La Banque mondiale plaide pour des objectifs de long terme à la COP 21

Une transition vers une économie zéro carbone est possible d’ici 2100, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale. Mais elle sera coûteuse pour les pays qui tardent à s’y atteler.
La Banque Mondial publie un rapport plaidant pour une "décarbonisation" de l'industrie.

Réduire à zéro les émissions nettes de carbone au niveau mondial d'ici à 2100. L'objectif défendu par la Banque mondiale dans son nouveau rapport « Decarbonisation du développement : trois étapes vers un avenir sans carbone » publié le 11 mai, « n'est pas de la science-fiction » prévient Stéphane Hallegatte, un de ses auteurs.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est d'ores et déjà un des principaux enjeux des négociations climatiques internationales. Mais la Banque mondiale recommande aux gouvernements des pays engagés d'aller plus loin en termes d'objectifs.

Objectif 2100

« Il est indispensable de s'inscrire dans cette trajectoire zéro carbone si nous voulons stabiliser le changement climatique » explique Stéphane Hallegatte, économiste senior au groupe sur le changement climatique de la Banque mondiale.

« Et il faut le faire d'ici à 2100 pour limiter le réchauffement climatique au 2 degrés Celsius » poursuit-il. « Aujourd'hui, nous savons comment y parvenir ».

Dans son rapport, la Banque mondiale détaille les différents leviers pour arriver à des émissions nulles au niveau mondial.

Les pays doivent mettre en place une série de mesures pour couper leurs émissions et atteindre le zéro carbone en 2100 : favoriser l'utilisation d'une électricité sans carbone produite grâce aux énergies renouvelables, utiliser l'électricité plutôt que les carburants fossiles notamment dans le domaine des transports, miser sur les économies d'énergies (efficacité énergétique des bâtiments et transformer ou conserver les forêts en puits de carbone.

« L'objectif est de ramener les émissions à zéro en 2100, et non de les réduire de façon marginale au cours des prochaines décennies. Cela implique des mesures très différentes, notamment une transformation structurelle et spatiale de nos économies », détaille Marianne Fay, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale pour le changement climatique et un des auteurs du rapport.

Et les premiers signes de cette transition sont déjà là. En 2014, les nouvelles capacités électriques installées issues des énergies renouvelables ont dépassé celles provenant des énergies fossiles.

Un changement de plus en plus cher

Si les mesures sont identifiées, la Banque mondiale met en garde les pays sur l'urgence de la transition à opérer. Les mesures nécessaires pour réduire les émissions nettes à zéro ne seront pas trop coûteuses si les États s'y mettent dès aujourd'hui, mais le coût augmentera si l'on tarde à agir.

Le rapport pointe qu'un report des mesures d'adaptation au changement climatique à 2030 augmenterait leur coût de 50 % à l'échelle mondiale pour la période 2030-2050, puis de 40% pour la période 2050-2100.

Autre argument du rapport, les objectifs de court terme annoncés sans objectifs de long terme par les pays favorisent le développement de solutions « bon marché », qui ne permettront pas d'assurer une trajectoire vers le zéro carbone à l'horizon 20100.

Négociations climatiques

Un appel qui s'adresse explicitement aux négociations climatiques en cours pour la préparation de la conférence mondiale sur le climat organisée à Paris, qui tentera d'arriver à un accord mondial sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de limiter le réchauffement de la planète à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

Et les pays qui doivent rendre leur contribution nationale en vue de la COP 21, puisque les premières copies tablent justement sur des objectifs de court terme. « Il ne faut pas perdre de vue l'objectif de longs termes à la COP 21, c'est le plus important » prévient Stéphane Hallegatte.

En effet, l'Union européenne s'est engagée à réduire de l'objectif de 40% ses d'émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, la Suisse a tablé sur une baisse de 50% à la même échéance, la Norvège 40%. De leur côté, les États-Unis se sont engagés sur une trajectoire de réduction comprise entre 26 et 28% d'ici à 2025

« Mais certaines contributions nationales, comme celle du Mexique, incluent un objectif à l'horizon 2050 » relève Stéphane Hallegatte.

Euractiv

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Commentaires 3
à écrit le 13/05/2015 à 21:46
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Le peu d'argent réel qui se crée se fait en exploitant la planète. Pourquoi ne pas continuer..??

à écrit le 13/05/2015 à 15:11
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2100 ! Mais il sera déjà bien trop tard ! C’est tout de suite qu’il faut agir, et pas avec des mesurettes, ni avec une fuite en avant scientiste. L’écologie doit devenir le cœur et la raison même de notre civilisation. Faute de quoi, nous finirons de...

à écrit le 13/05/2015 à 14:21
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la banque Mondiale est inféodée à l'ONU et au GIEC, elle n'a aucune légitimté sur la question. En l'Etat actuel des techniques la décarbonisation est aussi imporssible que néfaste. rapellons que le climat est stable depuis au moins 20 ans malgré la h...

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