Japon : le nouveau premier ministre promet la construction de nouveaux réacteurs

Quatre jours après son entrée en fonction, le premier ministre japonais Shinzo Abe a déclaré envisager la construction de nouveaux réacteurs, et ce malgré l'opposition d'une grande partie de la population au nucléaire depuis l'accident de Fukushima.
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Le nouveau premier ministre japonais Shinzo Abe ne perd pas de temps pour faire la démonstration de ses positions pro-nucléaires. Samedi, trois jours après son investiture, il s'est rendu sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Dès le lendemain, il promettait lors d'une allocution télévisée la mise en construction de nouveaux réacteurs dans le pays.

"Les nouveaux réacteurs seront différents"
"Les nouveaux réacteurs seront différents de ceux construits il y a quarante ans, de ceux de Fukushima Daiichi qui ont entraîné la crise", a expliqué le chef du gouvernement, d'après un extrait cité par le quotidien Mainichi. "Nous les construirons en expliquant au public à quel point ils sont différents, de façon à gagner sa compréhension", a souligné M. Abe, selon le journal Nikkei rapportant une autre citation de la même interview télévisée.


Cette promesse va au-delà des déclarations précédentes de Shinzo Abe, que la victoire des conservateurs aux élections du 16 décembre a porté au pouvoir, en remplacement du gouvernement centre gauche de Yoshihiko Noda. Le tout nouveau premier ministre avait jusqu'à présent simplement fait savoir qu'il accepterait le redémarrage des réacteurs jugés sûrs par l'Autorité de régulation. C'est sous l'autorité de son parti (Parti Libéral Démocrate), au pouvoir depuis les années 50 jusqu'en 2009, que s'est construit le parc nucléaire japonais.

"Toutes les autres centrales ont résisté au tsunami"
Parmi les 50 réacteurs du Japon, 48 sont maintenus à l'arrêt en raison des nouvelles mesures de sécurité exigées depuis l'accident de Fukushima, la pire catastrophe du secteur depuis celle de Tchernobyl (Ukraine) en 1986. Quelque 160.000 personnes ont quitté la région contaminée dont une partie est devenue totalement inhabitable et le démantèlement des réacteurs endommagés devrait durer une quarantaine d'années.


Dans l'interview télévisée, poursuivent les médias, Shinzo Abe a souligné que seule la centrale Fukushima Daiichi avait été endommagée par le tsunami provoqué par un séisme de magnitude 9 au large des côtes nord-est du Japon, et que toutes les autres dans la région avaient résisté. Les conservateurs estiment, comme le lobby industriel, que le Japon ne peut pour l'heure se passer complètement d'énergie nucléaire. Depuis l'accident de Fukushima, l'archipel a nettement augmenté ses importations d'hydrocarbures pour compenser l'arrêt de la quasi-totalité des réacteurs.

Le précédent gouvernement avait promis une sortie du nucléaire
Battu aux élections législatives de mi décembre, le gouvernement sortant avait promis pour sa part de sortir du nucléaire dans les années 2030. Des mouvements de gauche avaient même promis de cesser plus rapidement toute exploitation de l'énergie atomique. Malgré l'hostilité de la majorité de la population au nucléaire depuis l'accident de Fukushima, le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) a triomphé le 16 décembre en dépit d'un discours beaucoup moins critique vis-à-vis de l'atome.


"Le public semble s'inquiéter de la capacité du Japon à produire suffisamment d'électricité", a encore expliqué M. Abe sur TBS, d'après des propos rapportés par le quotidien Yomiuri. Pendant la campagne électorale, le PLD avait simplement promis de décider du redémarrage ou non de tous les réacteurs existants d'ici trois ans. "Les électeurs n'ont pas cru (les candidats) qui ont joué sur les mots en promettant « d'arrêter » l'énergie nucléaire ou d'en « sortir par le haut", a ajouté le nouveau Premier ministre.

Le parti au pouvoir responsable des failles dans la sécurité du parc
Des voix critiques jugent toutefois que le PLD porte une part de responsabilité dans la catastrophe de Fukushima. Elles estiment en effet que ce mouvement, au pouvoir quasiment sans interruption de la fin des années 1950 à 2009, a fermé les yeux sur des failles dans la sécurité de certaines centrales nucléaires, notamment sur la nature éventuellement sismique des zones où elles ont été construites.

 

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Commentaires 4
à écrit le 03/01/2013 à 21:09
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En un sens, c'est une bonne chose: cela prouve au monde qu'ils sont passés outre la catastrophe de mars 2011. On peut alors espérer une reprise de confiance de la part des autres pays envers le nucléaire. D'un autre côté, le risque là-bas est très él...

à écrit le 01/01/2013 à 0:23
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Si on veut faire progresser le débat, il me semble qu'il faudrait déjà expliquer à la population non-physicienne... 1) à quoi sont dus *très précisément* les risques d'une centrale nucléaires dans tel ou tel pays (toutes les centrales nucléaires dan...

le 01/01/2013 à 12:52
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Physicien ou pas, il reste qu'un réacteur nucléaire est potentiellement plus dangereux que toute autre forme de production d'électricité. En cas de problème, le périmètre de contamination est beaucoup plus conséquent.Imaginez une catastrophe type Tch...

le 02/01/2013 à 19:22
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@JB38, Les physiciens semble avoir séché les cours de stats pour ne pas s'apercevoir que leur gadgets on une fâcheuse, et beaucoup trop grande, tendance a l'instabilité. Il est cependant logique qu'ils défendent leur industrie, c'est une déformation ...

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