Un « tour de France » pour promouvoir le véhicule électrique

Par Article partenaire Enedis  |   |  1053  mots
Un "Tour de France" est organisé pour mettre en avant le dynamisme du secteur de la voiture électrique à partir d'aujourd'hui jusqu'au 13 Octobre
Le France Electrique Tour se tient à compter d’aujourd’hui jusqu’à 13 octobre. Un « tour de France » en véhicule électrique qui entend démontrer le dynamisme de l’innovation sur un secteur en pleine croissance.

Personne ne l'a fait exprès. Ni La Tribune de l'énergie, ni Jean-François Villeret n'ont trouvé d'autre créneau d'interview qu'un entretien par téléphone... à bord d'une Tesla. En toute sécurité, quelque part sur l'autoroute entre Poitiers, où est basée sa société, TVE, organisatrice du France Electrique Tour, et Biarritz, où se rassemblaient les participants au tour électrique de Nouvelle-Aquitaine, l'un de ses évènements « satellites ».

Un trajet de près de quatre heures au cours duquel Jean-François Villeret a pris le temps de détailler les enjeux de la tenue du France Electrique Tour. Une « promenade » en voitures électriques entre Aix-en-Provence et la Vendée, en place depuis 2012.

L'occasion, surtout, de dresser un panorama de l'état de forme du véhicule électrique et de ses installations en France. Beaucoup a déjà été fait, selon Jean-François Villeret. Mais beaucoup reste encore à faire.

La Tribune de l'énergie : En quoi consiste le France Electrique Tour ?

Jean-François Villeret : C'est ce que l'on appelle un rallye touristique et éco-conduite, pas de la compétition.

Cette année, nous partons d'Aix-en-Provence pour rallier la Vendée. On pousse le bouchon plus loin qu'auparavant en faisant au moins 350 kilomètres par jour avec des voitures qui ont des autonomies de 200 kilomètres -nous aurons tout de même quelques Tesla qui ont une autonomie plus longue-.

LTDE : Pourquoi l'avoir lancé ?

J.-F.V. : L'objectif, c'est de promouvoir le véhicule électrique, dire que ça existe et qu'il va encore évoluer. C'est aussi dire que l'on commence à avoir une belle diversité dans l'offre.

Nous voulons également démontrer que l'on peut faire beaucoup de choses en véhicule électrique, et pas seulement aller acheter le pain.

L'autre idée, c'est de promouvoir les bornes de recharge, dire là aussi que ça existe -tout le monde pense qu'il n'y en a pas beaucoup-. C'est ensuite un travail de lobby auprès des acteurs qui implantent les bornes pour les sensibiliser sur la nécessité d'un déploiement important de bornes de recharge rapide.

LTDE : Les Français ne mesurent pas l'économie qu'ils pourraient réaliser en utilisant une voiture électrique ?

J.-F.V. : L'avantage est pourtant très clair, sauf si on ne fait que cinq kilomètres par jour.

La voiture électrique, à l'achat, reste un peu plus chère que les modèles thermiques, mais les constructeurs sont assez agressifs sur leurs offres, notamment sur la location longue durée. On arrive donc à trouver des solutions qui permettent de ne pas payer beaucoup plus cher que pour une voiture thermique.

Et l'économie à l'usage est énorme. L'énergie coûte moins cher et la recharge est encore gratuite dans un certain nombre d'endroits. L'entretien d'un véhicule électrique, aussi, revient presque à zéro : pas de vidange à faire, pas de courroie de distribution à changer.

Le moteur électrique est aussi, en principe, beaucoup plus fiable qu'un moteur thermique, avec bien moins de pièces en mouvement. On touche également beaucoup moins au frein, avec un système de régénération qui freine un peu ne serait-ce que lorsqu'on lève le pied.

LTDE : Vous évoquiez les bornes de recharge rapide. Pourquoi vous semblent-elles si importantes ?

J.-F.V. : En France, on a installé beaucoup de bornes qui, globalement, ne rechargent pas très vite -à part la Renault Zoé, qui possède un chargeur embarqué particulier-.

C'était très utile de vouloir mailler le territoire avec ce type de bornes en 2012, avec des véhicules à petite autonomie. Mais ce qui n'aurait dû être qu'une première étape s'est fait au détriment des bornes de recharge rapide qui chargent pratiquement tous les véhicules à une puissance intéressante. Une borne à charge lente a une capacité, en gros, de trois kilowattheures. Une borne à charge rapide, c'est cinquante kilowattheures.

Il faut donc une mixité des solutions. Les bornes « rapides » ont vocation à charger sur les grands déplacements, pas pour les petits trajets du quotidien, et doivent être installées sur les grands axes ou sur les stations d'autoroute.

« Avant 2040, tout le monde aura basculé vers l'électrique »

LTDE : Quoi doit s'occuper de ces installations ?

J.-F.V. : Les bornes de recharge, aujourd'hui, sont plutôt développées par les syndicats d'énergie -il y en a souvent un par département-.

Mais demain, ce seront les pétroliers qui les développeront. Total, par exemple, sans être actif sur ce marché, regarde ce qu'il se passe sur l'électrique. Ils ont un double métier : raffineurs de pétrole et distributeurs via leurs stations-service. Demain, ils ne vivront plus du diesel, mais de l'électrique.

Total ne se présente plus d'ailleurs comme un groupe pétrolier mais comme un groupe d'énergie(s).

LTDE : Le contexte, en France, est-il favorable au développement du véhicule électrique ?

J.-F.V. : Il est favorable. Même s'il reste des améliorations à faire, la France n'est pas trop mal lotie sur les bornes de recharge. Elle est dans la bonne direction avec une bonne tendance : les autonomies des voitures augmentent.

C'est aussi pour cela que l'on s'est donnés pour mission de faire passer un message auprès de collectivités : le véhicule électrique, c'est vraiment ce qui va se développer. Au début 2012, personne n'y croyait. Or il est très clair aujourd'hui que la stratégie des constructeurs automobiles va dans cette direction.

LTDE : Les ventes, encore modestes (à peine 1% du total des voitures neuves vendues en France), ne cessent de croître. Y'a-t-il un risque que cela ne se tasse dans les prochains mois ?

J.-F.V. : On est un peu sur une période charnière. Tout le monde a compris, grâce notamment -ironiquement-, au « dieselgate », qu'il fallait faire quelque chose, même si tout le monde, aujourd'hui, n'est pas encore enclin à acheter un véhicule électrique.

Le marché est passé à 1,5% environ du total des ventes de voitures neuves en France. C'est deux fois plus qu'il y a un an ou un an et demi. L'évolution va être encore mesurée pendant deux ou trois ans. Après, ça va aller en s'accélérant.

Les prix vont baisser et avant 2040, tout le monde aura basculé.

Propos recueillis par Benjamin Hay