Affaire du double salaire de Proglio : polémique politique

Par latribune.fr  |   |  621  mots
Le gouvernement défend la décision du double salaire d'Henri Proglio. L'opposition proteste.

"Henri Proglio a deux responsabilités donc deux salaires". Le ministre du Budget, Eric Woerth, tente ce mercredi de faire taire la polémique sur la double rémunération du PDG d'EDG et du président du Conseil d'administration de Veolia. "C'est un peu une polémique que je comprends parce que c'est des chiffres importants (1,6 million d'euros chez EDF et 450.000 euros chez Veolia), mais il faut donner à Henri Proglio toutes les chances de remplir sa mission", a souligné Eric Woerth.

Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, rappelle sur Europe 1 que "c'est le prix de la rémunération de grands dirigeants de grande qualité dans notre pays" et il précise qu'Henri Proglio a "la 32ème rémunération du CAC 40 donc il n'est pas le dirigeant le mieux payé de notre pays".

De plus, Eric Woerth et Luc Chatel soulignent que, "au total, cela fait une rémunération qui est la même que celle qu'il touchait précédemment".

Christine Lagarde, ministre de l'Economie, tente également de se justifier. "Le conseil d'administration de Veolia a décidé de lui fixer une indemnité de 450.000 euros, dans ces conditions (...) nous avons fixé sa rémunération de sorte qu'il conserve la rémunération qu'il avait chez Veolia. Il n'y a pas de cumul opérationnel, puisqu'il est président du conseil" d'administration de Veolia, "auquel il consacrera un peu de son temps, en étant 100% de son temps chez EDF".
Mais selon elle, le salaire d'Henri Proglio est à la 18ème ou 19ème place des rémunération du CAC 40. "Il se trouve bon dernier quand on regarde ses concurrents allemands, italiens ou anglais".

L'hôte de Bercy a d'ailleurs été chahutée ce mercredi à l'Assemblée, après avoir été interpellée sur ce dossier par un député socialiste.

Mardi, le ministre chargé de la relance, Patrick Devedjian, a également défendu la double rémunération, soulignant le "cumul de travail aussi". Argument que reprend Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP. "Il serait curieux de lui faire le reproche d'avoir accepté d'augmenter sa charge de travail et l'ampleur de ses responsabilités, tout en gagnant moins, alors même que l'Etat a été le chercher", déclare-t-il dans un communiqué.

Mais l'opposition gronde. "Il y a un mensonge ministériel et il y a un conflit d'intérêts qui est condamnable et qui d'ailleurs pourrait être regardé par la justice" s'insurge sur LCI Arnaud Montebourg, député PS. En effet, début novembre, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait déclaré aux sénateurs qu'Henri Proglio ne cumulerait pas les rémunérations.

Pour Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste, "c'est un symbole d'une économie de la cupidité qui n'est plus moralement vendable aux électeurs. Je ne suis pas sûr que le gouvernement soit complètement conscient. Ces gens ne réfléchissent pas que le système devient intolérable pour le petit peuple. Nous sommes en démocratie, ils prennent un risque politique terrifiant. La colère populaire, elle va monter, tous ces gens sont complètement déraisonnables".

Le député socialiste Henri Emmanuelli, sur RTL, a préféré rire de cette décision qu'il considère choquante. "Vous voyez qu'il y a des perspectives pour financer les retraites". "C'est un régime qui se permet à peu près tout", a-t-il déploré en visant Nicolas Sarkozy et le gouvernement de François Fillon.

Aurélie Filippetti, secrétaire nationale à l'énergie, a, elle, dénoncé les "indemnités indécentes" versées à Henri Proglio par Veolia, qui "posent une nouvelle fois de manière aiguë l'anormalité du cumul de ses deux fonctions à la tête d'EDF et Veolia".