La crise fait fondre le marché des métaux

Le ralentissement économique annoncé et les doutes sur la croissance du plus gros consommateur de métaux de la planète plombent le séminaire annuel du London Metal Exchange (LME).
La Tribune Infographie

À l'entrée du Palais des congrès de Londres où se tenait ce lundi le séminaire annuel du London Metal Exchange (LME), un petit stand sur le côté faisait la publicité d'une prochaine conférence entièrement consacrée à la Chine. Une bonne partie des traders et analystes présents faisaient la queue pour s'y inscrire. Les autres, pour l'essentiel... étaient des Chinois.

Alors que le prix des métaux non ferreux a décroché depuis début août (l'indice du LME est en baisse de 25 %), tous les regards sont désormais tournés vers l'empire du Milieu, espérant que c'est de là que viendra le rebond. Ou plutôt que le rebond (re)viendra. Car le scénario s'est déjà produit en 2008 et 2009. L'indice du LME avait alors été quasiment divisé par trois en six mois, avant de rebondir presque aussi vite et de retrouver son point le plus haut début 2011.

« Dieu merci, il y a eu la Chine ! » s'exclame Paul Robinson, de CRU, une agence d'analystes spécialisés en métaux. C'est la consommation en métaux de ce pays qui explique à elle seule le rebond. L'intégralité de la croissance mondiale de la consommation de nickel, de plomb, de zinc, d'étain et d'aluminium entre 2008 et 2010 est venue de Chine ; dans le même temps, la demande a stagné dans le reste de la planète.

Aujourd'hui, la Chine compte pour 40 % de la consommation de ces métaux, contre environ 10 % en 2000. « C'est pour cela que nous avons encore un emploi », lance Paul Robinson aux traders présents dans la salle.

Mais il ajoute la question clé : « Est-ce que la Chine peut reproduire cela ? » Sa réponse est négative. Selon lui, la croissance va continuer en Chine, mais sans doute plus à la même vitesse qu'autrefois. Une baisse de 10 % de la consommation mondiale de métaux nécessiterait - suivant les métaux - une hausse de 13-15 % de la demande chinoise (en plus de la croissance déjà prévue). « Nous ne pensons pas que cela soit possible », estime Paul Robinson.

Cet avis est de plus en plus partagé. La Chine a beau consommer plus qu'avant, ses exportations demeurent une partie majeure de son économie. Les spécialistes chinois sont inquiets : « Le problème de la zone euro est dans tous les esprits », explique sous couvert d'anonymat une courtière chinoise. L'assèchement des crédits aux États-Unis et en Europe est pour eux une interrogation majeure. « L'endettement qui s'est accumulé en Occident pendant des années est en train d'être réduit : cela risque de faire mal », avertit Paul Schulte, qui travaille pour la banque chinoise CCB basée à Hong Kong.

Malgré ces signes inquiétants, l'ambiance n'était pas pour autant catastrophique au séminaire du LME. Deux facteurs jouent de façon positive sur les prix. Le premier concerne les pays émergents, Chine en tête. Peut-être que leur consommation ne suffira pas à compenser la baisse en Occident, mais cela n'en constitue pas moins un moteur de croissance.

Le deuxième facteur concerne l'offre. Celle-ci peine à suivre la hausse de la consommation. Une série de projets miniers est en cours mais beaucoup ont pris du retard. « Sur le papier, l'impression est qu'il y aura un rattrapage de la production d'ici deux à cinq ans... mais nous disons la même chose depuis 2005 », avertit Jim Lennon de Macquarie Securities.

Une offre réduite face à une consommation qui croît, bien que moins rapidement : après la correction de ces derniers mois, la plupart des traders en métaux pensent que les prix ne chuteront guère au-delà. Mais l'énorme hausse de 2010 et début 2011 est bien finie.

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