BP prêt à faire une croix sur la Russie... et un quart de ses réserves

Le géant britannique annonce vendredi qu'il envisage de vendre ses 50% du pétrolier russe TNK-BP, embourbé dans un interminable conflit avec un groupe d'oligarques.
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BP a provoqué la surprise générale en expliquant vendredi étudier une proposition de rachat venant de ses coactionnaires de TNK-BP. « A la lumière [de l?offre de rachat] et des accords entre actionnaires, BP a signifié au consortium AAR [regroupant Mikhaïl Fridman et les milliardaires Viktor Vekselberg, Len Blavatnik et Guerman Khan] son intention de considérer la vente potentielle de sa part ». Pour autant, BP n?apporte aucune garantie que la transaction aura lieu ni la moindre intention de quitter le secteur pétrolier russe. Jusqu?ici, le pétrolier britannique tentait au contraire de monter au capital de TNK BP, le troisième pétrolier russe, qui lui fournit presque un quart de sa production globale et de ses réserves de brut. Créée en 2003, TNK-BP est détenue à parité par BP et par le consortium russe Alfa Access Renova (AAR).

 La formule 50/50 a fait long feu

Ces derniers mois, les désaccords entre actionnaires britanniques et russes avaient atteint une intensité qui perturbait le fonctionnement opérationnel du pétrolier TNK-BP. Lundi dernier, le PDG milliardaire de TNK-BP Mikhaïl Fridman annonçait à la surprise générale qu?il quittait son poste, frustré du fait que « la construction actuelle [à parité] ait cessé de répondre aux intérêts des deux parties ». En d?autres termes, la formule 50/50 a fait long feu. « Le départ de Mikhaïl Fridman a été une réaction aux événements internes et à l?impossibilité de gérer correctement la société » explique l?expert indépendant Gregori Birg. « C?est aussi le signe qui des changements dans la structure de propriété sont inévitables à court terme ».

Aujourd?hui, la valorisation de la part de BP est estimée autour de 35 milliards de dollars par les experts. Pour Daria Kozlova, analyste chez Rye, Man & Gor Securities, deux acheteurs sont en lice : AAR et le pétrolier d?Etat, Rosneft. « En dépit de son énorme programme d?investissement  (70 milliards de dollars),  Rosneft a les moyens de financer cette acquisition », affirme l?analyste, qui pense qu?AAR a aussi les moyens de financer l?acquisition.

Un coup de bluff?

Après le retour tout récent à la tête de Rosneft d?Igor Setchine, un proche allié de Vladimir Poutine connu pour sa volonté de consolider le secteur pétrolier sous l?aile de l?Etat, l?annonce de BP a soulevé un vent de spéculation. Serait-ce un coup de bluff de BP ? « C?est soit une tentative de bloquer une OPA sur TNK BP, soit la volonté de montrer au gouvernement russe que le départ d?un gros actionnaire étranger du secteur pétrolier peut avoir un effet très négatif sur l?image du pays. Il est probable que Rosneft fasse déjà pression [sur TNK-BP] pour en racheter au moins la moitié ».

Rosneft a déjà eu maille à partir avec TNK-BP, et Setchine cherche peut-être à prendre sa revanche. En janvier 2011, BP avait signé une alliance stratégique pour explorer l?Arctique avec Rosneft. Mais AAR, qui aurait du être invité avec TNK-BP avait torpillé l?accord. Frustré, Rosneft a finalement choisit l'américain ExxonMobil, pour explorer les très prometteurs gisements Arctiques. Il n?est pas exclu que BP soit tenté d?échanger sa part problématique dans TNK-BP avec Rosneft pour revenir dans la course aux gisements Arctiques.

 

 

 

 

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Commentaires 5
à écrit le 03/06/2012 à 2:03
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Un peu hors sujet, mais je suis tellement fier que Poutine vienne de remettre en place Hollande en signalant que Bashar el Assad était venu plus souvent à Paris qu'à Moscou. Beaucoup ne savent pas que la politique de la Russie est la non-ingérence da...

le 19/06/2012 à 12:36
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M'ouais si y a une chose que je reconnais chez Poutine c est sa trés grande intelligence et en bon joueur d echecs il joue en pensant 6-7 coups en avance En tous les cas les contrats d armements russes sont bien installés en Syrie ak47 et 74 pour les...

à écrit le 02/06/2012 à 16:50
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BP, dans le trio de tête des plus grandes entreprises du monde songe bien fort à l'après pétrole. Cette cession de netoyyage prélude-t-elle à une fusion avec Shell ?

à écrit le 01/06/2012 à 19:58
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Est-ce un hasard que l'auteur de l'article ait choisi le panneau de l'Avenue de la paix ????

le 02/06/2012 à 20:45
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+1, excellente remarque, coincidence de la part de l'auteur ?

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