Le changement climatique préoccupe plus les Européens que la crise économique

Par Aline Robert  |   |  503  mots
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Les négociations avant la conférence de Durban, fin novembre, sont dans une période cruciale. L'Europe voudrait conserver les acquis de Kyoto.

La crise financière a beau être anxiogène, elle ne figure pas en tête des préoccupations des Européens. Selon le dernier Eurobaromètre publié vendredi, le changement climatique représente le principal problème auquel le monde est aujourd'hui confronté pour 51% d'entre eux. 64% mettent la pauvreté et la faim en priorité. La situation économique n'apparaît qu'en troisième position : seuls 45% des Européens sont angoissés par le sujet. L'opinion de 26.000 Européens reflétée par l'enquête montre également que deux Européens sur trois considèrent le climat comme un problème grave. "C'est un appel très fort pour les dirigeants de l'Union Européenne. Les citoyens attendent des mesures ambitieuses et concrètes", a estimé Connie Hedegaard, commissaire européenne à l'Action pour le climat, en écho à ces chiffres.

A six semaines de la conférence de Durban, en Afrique du Sud, où les négociations sur le climat sont censées redémarrer, force est de constater que l'heure n'est pas exactement à l'ambition. "Pour l'instant, le projet, c'est de mettre le protocole de Kyoto sous oxygène, pour éviter que ses outils comme le mécanisme de développement propre ne disparaissent", constate Emmanuel Fages, à la Société Générale. Ce qui permettrait de sauver les investissements économes en énergie, qu'il s'agisse de fours solaires ou de la récupération du gaz de décharge. Des investissements dont la rentabilité est assurée par l'attribution de crédits de CO2 monnayables, pour un montant total de 13 milliards de dollars en 2010 et qui bénéficient principalement aux pays émergents.

Refus d'un "Kyoto II"

A Panama la semaine dernière, lors de la dernière réunion préparatoire avant Durban, la Chine a fait mine de s'arc- bouter sur cet acquis en insistant pour prolonger Kyoto tel quel, alors que les autres émergents et les pays en voie de développement se montraient plus sensibles à la position européenne. Celle de l'attente. Pour l'heure, en effet, seule l'Europe, la Suisse, l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont prêtes à s'engager à réduire leurs émissions, ce qui ne représente que 15% des émissions totales. Plutôt que de signer un engagement a minima à Durban, mieux vaudrait donc fixer une nouvelle date butoir, tout en sécurisant le cadre juridique des acquis de Kyoto. "C'est une période cruciale ; depuis quelques semaines, les positions ont évolué sous le manteau, même si l'on n'a pas de grandes déclarations. Le point de vue européen rencontre plus d'échos", assure Serge Lepeltier, chargé des négociations climatiques pour la France. Le refus d'un "Kyoto II" en l'absence d'engagements chiffrés d'un grand nombre de pays marque une évolution dans les négociations, qui ne fait pas forcément l'unanimité. Ne serait-ce qu'à Bruxelles, où la DG climat campe sur une position plus radicale que la DG énergie. La proposition européenne doit être affinée lundi à Luxembourg lors d'une rencontre des ministres de l'Environnement.