Aux Etats-Unis, la relance du nucléaire avance lentement

Si les autorités américaines viennent de donner leur feu vert à la construction de nouveau réacteur, pour la première fois en 30 ans, le développement rapide du gaz de schiste limite la relance du nucléaire.
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Plus de trente ans après l'incident de Three Mile Island (photo), la relance du nucléaire prend forme aux Etats-Unis. Début février, l'autorité de sûreté nucléaire américaine (Nuclear Regulatory Commission) a en effet donné son feu vert - le premier depuis 1978 - à la construction de deux nouveaux réacteurs par Southern Company. Bâtis sur le site déjà existant de Vogtle en Géorgie, ils devraient être livrés en 2016 et en 2017 pour un coût estimé à 14 milliards de dollars.

"C'est un vote historique, se réjouit Marvin Fretel, président du lobby industriel Nuclear Energy Institute. C'est un signal fort que les Etats-Unis reconnaissent le développement l'énergie nucléaire comme une composante essentielle de la future énergie à faibles émissions de carbone". Une deuxième autorisation, portant sur deux réacteurs en Caroline du Sud, est également attendue au cours des prochains mois. L'aboutissement de ces procédures administratives, entamées depuis plusieurs années, coïncide avec le premier anniversaire de la catastrophe de Fukushima au Japon. "Ces évènements ont été pris en compte, assure Thomas Fanning, le patron de Southern Company. C'est un processus continu d'apprentissage". Ces nouveaux réacteurs ont également été dessinés de manière à résister à l'impact d'un avion de ligne.

Reste que les doutes ne sont pas tous levés. Gregory Jaczko, le président de la NRC, a ainsi décidé de voter contre cette autorisation. "Un jour avant Fukushima, tous les spécialistes auraient dit qu'un tel scénario n'était pas crédible et qu'il ne fallait pas être inquiet. Cet accident a démontré les conséquences potentielles de cette forme de complaisance, a-t-il justifié. Sachant cela, je ne peux pas appuyer la remise de ces licences, comme si Fukushima ne s'était jamais produite. À mes yeux, c'est ce que nous sommes en train de faire". La relance du nucléaire américain a été amorcée par George Bush en 2005, avec comme objectif la construction de deux réacteurs d'ici à 2010. D'abord hésitant, Barack Obama avait par la suite poursuivre dans cette direction, jugeant le nucléaire comme "une étape nécessaire" afin de réduire la dépendance des Etats-Unis à l'énergie fossile.

En février 2011, un mois avant la catastrophe japonaise, la Maison-Blanche avait ainsi autorisé la garantie de quelques 8 milliards de dollars de prêts consentis par Southern Company. Et le montant de l'enveloppe totale destinée à l'ensemble des acteurs du nucléaire avait été multipliée par 3, à 55 milliards de dollars. Les évènements de Fukushima ont depuis incité le président à se montrer plus prudent et à insister sur la sécurité des réacteurs. Si le processus est désormais engagé, il connaît également ses limites. Selon les experts, seulement 5 réacteurs pourraient voir le jour d'ici à 2020. Pourtant, de nombreux projets ont été déposés ces dernières années. Mais beaucoup ont été retirés avant même d'être examinés par la NRC, la faute à un modèle économique de plus en plus incertain.

Le développement rapide des exploitations de gaz de schiste ont fait chuter les prix à des niveaux extrêmement bas, favorisant les centrales à gaz, moins chères et moijns compliquée à construire. Et aussi moins décriées. Plusieurs associations ont ainsi déposé un recours contre le permis accordé à Southern Energy, ce qui pourrait entraîner des retards et surcoûts. "Ce projet constitue un test important sur la capacité de l'industrie nucléaire à construire de nouveaux réacteurs, estime Joe Romm du think thank Center for American Progress. Il va influencer le sentiment des autres entreprises, des régulateurs, des politiques et des consommateurs sur les investissements nucléaires".

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