En ouvrant le géant pétrolier Pemex au privé, Mexico met fin à tout un symbole

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a présenté lundi un projet de révision constitutionnelle qui permettrait à la compagnie pétrolière nationale Pemex de nouer des partenariats avec des intérêts privés pour l'exploration et l'extraction d'hydrocarbures.
Des Mexicains manifestent contre un projet de réforme de la Constitution qui doit permettre à l'État de s'allier au secteur privé pour la prospection et l'exploitation des hydrocarbures au Mexique. Pemex, la société d'État en situation de monopole voit sa production se réduire et accuse des pertes. L'exécutif mexicain espère grâce à ce projet augmenter sa surface de financer et relancer sa production.

La fin d'une époque ? Sans doute. L'adaptation forcée aux exigences économiques de notre temps, assurément. En 1938, le général Làzaro Càrdenas, alors à la tête du Mexique, avait mis fin à l'emprise, jugée trop forte à l'époque, des entreprises privées sur les ressources pétrolières de son pays en créant la société pétrolière d'État en situation de monopole Pemex. Aujourd'hui, c'est à ces mêmes entreprises privées que le président mexicain Enrique Peña Nieto veut faire appel pour assurer la pérennité de la production d'hydrocarbures au Mexique.

Remettre en cause un monopole d'État qui date de 1938

Cette "réforme énergétique", qui ne prévoit toutefois pas d'ouverture du capital de Pemex, contrairement à ce qu'attendaient certains observateurs, propose également que soit autorisé l'octroi de "permis" pour que la compagnie puisse s'associer à des privés dans ses activités de raffinage, de pétrochimie, de transport et de stockage.

Pour que cela soit possible, une modification des articles 27 et 28 de la Constitution encadrant depuis 1938 le monopole de la compagnie nationale sur les activités pétrolières et gazières du Mexique, actuellement 10e producteur mondial de brut selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), sera nécessaire. 

La crainte de la privatisation des ressources considérées comme publiques

Si les trois principaux partis du pays soutiennent une réforme de Pemex pour dynamiser l'entreprise et les activités pétrolières du pays, la gauche s'oppose pour l'heure à toute modification constitutionnelle. Des manifestations ont d'ailleurs déjà été prévues ces prochains jours et semaines pour protester contre ce que les détracteurs de la réforme qualifient de "privatisation" des ressources publiques. "Le pétrole et d'autres hydrocarbures continueront à faire partie du patrimoine exclusif de la nation" et Pemex continuera à être à "100% propriété de la nation", a pourtant tenté de rassurer Enrique Peña Nieto.

"Au Mexique, nous produisons moins de pétrole et de gaz naturel malgré un investissement public qui a sextuplé ces 15 dernières années, pour atteindre près de 20 milliards de dollars annuels", a-t-il expliqué. Ainsi, pour explorer les réserves potentielles en eaux profondes dans le Golfe du Mexique, des opérations coûteuses et risquées, le ministre a souligné la nécessité d'attirer "des capitaux, de la technologie et des expertises" dans le cadre de ces associations.

Besoin de financements pour relancer la production

Selon le ministre de l'Energie Pedro Joaquin Coldwell, la réforme est principalement motivée par la nécessité de trouver de nouveaux gisements dans un contexte d'épuisement progressif des réserves conventionnelles du pays. Les réserves prouvées de brut au Mexique ont chuté de 31,2% entre 2003 et 2012, passant de 20 à 13,8 milliards de barils, selon des données officielles. 

Plus importante entreprise du Mexique, Pemex produit quelque 2,5 millions de barils de brut par jour (contre 3,4 en 2004). Si cette réforme était adoptée, le président mexicain a assuré que la production pétrolière du pays passerait à 3 millions de barils de brut par jour en 2018 puis à 3,5 à l'horizon 2025.

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