Cuivre : le géant chinois Zijin s'empare de la plus grande mine de Serbie

Par latribune.fr  |   |  406  mots
Vue aérienne de la mine à ciel ouvert "Krivelj", partie du complexe minier RTB Bor, près de la ville serbe de Bor, à 250 km au sud-est de Belgrade, le 26 octobre 2007. En raison d'un manque d'investissement et d'une technologie obsolète, la production annuelle de cuivre de RTB Bor a chuté à moins de 40.000 tonnes en 2005, comparé à plus de 170.000 tonnes avant 2000. (Crédits : Reuters)
En mettant la main sur le conglomérat public serbe RTB Bor, criblé de dettes, le troisième producteur de cuivre de la Chine et premier producteur d'or, a aussi accepté de reprendre sa dette (200 millions de dollars), de conserver 5.000 emplois, et d'investir plus de 1 milliard de dollars. L'inquiétude grandit en Europe de l'Ouest face à la boulimie d'acquisitions de la Chine dans les Balkans.

Le groupe minier chinois Zijin Mining prendra une part de 63% dans le conglomérat serbe de cuivre RTB Bor, une entreprise publique que le gouvernement avait cherché en vain à privatiser depuis plusieurs années, a annoncé vendredi Aleksandar Antic, le ministre serbe de l'Energie et des Mines.

Aux termes de l'accord conclu avec les autorités serbes, Zijin s'est engagé à investir 1,26 milliard de dollars dans la plus grande mine de cuivre du pays qui croule sous les dettes.

Le groupe Zijin, troisième producteur de cuivre de la Chine et premier producteur d'or, a également accepté de reprendre la dette de 200 millions de dollars de RTB Bor et de conserver 5.000 emplois à la mine située dans l'est de la Serbie, a expliqué le ministre devant des journalistes.

L'influence de la Chine dans les Balkans inquiète Bruxelles

Le contrat devrait être signé en septembre et Zijin devrait commencer à prendre la direction du conglomérat au début de l'année prochaine, a précisé M. Antic. Cet accord est le dernier exemple en date de l'implantation des groupes chinois dans les Balkans.

Une entreprise chinoise avait acquis en 2016 la seule aciérie de la Serbie, et d'autres sociétés chinoises ont mené à bien des projets d'infrastructures dans les Balkans.

Ces accords ont suscité des inquiétudes à Bruxelles et ailleurs en Europe de l'Ouest sur l'influence grandissante de la Chine dans la région.

Des difficultés qui remontent à la mise au ban du régime Milosevic

La Serbie avait tenté depuis longtemps de privatiser la mine de cuivre, mais plusieurs appels d'offres ont échoué faute de candidats, les investisseurs étrangers s'étant montrés peu intéressés. Le pays avait ainsi rejeté comme "incomplète" en 2009 une offre du groupe industriel autrichien A-Tec, alors seule compagnie à avoir participé à un troisième appel d'offres.

Jadis l'un des piliers du secteur industriel serbe, avant l'éclatement de la Yougoslavie, le conglomérat RTB Bor a pâti d'une mauvaise gestion et des sanctions internationales infligées durant les années 1990 au régime de Slobodan Milosevic.

En raison d'un manque d'investissement et d'une technologie obsolète, la production annuelle de cuivre de RTB Bor a chuté à moins de 40.000 tonnes en 2005, comparé à plus de 170.000 tonnes avant 2000.

Le conglomérat a exporté 15.000 tonnes de cuivre au premier semestre de 2018 pour une valeur de 107 millions de dollars, en hausse de 23% comparé à la même période de l'an dernier.