GDF Suez dément envisager une grosse acquisition

GDF Suez envisage jusqu'à 20 milliards de dollars d'acquisitions pour renforcer sa présence en Amérique latine.
"GDF Suez adorerait mettre la main sur AES Gener, la filiale d'AES en Amérique latine," a assuré une source à Reuters. (Photo : Reuters)

GDF Suez va croître principalement de façon organique et ne prévoit pas de grosse acquisition, a déclaré mardi son PDG, Gérard Mestrallet. Lors d'une présentation de ses voeux à la presse, il a également déclaré ne pas avoir fait d'offre de rachat du groupe pétrolier canadien Talisman Energy.

Des sources bancaires et industrielles avaient pourtant fait part à l'agence de presse Reuters du fait que le groupe gazier étudiait la possibilité de réaliser entre 10 et 20 milliards de dollars d'acquisitions hors d'Europe.

Selon ces sources, supposées être directement au fait du dossier, GDF Suez aurait passé en revue un certain nombre de dossiers de taille conséquente, parmi lesquels celui de l'électricien américain AES, alors que son PDG, Gérard Mestrallet, aurait pour ambition de réaliser une opération structurante avant sa retraite, en 2016.

Un premier échec avec Talisman

Le rachat de Talisman dans le cadre d'une offre de 17 milliards de dollars (12,5 milliards d'euros) aurait permis à GDF de changer de dimension dans l'amont en renforçant sa présence dans des régions en croissance en Amérique du Sud et en Asie.

Mais les deux parties ne seraient pas parvenues à s'entendre et la dernière tentative de GDF, sous la forme d'une offre écrite pour un rachat partiel début décembre, a été rejetée par le conseil d'administration de Talisman.

"GDF a offert un prix peu élevé pour les meilleurs actifs de Talisman donc il y avait peu de chances que ça marche", a dit l'une des sources. "C'est mort", a dit une seconde source directement au fait des discussions.

AES toujours dans le viseur

Talisman Energy et AES n'ont pas souhaité faire de commentaire. Ce dernier serait, lui, toujours dans le viseur de GDF en raison de sa présence dans des pays, comme la Colombie, où le français n'est pas présent, selon les sources.

Son deuxième actionnaire avec 8% du capital, le chinois CIC , par ailleurs partenaire de GDF, pourrait faciliter le financement de l'opération ainsi que le soutien des autres propriétaires du groupe américain, ont expliqué des banquiers.

GDF Suez a déjà envisagé par le passé d'acquérir AES avant d'opter pour une opération avec son concurrent britannique International Power, en 2010.

Une idée folle ?

"GDF Suez adorerait mettre la main sur AES Gener, la filiale d'AES en Amérique latine, mais elle n'a pas été mise en vente pour le moment", a dit un banquier du secteur. "GDF est cependant moins intéressé par les actifs régulés d'AES aux Etats-Unis".

Même avec le soutien de CIC, un rachat d'AES ou de Talisman pourrait nécessiter un effort financier considérable pour GDF, estiment certaines sources bancaires, alors que le groupe doit faire face à la pression des agences de notation pour réduire sa dette, proche de 30 milliards d'euros à fin septembre 2013.

"Ce serait de la folie aujourd'hui d'un point de vue financier", estime un banquier. "AES est une très bonne opération sur le papier et GDF Suez la réalisera très probablement au cours des cinq prochaines années, mais en temps de crise et avec leur endettement actuel, ce n'est simplement pas faisable."

Pas pour tout le monde

D'autres sources estiment cependant que l'obstacle financier pourrait être surmonté, par exemple par le biais d'offres en actions ou de levées de dette en monnaies locales dans les pays d'implantation des actifs d'AES.

"Une opération à 15 milliards de dollars est tout à fait faisable pour GDF Suez. Les banques ont très faim car il y a eu très peu d'opérations dans le secteur cette année, elles seraient donc tout à fait disposées à soutenir un nom comme GDF Suez", selon un banquier proche du groupe français. "Et elles savent qu'elles récupèreront leur argent. GDF est bon pour vendre des actifs".

Des actifs directement en Amérique latine

Outre Talisman et AES, GDF pourrait aussi convoiter des portefeuilles d'actifs en Amérique latine pour une valeur de cinq à 10 milliards de dollars.

Les actifs de Duke Energy en Amérique latine (pour une valeur de six milliards de dollars environ), de même que ceux de l'italien Enel dans la même zone géographique pourraient ainsi intéresser le groupe français. Duke Energy et Enel n'ont pas souhaité faire de commentaire.

Augmentation de capital ?

Certains banquiers estiment que GDF Suez pourrait lancer une augmentation de capital pour financer une opération d'envergure.

Mais une telle opération risquerait de diluer la participation d'environ 37% de l'Etat français et pourrait nécessiter une modification de la loi qui prévoit que l'Etat détient au minimum un tiers de GDF Suez, ce qui semble improbable avant les élections municipales de mars.

Faire pression sur le dividende

Une acquisition importante serait par ailleurs l'occasion pour GDF Suez de réduire un dividende qui pèse de plus en plus sur ses finances, estiment les banquiers.

Avec un retour aux actionnaires de 8,7% en moyenne contre une médiane à 4,9% pour son secteur selon les données Thomson Reuters, GDF Suez compte parmi les groupes du CAC 40 les plus généreux en la matière.

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Commentaires 2
à écrit le 21/01/2014 à 12:24
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Ah d'accord, c'est donc pour ça que l'on paye l'électricité et le gaz plus chers, c'est pour permettre au groupe de faire des acquisitions et de verser 10% des bénéfice en dividende. C'est beau la destruction du service publique et de la richesse fr...

à écrit le 21/01/2014 à 10:23
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Il n' y a pas de fumée sans feu....et dire qu' il manque 3 Md à Peugeot....bon on peu rêver....

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