Écologie : le budget 2019 maintient le cap de la montée en charge de la fiscalité verte

Par latribune.fr  |   |  773  mots
(Crédits : Gonzalo Fuentes)
L'Assemblée nationale a voté le budget du ministère de l'Ecologie qui atteindra 34,2 milliards d'euros en 2019. Malgré la grogne - relayée par l'ensemble de l'opposition - contre les hausses de prix des carburants, le gouvernement, par la voix du ministre en charge François de Rugy, est resté intransigeant, défendant le "verdissement de la fiscalité" comme "un levier de changement des comportements", et rappelant au passage le retard de la France, "classée 17e en 2016 sur 28 pays européens.

Après de vives polémiques avec l'opposition sur la hausse de la fiscalité verte, l'Assemblée nationale à majorité LREM a adopté dans la nuit de lundi à mardi le budget 2019 du ministère de l'Écologie, qui progresse de 1 milliards d'euros, à 34,2 milliards d'euros, soit une hausse de 3,1%.

L'un des grandes priorités de ce budget est la lutte contre le changement climatique dont l'un des leviers est la contribution climat énergie (CCE) qui donne un prix aux émission de CO2. Dans ce cadre, au 1er janvier 2019, les taxes sur le gazole augmenteront de 6,5 centimes par litre et celles sur l'essence de 2,9 centimes.

Mécontentement des automobilistes et du BTP

Mais cette fiscalité verte, assumée par le président Emmanuel Macron, suscite la grogne des automobilistes mécontents de la hausse du diesel en 2018 déjà partiellement due à la taxe écologique, certains appelant à bloquer les routes le 17 novembre prochain.

Mais cette grogne est partagée par les industriels du BTP qui ont mené des opérations escargots hier en Champagne-Ardenne pour protester contre la suppression de la taxation réduite sur le gazole non routier utilisé par les engins de chantier, une mesure votée le jeudi 28 octobre.

"Il faut assumer des choix pas toujours faciles", a reconnu le ministre de l'Écologie François de Rugy, défendant le "verdissement de la fiscalité" comme "un levier de changement des comportements".

Il a rappelé le retard dans ce domaine de la France, "classée 17e en 2016 sur 28 pays européens pour la part de la fiscalité environnementale dans la fiscalité globale".

Financement des renouvelables, de la prime auto et des transports

Parmi les autres mesures phares du budget 2019, 7,3 milliards d'euros (+ 1,3%) seront investis pour financer le développement de l'éolien, du solaire ou du biogaz.

Les ménages bénéficieront de l'augmentation de 50% des crédits de la prime à la conversion des véhicules (qui peut aller jusqu'à 2.500 euros) destinée à retirer de la circulation les véhicules anciens les plus polluants. Le bonus écologique est également conforté pour les véhicules électriques et élargi aux hybrides électriques rechargeables.

Enfin, les transports bénéficieront de 300 millions d'euros supplémentaires pour un budget de 7 milliards avec un accent mis sur l'entretien des réseaux existants et le développement du plan vélo (350 millions d'euros sur 7 ans).

Hausse du "chèque énergie" pour aider les plus précaires

Les plus précaires profiteront de la hausse de 150 euros à 200 euros du chèque énergie pour les aider à payer leur facture énergie.

Ce mardi matin, dans la foulée de l'interview d'Emmanuel Macron qui a fait part sur Europe1 de son souhait d'un renforcement de l'accompagnement des Français les plus modestes face à la hausse des prix des énergies fossiles, le ministre de l'Action et des comptes publics Gérald Darmanin a déclaré sur LCi qu'il comptait proposer une simplification et un élargissement du "chèque énergie" .

Cette aide destinée aux personnes non imposables peut être déduite des factures d'énergie (électricité, gaz...) ou de travaux de rénovation énergétique. Elle est distribuée à près de 4 millions de foyers mais 560.000 bénéficiaires ne s'en servent pas.

"La question qu'il faut poser, c'est maintenant est-ce qu'on doit aider les personnes qui sont imposables?", a dit Gérald Darmanin.

Une fronde qui a rassemblé toute l'opposition

Lors des débats à l'Assemblée hier soir, l'opposition n'a pas ménagé ses critiques contre cette hausse de la fiscalité verte dénoncée comme "punitive", "inégalitaire" et détournée de son objet.

"Comment voulez-vous que les Français acceptent cette fiscalité verte alors qu'ils savent que seul un quart de ces prélèvements sera affecté à l'amélioration de l'Environnement, le reste tombant dans le budget général de l'État", a lancé Martial Saddier (LR) dénonçant "un choc fiscal sans précédent".

Le socialiste Guillaume Garot abondait :

"Agir, ne peut pas être uniquement taxer, surtout ceux qui n'ont pas le choix de leur transport" (...) "La transition énergétique ne peut pas servir de prétexte à des mesures de rendement budgétaire", a-t-il ajouté.

Quant à Sophie Auconie (UDI-Agir), plaidant pour ceux qui dans le monde rural "ne peuvent se passer de leur automobile", elle s'exclamait :

"Entendez les cris et grognements de nos territoires."

Loïc Prud'homme (LFI) et Gabriel Serville (GDR) ont regretté que les recettes de la TICPE ne soient pas en totalité ou en majorité consacrées à la transition énergétique, François Michel Lambert (Libertés et Territoires) appelant à rétablir "une égalité des Français devant la mobilité".

(Avec AFP et Reuters)