Nucléaire : l'Espagne ferme une centrale, la Pologne veut en ouvrir une

Les positions divergent en Europe sur le nucléaire. L'Espagne vient de décider de fermer sa plus ancienne centrale. La Pologne tente désespérément de réunir les moyens financiers pour s'en offrir une.
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Alors que Madrid venait de l?autoriser à solliciter une prolongation jusqu?en 2019 de sa centrale nucléaire de Garoña, l?exploitant Nuclenor (contrôlée à parts égales par Iberdrola et Endesa) vient de jeter l?éponge. Ce réacteur, le plus petit (466 MW) et le plus ancien d?Espagne (mis en service en 1971) devrait donc cesser son activité en juillet 2013, après 42 ans de fonctionnement, a annoncé Nuclenor jeudi.

L'Espagne est revenue en 2011 sur sa décision de sortie du nucléaire

L'exploitant a justifié sa décision de ne pas demander une rallonge - dont le principe avait pourtant donné lieu à une bataille dans ce pays qui a fait volte-face sur le nucléaire, en évoquant son incertitude concernant "les nouvelles conditions qui pourraient être établies pour l'activité de production nucléaire, dans le cadre de la réforme énergétique qui doit être approuvée par le gouvernement". En clair, cette réforme, attendue dans les prochains mois, est redoutée par les professionnels du secteur car elle doit notamment modifier les tarifs et les taxes imposées aux différentes sources d'énergie.

L?Espagne, équipée de 6 réacteurs qui fournissent 20 % de son électricité, avait voté en 1984 la sortie du nucléaire. C?est-à-dire "l?arrêt des centrales existantes à 40 ans". En février 2011, un amendement ouvrait la porte à une prolongation de dix ans. Un mois après, l?accident de Fukushima venait refroidir ces ardeurs. Cependant, Madrid campe sur ses positions de prolongation afin d?alléger la facture pétrolière au moment où le pays s?enfonce dans la récession. Las. C?est l?électricien, finalement, qui juge que les conditions financières d?exploitation ne sont pas réunies.

Varsovie avait construit une moitié de réacteur à la fin des années 80

En Pologne, le gouvernement se bat depuis des années pour tenter de construire une centrale nucléaire. Ce jeudi, Varsovie a annoncé la coopération de quatre grands groupes contrôlés par l?Etat, actifs dans l?énergie et les mines, afin de construire et exploiter la première centrale nucléaire de ce pays. Désireux de diminuer la part du charbon, qui assure 90 % de l?électricité du pays, et de s?assurer une meilleure sécurité énergétique, Varsovie veut désespérément des réacteurs.

Ce n?est pas nouveau. En 1982, un premier projet avait été lancée à ?arnowiec. La loi le permettant a été votée le 10 avril 1986, 15 jours avant Tchnernobyl ! Au moment de l'abandon officiel, en 1990, 40 % du bâiment réacteur avait été construit. Et plus de la moitié du budget dépensé. Plus récemment, Varsovie a affiché de vastes ambitions : le gouvernement veut bâtir deux fois 3.000 MW, avec une première mise en service en 2020. En visant une part du nucléaire dans la production électrique de 36 % d?ici à 2030. Sauf qu?aucun électricien polonais n?a les moyens de financer les quelques 5 à 6 milliards d?euros nécessaires pour construire, par exemple, un EPR.

La Pologne cherche un exploitant avec des moyens

Varsovie a d?abord tenté de vendre un de ses électriciens, Enea, à un exploitant nucléaire. GDF Suez et EDF étaient sur les rangs. Finalement, l?opération, compliquée, ne s?est pas faite. Puis le gouvernement a voulu fusionner deux autres électriciens, PGE, le plus grand avec Energa. Bruxelles s?est opposée à l?opération au printemps dernier. D?où la coopération annoncée ce jeudi entre PGE, Tauron Polska Energia, Enea et le géant du cuivre KGHM. Désormais la première mise en service est prévue en 2023, voire 2024. Ce qui n?empêche pas les trois grands constructeurs internationaux d?être sur les rangs : les français EDF/Areva, le groupe américano-japonais Toshiba Westinghouse et le consortium américano-japonais GE Hitachi.

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Commentaires 2
à écrit le 09/11/2012 à 12:07
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Il faut plus de nucléaire, et tant mieux donc si la Pologne veut en ouvrir une! Il faut dire non à des inutilités comme... le renouvelable, qui prend de la place, qui est cher et qui ne produit rien, par exemple, ou le gaz, qui pollue. Ce qui serait ...

à écrit le 09/11/2012 à 9:20
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J'HABITE EN POLOGNE. LES GENS En Pologne NE veulent pas la nuclaire ICI!!!! mais le gouvernement et les grandes entreprises veulent une. AIDEZ-NOUS!!!

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