La Chine, qui pourrait être pénalisée par le nouveau régime libyen, exhorte la Libye à protéger ses investissements. Abdeljalil Mayouf, directeur de l'information de la compagnie pétrolière Agoco, aux mains des rebelles, avait déclaré lundi que les opposants au régime de Kadhafi ne voyaient pas d'inconvénient à la présence d'entreprises occidentales, mais que la situation pourrait se révéler plus tendue avec la Russie, la Chine et le Brésil.
Pékin a rapidement réagi à ces déclarations. "Nous espérons qu'après un retour à la stabilité, la Libye continuera de protéger les intérêts et les droits des investisseurs chinois, et nous espérons poursuivre nos investissements et notre coopération économique avec la Libye", a déclaré Wen Zhongliang, directeur adjoint du département du commerce extérieur au ministère chinois du Commerce, lors d'une conférence de presse.
Pour la Chine, l'avis d'un rebelle ne représente pas celui de la Libye. La mise en garde du rebelle libyen reste celle d'un individu isolé, et non la position officielle d'un gouvernement post-Kadhafi en formation, estime Yin Gang, expert du monde arabe à l'Académie chinoise des sciences sociales à Pékin."C'est encore le chaos en Libye et il n'y a pas eu de gouvernement de formé. Il y a certainement différents points de vue parmi les rebelles", a-t-il dit.
L'avertissement montre cependant comment la Chine pourrait se retrouver en terrain miné dans les pays arabes depuis les soulèvements populaires de ces derniers mois, commente Ben Simpfendorfer, de Silk Road Associates, un cabinet de consultants basé à Hong Kong et spécialisé dans les relations commerciales entre la Chine et le Proche-Orient. "La Chine a été inhabituellement rapide à soutenir le Conseil national de transition (libyen)", a-t-il remarqué. Initialement, Pékin n'avait pas utilisé son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies pour s'opposer à l'intervention de l'Otan mais avait condamné les frappes aériennes et appelé au compromis entre le régime de Mouammar Kadhafi et les rebelles.
La Chine aurait beaucoup à perdre si ses contrats pétroliers n'étaient pas renouvelés. Ce pays est le deuxième consommateur mondial de pétrole et 3% de ses importations de brut provenaient l'an dernier de Libye. Pékin avait alors importé quelque 150.000 barils par jour via le groupe pétrolier Sinopec, ce qui représente environ 10% des exportations de brut libyen.
L'Italie a plus la cote que la Chine parmi les rebelles. A Rome, le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini a déclaré mardi que les rebelles libyens s'étaient engagés à respecter les contrats passés avec l'Italie. "Ils ont convenu d'honorer tous les contrats passés par la Libye, y compris ceux avec les compagnies italiennes", a dit le ministre à la radio en parlant du Conseil des rebelles basé à Benghazi. "L'Italie a des contrats avec la Libye, pas avec Kadhafi."
L'Italie, ancienne puissance coloniale qui fut une alliée du colonel Kadhafi en Europe, reconnaît le Conseil national de transition depuis le 4 avril. Outre le pétrole, secteur dans lequel Eni était le principal producteur étranger en Libye, ses intérêts concernent aussi de gros contrats dans la défense et la construction.
Pétrole : la Chine craint que la Libye ne lui ferme son robinet
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