de toutes les livraisons à l'Europe. La Commission européenne se dit prête, si les livraisons n'étaient pas rétablies, à envoyer des observateurs en Ukraine et en Russie pour superviser les flux de gaz en provenance de Russie et transitant par l'Ukraine en direction de l'Union européenne.

De son côté, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) a qualifié ce mercredi l'interruption des livraisons de gaz vers l'Europe "totalement inacceptable". Elle appelle Gazprom et l'ukrainienne Naftogaz à les reprendre d'urgence et à négocier. "C'est totalement inacceptable sachant que les clients européens ne font pas partie du différend, qu'ils ont des contrats à long terme assortis de prix justes et qu'ils ont payé en temps et en heure" leur gaz, souligne le communiqué de l'AIE.