Areva : les syndicats veulent bloquer le plan social

Constatant un délit d'entrave, le comité de groupe européen demande la suspension du plan présenté par Luc Oursel. Ce dernier a déjà confirmé ce mardi à la presse un gel des salaires en 2012.
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La surprise est venue lundi soir des élus européens d'Areva. Estimant n'avoir été ni informés ni consultés sur le projet de restructuration validé lundi par le conseil de surveillance du groupe nucléaire, le Comité de groupe européen d'Areva demande sa suspension jusqu'à ce qu'une mission d'expertise rende ses conclusions. "Si la direction ne répond pas favorablement à notre demande, je suis mandatée pour aller devant les tribunaux", souligne Maureen Kearney, secrétaire du bureau du CGE. A l'issue du conseil de surveillance qui s'est tenu hier lundi, Areva n'a communiqué que sur le volet financier de son plan de repli. Le volet industriel et social sera dévoilé ce mardi matin. Areva a décidé "le gel des recrutements", ce qui le mènera à supprimer 1.000 à 1.200 postes par an en France, et veut diminuer ses effectifs de 20 à 25 % en Allemagne.

Areva souhaite geler les salaires de l'ensemble de ses salariés dans le monde en 2012 dans le cadre de son plan d'économies, confirme de son côté le président du directoire, Luc Oursel, dans un entretien publié ce mardi par Le Figaro.

Le groupe a confirmé lundi que le groupe allait enregistrer des pertes opérationnelles comprises entre 1,4 et 1,6 milliard d'euros en 2011, ce qui devrait mener le groupe vers une perte nette avoisinant 2 milliards d'euros.

Les annonces financières ont été entourées hier d'un silence politique assourdissant contrastant avec la spectaculaire convocation par les ministres François Baroin et Eric Besson du patron d'Areva Luc Oursel, le 22 novembre, après la publication par l'AFP d'un document interne faisant état des projets de suppressions de postes. En attendant les réactions aux restructurations qui seront dévoilées ce mardi, droite et gauche se renvoient la balle sur le bilan des années Lauvergeon.

Des questions insidieuses

Au centre de la polémique : Uramin, la société d'exploration d'uranium qu'Areva a acheté en juin 2007 pour 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros). Après des dépréciations de 426 millions en 2010, le groupe a annoncé hier qu'il allait provisionner 1,5 milliard supplémentaire sur ses comptes 2011, ce qui portera à 2,4 milliards le total des provisions. Les trois mines africaines d'Uramin ne produisent rien actuellement et leur développement va être gelé, selon nos informations.

Outre son montant, qui a toujours semblé excessif aux observateurs qui estimaient la valeur d'Uramin entre 600 et 800 millions de dollars, cette acquisition soulève des questions plus insidieuses parmi les détracteurs d'Anne Lauvergeon. "Le cours d'Uramin n'a fait que monter les semaines précédent l'offre d'Areva. Est-ce que l'information avait fuité ?", s'interroge un industriel. "Qui a profité de cette hausse ?", ajoute-t-il. "D'ailleurs, onze jours avant l'OPA, Uramin a mis dans une autre société ses mines les plus prometteuses, au Niger, et son cours n'a pas fléchi", affirme encore cette source.

Ce prix élevé reflète-t-il l'entêtement d'"Atomic Anne" au moment où le bruit courait que la Chine prévoyait une pénurie d'uranium et convoitait toutes les mines de la planète, dont celles d'Uramin ? Certainement. L'ex-patronne d'Areva avançait, elle, une autre explication. "C'est la faute de l'Etat qui a refusé trois fois qu'on achète le gisement géant d'Olympic Dam en Australie. Pourtant, cela n'exigeait pas de cash. On l'aurait échangé contre 8% du capital d'Areva", soulignait-elle avant son départ du groupe le 1er juillet. "On a dû se rabattre sur la dernière junior à vendre", soupirait-elle. En 2007, Anne Lauvergeon configurait son groupe en prévision d'une renaissance du nucléaire.

Aujourd'hui, le conseil d'Areva, d'une part, les "services" du ministre Eric Besson, d'autre part, lancent des enquêtes sur cette opération. Cet achat avait été validé par les services de Bercy, tutelle d'Areva, entre le 7 et le 24 mai 2007, pendant la passation de pouvoir entre Thierry Breton et son fugace successeur Jean-Louis Borloo, a relevé le député socialiste Marc Goua, dans son rapport intérimaire sur les comptes d'Areva.

