Le nouveau Suez va doubler ses investissements pour croître en France et à l'international

Selon la nouvelle stratégie du groupe issu de l'OPA de Veolia, les investissements doubleront sur les cinq prochaines années par rapport à la période précédente. Ils mobiliseront plus de 860 millions d'euros complémentaires au profit de la recherche et développement et de l'innovation digitale, afin de répondre aux défis de la crise énergétique et environnementale. Surtout, pour récompenser ses actionnaires, la croissance de sa profitabilité devra être supérieure à celle de son chiffre d'affaires.
Giulietta Gamberini
Quant au développement géographique, le poids de l'international sur le chiffre d'affaires de Suez devrait passer de 25% en 2021 à 40% en 2027.
Quant au développement géographique, le poids de l'international sur le chiffre d'affaires de Suez devrait passer de 25% en 2021 à 40% en 2027. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Réduit à moins de la moitié de son chiffre d'affaires et à presque un tiers de ses effectifs après l'OPA menée entre 2020 et 2021 par son principal concurrent, Veolia, le « nouveau Suez » a enfin présenté ce 27 septembre 2021 sa nouvelle stratégie à l'horizon 2027. Elle vise une croissance moyenne annuelle de 4% à 5%, a expliqué sa PDG Sabrina Soussan, qui dirige la nouvelle entreprise depuis le 1er février 2022, date de sa naissance juridique.

Pour atteindre ce résultat, la patronne du spécialiste de l'eau et des déchets mise notamment sur les investissements, qui sur les cinq prochaines années doubleront par rapport à la période précédente - sur un périmètre comparable -, en mobilisant plus de 860 millions d'euros complémentaires. Sabrina Soussan promet notamment d'augmenter les dépenses de recherche et développement de 50%, mais aussi d'investir dans le digital au service de la sobriété, afin « de doubler en cinq ans le chiffre d'affaires issu de ces activités ». Les trois phénomènes qui bouleversent la planète depuis quelques mois - crise énergétique, des matières premières et sécheresse - sont en effet autant d'opportunités pour le développement de ce genre innovations par Suez, considère la PDG.

Les déchets pèseront davantage

En termes d'activités, Sabrina Soussan compte tout miser sur les deux métiers au cœur du groupe : l'eau et les déchets.

« Deux marchés considérables - 800 milliards pour l'eau et 1.400 milliards pour les déchets au niveau mondial- et très fragmentés, qui nous fournissent la chance de pouvoir être très sélectifs », a-t-elle expliqué, en soulignant que Suez est présent sur l'ensemble de leurs chaînes de valeur.

Un léger changement dans le poids de chacune de ces activités est toutefois prévu : alors qu'il ne représentait que 45% du chiffre d'affaires en 2021, les déchets -dont les marchés sont plus dynamiques, et où les clients industriels joueront un rôle croissant- en généreront 55% en 2027. Suez vient d'ailleurs de racheter à Veolia ses anciennes activités déchets au Royaume-Uni, pour un montant de 2,3 milliards d'euros. Le groupe sera réorganisé afin de séparer la gestion de ces deux métiers et de mieux valoriser ces deux expertises différentes.

Plus d'international en 2027

Quant au développement géographique, Sabrina Soussan souhaite que le poids de l'international sur le chiffre d'affaires passe de 25% en 2021 à 40% en 2027. Bénéficiant "d'une exposition équilibrée entre des marchés matures, tournés vers l'innovation, et des marchés émergents à l'international", Suez ne tentera toutefois pas de conquérir de nouveaux pays.

La stratégie consiste plutôt à « se développer dans les pays ou les régions où on est déjà présents », notamment en Afrique, Inde, Chine ou encore Australie, a expliqué Sabrina Soussan.

En Inde, le groupe vient d'ailleurs de signer son plus grand contrat dans le pays, d'une valeur de 700 millions d'euros, pour le traitement d'eaux usées à Bombay.

Le soutien des actionnaires

Pour poursuivre son développement, le groupe peut s'appuyer sur le soutien de ses actionnaires (les fonds Meridiam et Gip, la Caisse des dépôts et CNP Assurances), affirme Suez. Ils ont d'ailleurs partiellement financé, par une augmentation du capital, non seulement le rachat à Veolia des anciennes activités de Suez au Royaume-Uni, mais aussi deux autres "acquisitions stratégiques" menées depuis le début de 2022 : celle d'Industrial Waste Specialities (IWS) France, spécialiste du traitement des déchets dangereux passé de Suez à Veolia après l'OPA, et celle de de la plus grande entreprise de gestion de déchets d'Afrique du Sud, EnviroServ. Dans leur ensemble, ces acquisitions ont porté le chiffre d'affaires de Suez de 7,5 à 9 milliards d'euros, et ses effectifs de 35.000 à 44.000.

Lire aussi: Trois questions pour comprendre "le green bond", cet emprunt vert émis par Suez

Suez, qui entend désormais donner la priorité à "l'intégration" de ces nouvelles entités et à la croissance organique plutôt qu'externe, promet à ses actionnaires d'être reconnaissant : selon la nouvelle stratégie, la croissance de sa profitabilité devra être supérieure à celle de son chiffre d'affaires.

Giulietta Gamberini

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