L'extraction de sable suspendue dans la baie de Lannion

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dimanche dans la commune des Côtes-d’Armor pour protester contre les travaux d’extraction entamés par la Compagnie armoricaine de navigation, qui a finalement décidé de suspendre son activité. La ministre de l’Environnement avait reçu les opposants lundi à Paris
Dominique Pialot
Des manifestants protestaient ce dimanche 11 septembre à Lannion, contre les travaux d’extraction entamés par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN).

Article publié le 12 septembre, mis à jour le 13 septembre

Alors que le tribunal administratif de Rennes avait rejeté lundi dernier le recours déposé par plusieurs communes de la baie et une association environnementale pour demander la suspension des arrêtés autorisant l'extraction de sable coquillier en Baie de Lannion (Côtes d'Armor), la Compagnie armoricaine de navigation (CAN) a annoncé mardi qu'elle suspendait ses activités dans la baie.

Dans un communiqué, elle explique que "la CAN, dans un souci d'apaisement, décide de suspendre ses prélèvements jusqu'au prochain comité de suivi début novembre". Cette décision fait suite à l'annonce lundi par Ségolène Royal du lancement d'une inspection sur les conditions du chantier. En fonction des conclusions qui en seront tirées, le ministère de l'Environnement pourrait intervenir auprès du préfet sur l'opportunité de poursuivre le chantier.

Dimanche, plusieurs milliers de personnes (3.800 personnes, selon la police, 5.000, selon les organisateurs) avaient convergé  à Lannion. Ce sable est destiné à faire baisser l'acidité des terres agricoles en remplacement du maërl, une algue fossilisée naguère utilisée et désormais protégée. Les opposants au projet, parmi lesquels des pêcheurs inquiets des conséquences de ces travaux, brandissaient dimanche des pancartes  proclamant " Non au pillage, dune à défendre !", "Ne restez pas la tête dans le sable, sauvez-le !".

Les pêcheurs inquiets des conséquences

La Compagnie armoricaine de navigation (CAN), filiale du groupe Rouiller (spécialiste de l'extraction et le transport de matériaux siliceux issus de gisements marins) qui porte le projet depuis 2010, avait obtenu l'autorisation d'extraction en avril 2015.

La zone concernée, une dune sous-marine indispensable à la pêche selon les professionnels, représente une superficie de 4 kilomètres carrés environ. Selon le collectif citoyen "Peuple des dunes en Trégor", qui regroupe plusieurs dizaines d'associations et de fédérations, cette dune abrite en effet de nombreuses espèces de poissons. La concession est accordée pour une durée de 15 ans et le volume d'extraction est limité à 250.000 m3 par an.

Travaux d'extraction entamés de nuit

C'est le ministre de l'Économie de l'époque, Emmanuel Macron, qui avait accordé l'autorisation, mais il n'en a pas moins dénoncé les méthodes de la CAN. Celle-ci a en effet démarré l'extraction dans la nuit de mardi à mercredi, au lendemain même du rejet du recours. "Il n'est résolument pas acceptable de commencer l'exploitation à la sauvette", avait déclaré samedi Emmanuel Macron dans un entretien téléphonique avec l'AFP, préconisant "d'attendre, de suspendre le démarrage de l'extraction, d'ici la décision définitive du tribunal", puisque les opposants ont décidé de faire appel de la décision du tribunal administratif de Rennes devant le Conseil d'Etat.

Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor, a également fustigé cette façon de procéder : « Le fait de commencer en pleine nuit, c'est des méthodes de voyous. »

>> Voir aussi l'extrait du documentaire "Le sable : Enquête sur une disparition" par Arte.

Ségolène Royal propose son aide pour l'appel devant le Conseil d'Etat

De son côté, Ségolène Royal, qui a déjà qualifié cette décision de "grave écologiquement", avait rencontré les opposants lundi au ministère de l'Environnement.

"Je ne peux pas suspendre l'extraction, parce que c'est une  compétence qui relève du ministre de l'Industrie, a indiqué la ministre dimanche soir sur BFM TV. Mais je vais aider les associations et les élus à charpenter leur appel devant le Conseil d'Etat, je l'ai déjà fait une fois pour un autre site qui était gravement menacé", a-t-elle précisé. "Je vais leur donner les arguments pour qu'ils gagnent ce recours."

La ministre aura peut-être plus de poids dans ce dossier que dans celui des « boues rouges » (en réalité des résidus issus de l'extraction de l'alumine et incolores depuis quelques mois) déversées par la société Alteo en Méditerranée au large de Cassis. Comme elle l'a rappelé dans l'émission Thalassa diffusée le 2 septembre, elle n'avait alors pas obtenu gain de cause face au Premier ministre Manuel Valls.

Dominique Pialot

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Commentaires 7
à écrit le 13/09/2016 à 15:34
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Il y a trop de sable dans la Baie de Somme....

à écrit le 13/09/2016 à 8:59
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Ségolène R. peut elle .....? Rien du tout : pas plus que la cote méditerranéenne à sauver des boues rouges de Gardanne . La faute à "maintenir l'emploi " ...

à écrit le 13/09/2016 à 8:42
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Demandez au pédégé de la société d'extraction de racheter le littoral au prix fort. Vous verrez qu'il n'exploitera pas sous sa fenêtre. Le sable peut être considéré comme une ressource fossile et malheureusement il ne se renouvelle pas... Alle...

à écrit le 13/09/2016 à 7:01
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Et la baie de Somme est envahie pas le sable !

à écrit le 12/09/2016 à 18:34
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ZAD partout, puisque nos élus sont achetés par le milieu financier nous n'avons d'autres alternatives qu'à nous y opposer nous mêmes.

le 13/09/2016 à 12:53
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ZAD partout, chômeurs partout et qui va les payer ? L'Etat comme dirait un célèbre politique !!! Mais l'Etat c'est nous et si nous sommes chômeurs, cela devient la misère en spirale !! Très poétique.....

à écrit le 12/09/2016 à 13:37
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Macron et Valls n'ont décidément pas de notion élémentaire d'écologie. Cà fait bien trop longtemps que l'on rejette les boues toxiques dites rouges en Méditerranée déjà très polluée et sollicitée et dont les espèces disparaissent. Il n'y a certaineme...

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