Pétrole : l'Arctique attire de plus en plus alors que les difficultés d'exploitation s'accumulent en mer du Nord

La Norvège projette d'ouvrir 86 blocs offshore à l'exploration pétrolière dans l'Arctique, nouvelle terre promise des compagnies pétrolières, a annoncé le gouvernement norvégien ce vendredi. La mer du Nord, elle, semble promise à un avenir de plus en plus coûteux au fur et à mesure de l'épuisement des champs existants.
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Le ministère du Pétrole et de l'Energie entend ouvrir à la prospection 72 blocs en mer de Barents et 14 autres en mer de Norvège, tous intégralement ou partiellement au Nord du cercle polaire arctique. "La proposition (...) montre très clairement que les activités pétrolières progressent vers le nord", a déclaré le ministre du Pétrole Ola Borten Moe dans un communiqué.

Engouement croissant pour le Grand Nord...

Cet engouement croissant pour le Grand Nord fait suite à la découverte par le groupe norvégien Statoil de deux gros gisements pétroliers jumeaux, Skrugard et Havis, susceptibles de contenir entre 400 et 600 millions de barils équivalent-pétrole (mbep). Conjointement avec les français Total et GDF Suez notamment, Statoil exploite déjà le gisement de gaz Snoehvit dans la région, où l'italien Eni travaille aussi au développement du champ pétrolier Goliat.

... alors que l'avenir du pétrole dans la mer du Nord s'annonce de plus en plus coûteux

Si l'Arctique attire de plus en plus les exploitants, la mer du Nord semble promise à un avenir moins radieux. Elle n'a pas encore livré sa dernière goutte de pétrole mais, face à l'épuisement des champs existants, l'exploitation de nouvelles réserves s'avère de plus en plus complexe et coûteuse, soulignent les experts.

Alors que l'attention des médias se focalisait sur une plateforme de Total en mer du Nord, victime d'une importante fuite de gaz, une conférence réunissait cette semaine à Aberdeen, en Écosse, une centaine de professionnels de l'énergie pour dresser les perspectives selon eux "brillantes" des hydrocarbures "made in UK". Pourtant, les chiffres ne sont pas spécialement rassurants: la production britannique de gaz et de pétrole a chuté de 54% entre 2000 et 2010, et des projections gouvernementales tablent sur un effondrement supplémentaire de 60% d'ici à 2030...

Effritement de la production

Côté norvégien, la production d'hydrocabures n'a reculé que de 5% ces dix dernières années, mais l'essor des champs de gaz peine de plus en plus à compenser l'effritement de la production de pétrole. "Il y a des nuages à l'horizon, mais les perspectives restent bonnes car des découvertes majeures ont été faites ces dernières années", a cependant avancé Nils Helge Sorgard, responsable du développement de la société énergétique Winterhall Norge.

De fait, selon des estimations officielles, les réserves exploitables britanniques en mer du Nord représentent un potentiel d'environ 7,8 milliards de barils de pétrole et 4,2 milliards de barils équivalents-pétrole (boe) de gaz, soit 15 années au rythme actuel de production.

Une manne difficile à exploiter

Oslo estime pour sa part que 60% des réserves probables en hydrocarbures dans les eaux norvégiennes restent à pomper, soit plus de 40 milliards de boe. Cette manne n'est pas pour autant à portée de main. "Le pétrole facile, c'est terminé. Désormais, ce sont des réserves plus difficiles d'accès et donc plus coûteuses à exploiter", a expliqué à l'AFP Tim Davies, responsable de l'exploration en mer du Nord chez Premier Oil.

A l'ouest des îles Shetland, bien au nord des côtes britanniques, une série de champs gaziers prometteurs pose "des défis colossaux", a ainsi souligné Garry Dempster, responsable du développement chez DONG Energy. A 200 km de tout rivage, il faut y forer à plus de 600 mètres de fond, "dans un environnement déchaîné, avec des vagues de 30 mètres de haut et des vents violents", explique Garry Dempster, dont la compagnie prépare dans cette zone le développement d'un champ de 220 millions de boe.

Pour autant, le pétrole dans la mer du Nord ne semble pas promis à une fin proche. Sans aller jusqu'aux Shetland, "même dans les régions déjà largement explorées, on peut encore découvrir des réserves jusque-là mal estimées", a tempéré Tim Davies.

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Commentaire 1
à écrit le 30/03/2012 à 11:10
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