Hornaing, petite commune du Nord, sous le choc après l'abandon du projet d'E.ON

E.ON France vient d'abandonner brutalement le projet de centrale à gaz qui devait venir prendre le relais de sa tranche charbon qui emploie près de 100 personnes à Hornaing. Une décision qui laisse sous le choc cette commune de 3.500 habitants, explique son maire Frédéric Delanoy qui vient d'adresser une lettre ouvert au patron d'E.ON France.
Démolition de 2 tours de refroidissement d'une centrale au charbon en Chine Copyright Reuters

« Une décision catastrophique qui entraîner la suppression de près de 250 emplois directs et indirects dans une région encore marquée par la fermeture de l'usine Usinor de Denain, une région qui souffre d'un taux de chômage très supérieur à la moyenne nationale », déclare à La Tribune Frédéric Delanoy, maire d'Hornaing (Nord). Cette petite commune du Valenciennois, jadis au c?ur du bassin houiller, est sous le choc.

Une annonce par mail aux salariés du site

Le 28 septembre dernier, le géant allemand de l'énergie E.ON, qui exploite les centrales charbon de la SNET, l'ex filiale électrique des Charbonnages de France, envoie un mail aux 86 salariés de la centrale d'Hornaing pour les informer que, non seulement la dernière tranche charbon du site fermera dès 2013, mais encore que le projet de centrale à gaz, mené par E.ON depuis des années pour prendre le relais sur le site, est abandonné. C'est la consternation et l'indignation. « On est choqué par la méthode mais surtout on ne comprend pas ce revirement », déclare Frédéric Delanoy.

L'arrêté d'exploitation venait juste d'être signé

Le préfet du Nord venait en effet tout juste de signer fin août l'arrêté d'exploitation de la centrale à cycle combiné à gaz, un projet de 300 millions d'euros qu'E.ON avait hérité de l'ancien propriétaire l'électricien espagnol Endesa. « E.ON avait déjà investi 30 millions d'euros sur ce projet, notamment pour raccorder la centrale sur le réseau de gazoducs de GRT Gaz », souligne Frédéric Delanoy. Et la rentabilité prévue par E.ON pour ce projet les 10%, affirme-t-il.

EDF commence la construction d'une centrale gaz à quelques kilomètres

E.ON justifie cet abandon par le prix du gaz et les nouvelles conditions de fonctionnement du parc électrique français (notamment liées aux énergies renouvelables) qui ne permettent plus d'assurer la rentabilité d'une centrale à cycle combiné. Pas de chance pour le groupe allemand, au même moment, EDF lance la construction d'une centrale à gaz, à quelques kilomètres de là, à Bouchain. Elle devrait entrer en fonction en 2015, au moment où ses anciennes centrales charbon sont condamnées, ainsi que celles d'E.ON, par les normes de rejet de polluants qui rentreront en vigueur.

« EDF va tester à Bouchain une centrale à gaz à haut rendement. Mais nous avons déjà testé ce modèle de General Electric en Allemagne », expliquait récemment Luc Poyer, patron de E.ON France lors d'une conférence de presse. « Le raccordement au gazoduc va profiter à EDF », soupire le maire d'Hornaing.

Double peine pour Hornaing

Pour sa commune, c'est la double peine. Non seulement Hornaing va perdre les quelques 250 emplois directs et indirects liés à cette centrale, opérationnelle depuis 1958, mais encore la manne financière liée aux impôts locaux payés par E.ON. Cette commune de 3.500 personnes dispose d'une dotation de 1 million d'euros par an, tandis que le syndicat intercommunal auquel elle est rattaché chiffre à un million d'euros sur trois ans le manque à gagner. « Nous avons une piscine qui accueille les écoles de 18 communes un chalet de vacances dans le Doubs pour les nombreux enfants d'ici qui ne peuvent pas partir en vacances, un restauration scolaire qui dessert 10 communes... », liste le maire.