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Commentaires 17
à écrit le 13/12/2011 à 18:27
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Pour faire plaisir ?on copain Anne L. ?t?ir?sans autre raison. Maintenant ils lui mettent une raison sur le dos. M? si je sais d'o?le vient, il faut lui reconna?e le fait qu'elle a bien boss?

à écrit le 13/12/2011 à 15:41
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que les syndicats s adressent aux ecologistes !!!

à écrit le 13/12/2011 à 15:29
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Si l'achat d'Uramin est discutable aujourd'hui, il faut se remettre dans les conditions de l'époque. D'autre part, en ce qui concerne les grosses provisions passées par le nouveau président, c'est une opération classique qui permet de purger l'hérita...

à écrit le 13/12/2011 à 13:20
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la connerie du siecle se séparer du nucléaire , la droite ou la gauche vont plongé . les étrangers commandent en France , on leur donne tout argent et tout , nous Francais qui payont impots et avons cotisé pour une retraite , n'avons plus rien , Mari...

à écrit le 13/12/2011 à 12:34
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c'est normal, le gouvernement s'occupe des étrangers et pas de nous, et veux supprimer le nucléaire donc Aréva licencie . enfin c'est la France le bordel en somme

le 14/12/2011 à 7:27
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Absolument !! Il faut annuler immédiatement TOUS les licenciements chez AREVA... Comment ? Il n'y a AUCUN licenciement ?? Alors pourquoi nous cassez-vous les pieds ??

à écrit le 13/12/2011 à 10:01
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Encore une fois, l'Etat obèse, avec ses politiciens de gauche ou de droite, ses syndicats, ses réseaux corrompus de hauts fonctionnaires en surnombre, démontre une totale incompétence dans le domaine industriel ou économique. Entre incompétence et co...

à écrit le 13/12/2011 à 9:42
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bloquer le plan social ? c'est pourtant ce qu'il va se passer avec la suppression de 20 réacteurs en France.Le renouvelable ne pourra pas produire les 20.000 megawatts manquant dans 10 ans,ni créer les emplois en substitution.

à écrit le 13/12/2011 à 8:42
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Les syndicats soutiennent les verts (vertsPS) qui soutiennent l'arrêt du nucléaire, mais veulent conserver les effectifs d'Areva ! Cherchez l'erreur ! La destruction du nucléaire, l'un des fleurons de notre économie, sera coûteuse en emplois si elle ...

à écrit le 13/12/2011 à 7:53
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Je croyais que le nucléaire, c'était l'indépendance énergétique de la France... Et là on parle de mines d'Uranium en Afrique et en Australie... Ça alors !

le 13/12/2011 à 8:54
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Ne faites pas l'innocent. Personne n'a jamais dit que la France serait indépendante à 100% énergétiquement. Mais avec l'uranium elle l'est beaucoup plus qu'avec le pétrole ou le gaz. Areva : encore un domaine géré par l'État où ce dernier aurait dic...

le 13/12/2011 à 9:08
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Et du Kazakhstan et encore bien d'autres endroits, sauf en France. L'uranium est comme le petrole, une matiere premiere que la France importe et deviendra dépendante pendant que d'autres pays auront developpe leur indépendance energetique

le 13/12/2011 à 9:34
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ç'a n'est pas exact, car areva est le premier producteur d'uranium au monde .

le 13/12/2011 à 9:35
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Non car l'uranium est et restera un combustible bon marché. Ce qui coute cher c'est de faire les centrales, pas d'acheter de l'uranium.

à écrit le 13/12/2011 à 7:36
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Il ne suffit pas de dire "je suis contre le nucléaire!" encore faut-il informer les électeurs des conséquences sociales, énergétiques et stratégiques!

le 13/12/2011 à 11:23
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Ces mêmes " je suis contre le nucléaire" sont aussi contre l exploitation d importants gisements de pétrole au large de la guyanne...

à écrit le 13/12/2011 à 7:15
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ils sont gentils, ils préparent le terrain pour l'ami François ! ça lui fera toujours ça de moins à virer...

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