Coup dur pour l'éolien en mer : Shell abandonne son projet au large de Belle-Île-en-Mer

Par latribune.fr  |   |  673  mots
Ce projet de 300 millions d'euros devait permettre de tester trois éoliennes flottantes. (Crédits : Ideol BW)
Deux mois après l'inauguration par le président Macron du premier parc français d'éoliennes en mer au large de Saint-Nazaire au cours de laquelle le chef de l'Etat avait manifesté la volonté d'accélérer le développement de l'éolien en mer tricolore, Shell qui, avec deux partenaires, devait installer un site pilote d'éoliennes flottantes au large de Belle-Île-en-Mer, a décidé d'abandonner.

Le parc d'éoliennes flottantes qui devait émerger au large de Belle-Ile-en-Mer, ne verra finalement pas le jour. Deux mois après l'inauguration par le président Macron du premier parc français d'éoliennes en mer au large de Saint-Nazaire, le groupe pétrolier Shell, en partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et le chinois CGN, ont décidé d'abandonner leur projet de site pilote d'éoliennes flottantes, selon nos informations confirmant celles des Echos, Les raisons invoquées : une hausse des coûts et des difficultés liées aux fournisseurs.

Ce projet de 300 millions devait permettre de tester trois éoliennes flottantes, une technologie vue comme l'avenir de l'éolien en mer, car elle permet d'installer des parcs plus en profondeur, notamment plus loin des côtes que les éoliennes rivées dans le plancher marin. Shell avait repris ce projet en 2019 en rachetant la société Eolfi, ex-filiale de Veolia et pionnier de l'éolien flottant.

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Mais deux déconvenues ont eu raison de ce parc. D'une part, le turbinier General Electric, qui devait fournir les éoliennes de 6 mégawatts (MW), s'est détourné du projet, se recentrant sur la fabrication d'équipements aujourd'hui plus puissants. Autre obstacle : le fabricant de flotteurs Naval Group, qui devait participer également au projet, a cédé son activité éolien flottantCombiné à la hausse des coûts généralisée et à la crise de l'énergie, cela ne permettait plus de construire un modèle économique soutenable.

De quoi ralentir les ambitions de la France qui compte sur la technologie flottante pour pouvoir répondre à ses ambitions : quelque 40 gigawatts (environ 50 parcs) d'ici 2050. Lors de l'inauguration du parc éolien de Saint-Nazaire fin septembre, le président de la République avait dit vouloir aller « deux fois plus vite » sur la mise en service de projets d'énergie renouvelable. « Le tout ENR (énergies renouvelables, ndlr) ne marche pas, le tout nucléaire ne marche pas », avait justifié Emmanuel Macron, souhaitant accélérer en même temps sur le nucléaire face aux besoins en électricité du pays qui vont augmenter de 40% d'ici 2050.

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Parc pilote d'éoliennes flottantes en Méditerranée

Si le site breton d'éoliennes flottantes ne verra pas le jour, un autre est cependant bien engagé en Méditerranée. Trois flotteurs, destinés à accueillir un parc pilote d'éoliennes flottantes au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône), à l'horizon 2023, ont été dévoilés lundi. Une fois ces flotteurs mis à l'eau débutera la phase d'assemblage, puis l'installation sur le site, à 17 km au large, prévue l'été prochain, selon EDF Renouvelables, porteur du projet.

Ces flotteurs, construits sur le site d'Eiffage Métal, à Fos-sur-Mer, seront reliés à 100 mètres de profondeur par des lignes tendues, plus stables que les ancrages caténaires utilisés jusqu'à présent dans l'éolien flottant, a détaillé Stéphanie St-Hill, directrice commerciale énergies renouvelables pour la société SBM Offshore. Cela permettra en outre d'avoir une empreinte au sol très réduite pour ce projet, dont les impacts sur la faune marine et les oiseaux ont été anticipés comme limités et seront suivis, a assuré Philippe Veyan, directeur de l'action territoriale et des autorisations chez EDF Renouvelables.

Les trois éoliennes devraient produire 25 MW dans cette zone industrialo-portuaire balayée par le mistral et la tramontane, soit de quoi fournir en électricité l'équivalent d'une ville de 45.000 habitants. Financé en partie par des fonds publics, ce projet à 300 millions d'euros, est voué à rester pilote afin de tester les flotteurs et les impacts notamment environnementaux pour affiner les appels d'offres commerciaux à venir, notamment en France. En Méditerranée française, on attend dans l'immédiat trois fermes pilotes : outre Provence Grand Large, le projet EolMed au large de Gruissan (Aude) et les éoliennes du golfe du Lion.

(Avec AFP)