Un reclassement chez EDF qui veut embaucher 6.000 personnes en 2013

L'élu vient d'adresser au patron d'E.ON France une lettre ouverte dans laquelle il formule quatre demandes à l'électricien allemand. D'abor, favoriser le reclassement des salariés d'Hornaing chez EDF, à Bouchain notamment. Ce qui est également le souhait d'EON France. « La branche des industries électriques et gazière prévoit le reclassement des salariés. L'opérateur historique français a annoncé 6.000 embauches en 2013. Je suis sûr qu'il pourrait accueillir certaines des 215 personnes occupant les postes que nous allons supprimer en 2013/2014 », a déclaré Luc Poyer. Il a d'ailleurs rappelé que la SNET avait fait de même en 1997 pour des salariés d'EDF lorsque l'électricien avait fermé sa centrale à charbon de Pont sur Sambre (Nord).

Laisser la porte ouverte à un autre projet de centrale électrique

Ensuite, le maire d'Hornaing demande que les salariés « qui n'ont plus d'espoirs réaliste de retrouver un emploi » restent sur le site pour des missions « qui font appel à leurs connaissances, leurs compétences ». Frédéric Delanoy réclame également « des aides » pour indemniser les sous traitants de longue date, voire les communes, « victimes d'une décision pour le moins arbitraire ». Enfin, le maire demande à E .ON de « conserver au site tous ses atouts pour pouvoir repartir en production d'électricité » avant 2020, date à laquelle tout le monde s'accorde à prédire une pénurie de centrales gaz en France. « Monsieur le président directeur général, ne laissez pas mourir ce projet de cycle combiné gaz qui remplissait fin août tous les critères les plus exigeants d'E.ON », conclut-il.

 

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Commentaires 9
à écrit le 17/10/2012 à 22:12
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Saint Montebourg, voilà de nouveaux "clients" pour vous !!! au boulot ! hop !

à écrit le 17/10/2012 à 18:26
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c'est le bal des pleureuses dans ce pays , ça l'a toujours été mais depuis qqs mois c'est le pompon

à écrit le 17/10/2012 à 18:11
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Il n'est pas question de rigidités dans le marché du travail comme certains se plaisent à le ressasser ! Dans le domaine des énergies , nous sommes à un tournant : les fossiles pas chers sont désormais derrière nous ! Devant nous : le tryptique énerg...

le 17/10/2012 à 18:31
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Créateur d'emplois? pas en France en tout cas. En cas de doute, on en reparlera quand Eon aura décidé de son implantation. Le changement ce n'est pas pour maintenant :)

à écrit le 17/10/2012 à 18:09
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Ouin, mes emplois. Ouin, mon argent. Ouin, qu'est-ce que je vais devenir ? Ben Frédéric, t'es au PS, non ? (Note bien que tu serais à l'UMP ce serait pareil). Et tu t'étonnes de voir que les étrangers ne veulent plus investir en France ? Tu ne vois v...

à écrit le 17/10/2012 à 17:57
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Forcément, avec une telle pression fiscale (merci le budget 2013), incertitudes économiques et rigidité du marché du travail, les entreprises n'investissent plus en France. Ne croyez pas au père noël, ce ne sont pas les promesses d'électeurs qui fero...

à écrit le 17/10/2012 à 17:48
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Mais les investisseurs fuient la france à cause des coûts du travail, des taxes nouvelles pour les entreprises et un gouvernement anti-entreprises. Alors , il reste EDF, France telecom, SNCF, .... mais ce n'est pas avec cela que le chômage va redesce...

le 17/10/2012 à 18:02
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Toujours la faute des autres c'est pratique

le 17/10/2012 à 18:17
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Le Mr ne désigne personne en particulier, mais des mesures qui aggravent effectivement l'avenir de l'emplois en France. Arrêtez de regarder France 2, défendre ce gouvernement et ouvez un peu les yeux, nous sommes loin d'être sorti de crise.

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