Quand Suez Environnement veut recycler les couches-culottes

Le procédé est en cours de mise au point et le projet suscite déjà des controverses.
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Maudites micro-bulles ! Sans elles le projet du groupe Suez Environnement de déployer à une échelle industrielle le recyclage et la valorisation des couches usagées, serait déjà entré dans sa phase opérationnelle. À l'approche de la semaine européenne de la réduction des déchets, qui débutera début novembre, le projet a néanmoins valeur d'exemple. Mais il y a les micro-bulles dont les fabricants truffent leurs couches-culottes. « Il s'agit d'une sorte de gel exploité sous forme de billes dont la particularité est d'absorber jusqu'à 1.000 fois leur poids en eau », explique Laurent Galtier directeur chez Suez Environnement du projet « happy nappy » que conduit le Centre international de recherche sur l'eau et l'environnement (CIRSEE). Et le problème « c'est qu'elles ne sont pas recyclables » précise t-il et qu'elles représentent environ 10 % des matériaux présents dans ces produits pour bébés.

Afin de surmonter l'obstacle, des contacts ont été pris avec les fabricants de couches. Car s'ils réussissent à rendre leurs produits entièrement recyclables c'est un vaste marché qui s'ouvre pour Suez environnement. Ce sont en effet plus d'un million de tonnes de couches usagées que l'on retrouve dans les poubelles chaque année en France.

Un alibi

Et comme le pays affiche l'une des plus fortes natalités d'Europe, le nombre de couches est en constante progression car un bébé consomme environ 6.000 couches pendant ses deux premières années. Le projet n'est actuellement que dans sa première phase. Il met au point un procédé permettant d'isoler les composants d'une couche c'est-à-dire des plastiques (entre 10 % et 20 %), les fameuses micro-billes, des fibres (10 % à 20 %) et bien sûr les déchets organiques des bébés. Dans un deuxième temps « nous travaillerons sur le business plan » indique Laurent Galtier.

La démarche de Suez environnement est en cohérence avec ses activités puisque les stations d'épuration s'équipent de plus en plus d'un département biogaz (méthane) pour alimenter des groupes électrogènes. Les initiateurs de ce projet le présentent comme un plus en faveur de l'environnement autorisant la création d'un nouveau circuit de recyclage-valorisation des déchets « textiles sanitaires ». Mais d'aucuns ne l'entendent pas de cette oreille. « Le recyclage est un alibi pour résoudre un problème environnemental sans toucher au modèle productiviste. Ce n'est pas comme cela qu'on réduira le volume des ordures », proteste Sébastien Lapeyre, directeur du Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid). « Le projet n'apporte rien de bon, c'est un leurre que de prétendre recycler les couches puisqu'on a déjà du mal à recycler les bouteilles en plastique dont la moitié échappent à la décharge », poursuit-il. Pour le directeur du Cniid la solution se trouve dans les couches lavables et l'association travaille dans ce sens avec des crèches à Nantes comme à Paris. Autrement dit, un retour aux langes d'antan. Reste à savoir ce qu'en pensent les parents ?

 

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