EDF lance à son tour un fonds de capital risque dans les cleantechs

L'électricien met 30 millions d'euros dans un fonds destiné à investir dans des start up actives dans l'énergie. Associé à Allianz, EDF cherche d'autres partenaires et vise à terme un fonds de 90 millions. Une initiative déjà lancée par Total, GDF Suez, Alstom ou encore Schneider.
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Bernard Salha, directeur de la recherche et développement d'EDF, en convient. « Les équipementiers disposent déjà d'outils similaires. C'est normal car ils cherchent à développer des produits. Nous, nous cherchons à développer des services. Peu d'électriciens se sont encore lancés », affirme-t-il. Après Schneider, effectivement précurseur dans ce domaine, Alstom, Suez Environnement ou encore Total, EDF a annoncé mardi la création d'un fonds de capital risque destiné à « créer un écosystème innovant de technologies cleantech ».
En clair : l'électricien met 30 millions d'euros dans le fonds Electranova Capital qui sera géré par la société spécialisée Idinvest Partners (ex AGF Private Equity) afin d'investir, à hauteur de 30% maximum, dans de toutes jeunes sociétés qui développent des technologies innovantes dans l'énergie. EDF cherche des partenaires dans ce projet. Allianz a déjà décidé d'investir 10 millions. « Des discussions approfondies sont en cours avec d'autres partenaires de renom souhaitant être associées », précise EDF. Le fonds, prévu initialement avec une capacité d'investissement de 60 millions, devrait être porté à terme à 90 millions.

100 millions d'euros par an dans l'innovation
« Si Idinvest dispose d'une totale autonomie, nous avons très strictement délimité le périmètre des technologies, autour de l'énergie », précise Bernard Salha. La production d'énergie centralisée, les réseaux, les services autour des compteurs intelligents, les batteries, les véhicules électriques (charge...), les énergies renouvelables font partie des sujets sur lesquels EDF scrute avec intérêt les innovations. « Outre l'investissement direct, nous pourrions aller jusqu'à participer à des démonstrateurs industriels, puis passer des contrats », précise le responsable. EDF espère annoncer les premiers « deals » de Electranova Capital dans les « prochaines semaines ».
« EDF va consacrer 100 millions d'euros par an sur les cinq prochaines années à accompagner l'innovation », précise Thomas Piquemal, directeur exécutif d'EDF en charge des finances. Outre ce fonds, EDF réalise des investissements en direct dans des projets identifiés par sa direction R&D et s'est engagé à investir dans deux autres fonds de capital risque spécialisés dans les cleantechs, l'un en Chine, l'autre au Canada. Par ailleurs, depuis presque toujours, EDF investit dans des sociétés plus matures, via le fonds de capital développement Edev. Celui-ci détient des participations dans une soixantaine d'entreprises, dont Corys (simulateurs pour le nucléaire) ou Oxand, spécialisée dans le vieillissement des enceintes de confinement des réacteurs.

Schneider s'est lancé en 2000
Pionnier en la matière, Schneider Electric a lancé Aster Capital, en 2000. Aster Capital deux fonds d'investissements qui sont présents au capital de 23 start up : le premier SEV 1 (Schneider Electric Ventures), doté de 50 millions d'euros (entièrement investi), est financé en intégralité par Schneider Electric ; le second Aster II, lancé en 2010, doté actuellement de 85 millions d'euros, est financé par Schneider Electric (40M?) et Alstom (30M?), rejoints par Solvay Rhodia (15M?) en 2011. Il devrait passer la barre des 100 millions d'euros dans les prochaines semaines.
Aster II a pour l'heure investi environ 7 millions d'euros dans trois entreprises : Optiréno (rénovation écologique d'habitat individuel), Ioxus (qui conçoit des supercondensateurs capables de stocker et délivrer rapidement de grandes quantités de puissance, utilisés dans les bus hybrides, les éoliennes, les onduleurs...) et Avantium (qui développe des composants constituant une alternative aux produits issus de la pétrochimie).
Suez Environnement a lancé en novembre 2010 son fonds du même type, Blue Orange, doté de 50 millions d'euros. Il a investi dans Redox Maritime Technologies pour développer une nouvelle technologie de traitement des eaux de ballast, ces eaux utilisées à bord des navires qui « deviennent un enjeu écologique international majeur », selon la filiale de GDF Suez. Blue Orange a également investi dans un projet du groupe en Grande Bretagne, qui avec Cynar, travaille sur la transformation de déchets plastiques en carburant diesel.

Total a investi dans six start up depuis 2008
Laissant l'approche innovation à sa filiale Suez Environnement, GDF Suez a, elle, opté pour le financement de projets visant à aider des populations défavorisées à accéder à l'énergie, avec un fonds de 100 millions d'euros lancé en 2011, Rassembleur d'energie.
Total, pour sa part, dispose d'un outil similaire depuis 2008, baptisé Total Energy Venture, dont la dotation n'est pas rendue publique. Ce fonds a investi « plusieurs dizaines de millions d'euros » dans six start-up travaillant sur des sujets intéressant directement Total : Gevo (bio butanol), Coskata (conversion de gaz de synthèse notamment issus de biomasse en alcools pour des usages carburants ou pétrochimie), Elevance (valorisation d'huiles renouvelables en produits chimiques), Agilyx (conversion de plastiques usagés en brut de synthèse), EnerVault (stockage stationnaire d'énergie de grande capacité), NanoH2O (membranes pour dessalement d'eau à moindre consommation d'énergie). Le fonds de Total participe également à Ecomobilité Ventures, la première société d'investissement consacrée à la mobilité durable, créée en 2011.


 

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Commentaires 3
à écrit le 16/05/2012 à 16:29
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de la veille technologique avec l'argent des autres, bien vu. subventions impôts recherche, niches fiscales, et à la fin on peut controler les compétiteurs potentiels. du grand art.

à écrit le 16/05/2012 à 16:26
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il faut espérer que le travail sur le smartgrid aboutira à quelquechose de meilleurs que les Linky en photo qui ont "l'intelligence" d'un poisson rouge. et ne serviront qu'à faire payer plus en heures pleines! mais pas à aider à réguler la production...

à écrit le 15/05/2012 à 18:09
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Finement fait. La France et ses entreprises a toujours utilisé l'argent allemand payé à 5 % pour conquérir des positions qui lui rapportent 40 %. La Deutsche Bank en a longtemps été l'instrument avant de se voir distancée puis dans l'état actuel coul...

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