Le déploiement du compteur Linky relance la polémique

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  521  mots
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Le compteur électrique intelligent d'ErDF, dont Éric Besson a annoncé mercredi le lancement à partir de 2013, continue à susciter inquiétudes et protestations.

Ce Linky n'en finit pas d'échauffer les esprits. Le compteur électrique intelligent, dont le ministre de l'Énergie Éric Besson a annoncé mercredi le déploiement dans les 35 millions de foyers français de 2013 à 2020, suscite une cascade de polémiques depuis des années. Après les levées de bouclier autour du coût pour le client, de son (non) fonctionnement, des doutes sur son efficacité en matière de maîtrise de la consommation, le débat rebondit aujourd'hui autour des craintes des collectivités locales et des opérateurs alternatifs de voir Linky aider ErDF, la filiale d'EDF, à verrouiller le marché de la distribution électrique.

Éric Besson a imposé en début d'année la gratuité du compteur pour les consommateurs, face au tollé provoqué par le projet de facturer au moins 120 euros le boîtier. Bilan : pour amortir les 4,3 milliards d'euros d'investissements nécessaires au déploiement de Linky, ErDF affirme avoir besoin de 20 ans. La filiale d'EDF compte en effet rentrer dans ses frais grâce à la suppression des tournées de relevés et la diminution des « pertes techniques ». « Assurer à ErDF les concessions de distribution d'électricité pour 20 ans serait contraire au projet de directive européenne paru le 12 septembre et aux contrats actuels de concession », affirme Jean-Luc Dupont, président du syndicat intercommunal d'énergie d'Indre-et-Loire, où Linky a été expérimenté.

Un marché verrouillé

C'est la dernière polémique en date. Les collectivités locales, qui délèguent les concessions de distribution d'électricité, rêvent depuis des années de s'émanciper du quasi monopole d'ErDF. Leur syndicat FNCCR veut croire que Bruxelles va imposer l'ouverture de ce marché. Le récent projet de directive l'évoque comme une possibilité. En face, les quelques autres distributeurs comme Gaz de Bordeaux ou Gaz Électricité de Grenoble, ou encore certains opérateurs comme Direct Energie, n'attendent que cela pour élargir leur périmètre d'action. Et verraient d'un très mauvais oeil le marché verrouillé de fait par Linky.

« Je ne vois pas le problème », affirme cependant un des acteurs. « À la fin d'une concession, les investissements non amortis seront reportés au prochain concessionnaire, comme dans l'eau par exemple ». Éric Bessson lance une concertation sur ce sujet. Lorsque ce « cadre réglementaire et régulatoire » aura été défini « dans les prochains mois », ErDF pourra lancer son appel d'offres.

Gratuit, certes mais pour quels services ? La télé-relève et l'intervention sur la ligne à distance, essentiellement. Les fournisseurs d'électricité viennent en outre de s'engager à fournir gratuitement aux clients des informations sur leur consommation et notamment une alerte en cas de dépassement d'un seuil. Totalement insuffisant pour maîtriser sa consommation, estime l'UFC-Que Choisir, qui réclame un écran supplémentaire chez le client pour ces données. Un équipement qui coûte environ 50 euros. Les innovations dépendront de la créativité des fournisseurs. « Si ErDF accepte d'installer notre propre boîtier en même temps que Linky, nous proposerons notamment un tarif heure creuse le week-end », annonce Fabien Choné, directeur général de Direct Energie.