Le Vietnam, nouvel eldorado pour les entreprises françaises

La ratification attendue cette année de l'accord de libre-échange entre le Vietnam et l'Union européenne semble offrir de belles perspectives aux entreprises hexagonales.
(Crédits : Reuters/Thomas Peter)

Si la France était l'année dernière le cinquième partenaire commercial européen du Vietnam (après l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l'Italie), ce classement pourrait évoluer dès 2020. La signature et l'application prochaine de l'accord de libre-échange entre le Vietnam et l'Union européenne (Europe Vietnam Free Trade Agreement ou EVFTA) bénéficiera largement à l'Hexagone, compte tenu de la proximité entre les deux pays via l'espace francophone. Une coopération confirmée par la visite officielle en France, début avril, de Nguyen Thi Kim Ngan, la présidente du Parlement vietnamien, à l'invitation de Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale.

En 2017, les échanges entre la France et le Vietnam s'étaient déjà renforcés, à 6,7 milliards d'euros, soit une hausse de 13 % par rapport à 2016. En dix ans, la valeur des échanges commerciaux entre les deux pays a été multipliée par quatre. Les exportations françaises au Vietnam ont doublé en cinq ans, pour atteindre 1,6 milliard d'euros en 2017.

Ce processus de rapprochement commercial a connu un brusque coup d'accélérateur en 2018, avec les déplacements conjoints des plus hautes autorités des deux pays. En mars de l'année dernière, Nguyen Phu Trong, secrétaire général du parti communiste vietnamien, a rencontré le président Emmanuel Macron à Paris.

Importants contrats signés, notamment dans l'aéronautique

En novembre de la même année, le Premier ministre français Édouard Philippe a fait le déplacement à Hanoï, la capitale vietnamienne. Les entreprises vietnamiennes ont ainsi signé l'année dernière d'importants contrats avec des groupes comme Airbus, Air France-KLM, Safran-CFM, Gecas France, Bouygues ou GeoPost. Avec 338,7 millions d'euros au premier semestre 2018 (en augmentation de 37 % par rapport à 2017), l'aéronautique a représenté à elle seule près de la moitié de la valeur des exportations françaises vers le Vietnam, Airbus étant le fournisseur officiel de Vietnam Airlines et de VietJet Air.

À la deuxième place, les produits pharmaceutiques ont représenté 14,1 % de l'export sur la même période, avec 104,3 millions d'euros. Le laboratoire Sanofi, pour qui le Vietnam représente le troisième marché asiatique après l'Inde et L'Indonésie, est le porte-drapeau des groupes hexagonaux de la filière. Autre secteur en forte progression, l'agriculture. Le Vietnam est un fort consommateur de lait (34 millions d'USD), d'aliments pour animaux (32 millions d'USD), de bois et de papier (50 millions d'USD) produits en France.

Quelque 300 entreprises françaises opèrent au Vietnam

Quant aux importations, le Vietnam a surtout vendu en France des produits électroniques et du textile. Les filiales vietnamiennes de Samsung Electronics et de LG Electronics raflent ainsi l'essentiel dumarché hightech français, avec quelque 120.000 smartphones exportés. En terme d'investissements, la France a été en 2018 le troisième acteur européen au Vietnam, après les Pays-Bas et le Royaume-Uni, avec des stocks d'investissement cumulé de 2,7 milliards de dollars.

Environ 300 entreprises hexagonales opèrent dans le pays, dans les infrastructures, l'environnement, l'industrie, la distribution, le tourisme et la santé. Il s'agit notamment des groupes Accor (hôtellerie), Neovia, Coophavet, France Hybrides et Techna (agriculture, élevage), Andros et Bel (alimentation), Auchan et Casino (distribution). Et de nombreuses entreprises vietnamiennes - Annam Gourmet, Saint-Honoré, Classic Fine Foods, New Viet Dairy - distribuent des produits de marques françaises.

Classe moyenne émergente

Le taux de croissance des exportations françaises devrait être boosté à court terme par l'accroissement des dépenses de la classe moyenne vietnamienne, en particulier dans le domaine médical et alimentaire. Le marché local représente près de 100 millions de personnes aux revenus croissants. Pour certains nouveaux produits agricoles européens tels que les pommes, le kiwi, le boeuf ou les pommes de terre, l'EFTVA permettra de surcroît de lever des obstacles fiscaux et techniques dans le cadre des procédures d'importation vietnamiennes, notamment sur les plans sanitaire et phytosanitaire. À la clé, l'augmentation de la compétitivité des marchandises en provenance de l'Union européenne en général, et de la France en particulier. L'accord prévoit en outre un strict respect des droits de propriété intellectuelle des produits de haute qualité. Parmi les 169 indications géographiques protégées de l'UE, 36 concernent la France. Ainsi, les appellations brie de Meaux, camembert de Normandie, foie gras du SudOuest, cognac, bordeaux, champagne, beaujolais, dont raffolent les consommateurs vietnamiens, se retrouveront sur leurs tables sans risque de contrefaçon.

L'Union européenne, premier investisseur direct au Vietnam

Les relations économiques entre la France et le Vietnam progressent régulièrement. En 2018, les exportations de la France s'élevaient à 1,2 milliard d'euros, et les importations atteignaient 5,4 milliards. La France exporte d'abord des avions et des produits pharmaceutiques, ainsi que des parfums et des produits de toilette. Le Vietnam, dont le PNB s'élève à 223,8 milliards de dollars, nous vend d'abord des équipements de communication, des chaussures et des vêtements. Les relations franco-vietnamiennes sont représentatives de ce qui se noue entre le Vietnam et l'Union européenne. En 2017, les exportations de cette dernière s'élevaient à 10,6 milliards de dollars, essentiellement constituées de produits industriels (avions, machines électriques et véhicules). Les importations se chiffraient à 37 milliards de dollars, comprenant d'abord des téléphones, des biens électroniques, des chaussures et des produits textiles. Autres chiffres clés qui montrent bien l'étroitesse des liens entre les deux partenaires, l'Union européenne est aujourd'hui le premier investisseur direct au Vietnam - dont le revenu national brut par habitant se monte à 2160 dollars -, avec un flux d'investissement de 1,6 milliard de dollars en 2017, et 19,2 milliards de dollars de stocks d'investissement cumulé, d'abord dans le secteur manufacturier. Les visites des uns chez les autres devraient permettre d'accroître ces chiffres déjà élevés. Hô-Chi-Minh Ville (ex-Saigon) est le premier centre économique, politique, culturel et éducatif du Vietnam. G.F.

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Commentaires 3
à écrit le 30/03/2019 à 9:49
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Nous n'avons toujours pas retenu la leçon du dumping social chinois qui génère une précarisation généralisée des travailleurs occidentaux et une baisse de pouvoir d'achat et donc de croissance, on voit bien qu'en UE seul l'intérêt des actionnaires mi...

à écrit le 30/03/2019 à 9:44
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Attention aux reveurs. Pour etre patron dans sa propre entreprise, il faut au prealable un prete-nom. A savoir quelqu'un natif du Vietnam. Il sera partenaire a 50% de votre business. Cerise sur le gateau, vous ne pourrez rien acquerir en votre nom...

le 29/04/2019 à 11:55
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Ce dont vous parlez ça s'appelle une "joint venture" mais le système que vous décrivez remonte au début des années 90, d'ailleurs rien que les mots que vous utilisez le montre et cela doit faire bien longtemps que vous n’êtes plus allé au VN, tout ce...

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