5.000 milliards de dollars désinvestis des énergies fossiles en quinze mois

Près de 700 institutions de 76 pays, gérant pour 5.000 milliards de dollars d’actifs, sont sorties des énergies fossiles depuis septembre 2015.
Dominique Pialot
Les désinvestissements des énergies fossiles ont doublé en quinze mois.

Un an jour pour jour après l'adoption de l'Accord de Paris, le réseau Divest-Invest a rendu public ce 12 décembre le troisième rapport annuel Global Fossil Fuel Divestment and Clean Energy Investment Movement réalisé par Arabella Advisors, lors d'une conférence de presse internationale simultanée à New York et à Londres. Ces quinze derniers mois, 688 institutions de 76 pays, gérant un montant global de 5.000 milliards de dollars d'actifs, ont rejoint le mouvement de désinvestissement des énergies fossiles, doublant ainsi le montant des sommes désinvesties du secteur. Universités, fonds de pension, groupes religieux, organisations de santé, compagnies d'assurance et entités culturelles, entre autres, figurent au nombre des institutions qui s'engagent à désinvestir.

 Pape François et lauréats du prix Nobel

"Un an après l'adoption de l'Accord de Paris, accord historique sur le climat, il est clair que la transition vers un avenir énergétique propre est inévitable, bénéfique et bien engagée, et que les investisseurs ont un rôle clé à jouer, a déclaré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki- Moon. Je félicite l'annonce d'aujourd'hui stipulant que des milliards de dollars de financement sortent des sources d'énergie les plus riches en carbone pour se tourner vers des énergies sûres et durables. L'investissement dans l'énergie propre est la bonne chose à faire et constitue une façon intelligente de construire la prospérité pour tous, tout en protégeant notre planète et en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte."

Né il y a quelques années sur quelques campus américains, ce mouvement, qui s'était déjà développé de façon significative en amont de la COP21, compte parmi ses recrues les plus récentes le Trinity College de Dublin, 16 universités du Royaume-Uni, la Société islamique d'Amérique du Nord et l'American Public Health Association. Les secteurs qui ont historiquement propulsé le mouvement - les universités, les fondations et les organisations confessionnelles - représentent 75% des nouveaux engagements pris. Le rapport révèle l'ampleur du mouvement dans le secteur religieux à la suite de la publication de l'encyclique papale « Laudato Si », tout en précisant que toutes les religions sont également concernées.

Dernier coup d'éclat en date : la semaine dernière, à l'instigation des militants de la campagne Divest Nobel, 17 lauréats du prix Nobel du monde entier, dont l'archevêque Desmond Tutu, ont publié une lettre appelant la Fondation Nobel à rejoindre le mouvement.

Acteurs locaux et secteur privé

« À quelques semaines de la fin de l'année 2016, qui est l'année la plus chaude jamais enregistrée, le succès du mouvement de désinvestissement est indéniable », a déclaré May Boeve, directrice administrative de 350.org, l'association aux manettes du mouvement depuis ses origines, soulignant une fois de plus, le rôle joué par les acteurs locaux.

« Face aux impacts climatiques qui s'intensifient et à des gouvernements rétrogrades et indifférents au réchauffement climatique, comme l'administration Trump, il est plus important que jamais que nos institutions, en particulier à l'échelle locale, prennent leurs responsabilités pour libérer le monde de l'industrie fossile. »

Mais c'est surtout l'implication du secteur privé, grands fonds de pension, assureurs privés et banques, à hauteur de 4 500 milliards de dollars d'actifs, au nom des risques climatiques sur leurs portefeuilles de placement, qui constitue un tournant significatif. Les révolutions à l'œuvre dans les secteurs de l'énergie et des transports sous-tendent ce mouvement.

Particulièrement marquante, la déclaration de Lou Allstadt, un ancien vice-président exécutif de Mobil Oil : « Le fiduciaire prudent agit désormais afin de réduire le risque de ses portefeuilles. Le désinvestissement avance l'heure de la comptabilité finale qui montrera que les énergies fossiles sont mortes et que l'avenir est dans les énergies propres ».

Dominique Pialot

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Commentaires 2
à écrit le 30/12/2016 à 0:06
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Par curiosité, c'est 5 T dollars de moins sur un total mondial de combien ? Quelqu'un connait cette donnée ?

à écrit le 13/12/2016 à 9:18
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D'où l'intérêt de faire remonter artificiellement les cours, enfin l'intérêt pour les milliardaires hein, pas pour les consommateurs bien entendu.

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