Maisons de retraite : deux géants français, deux stratégies opposées

Korian, qui domine le marché européen des maisons de retraites en Europe, axe sa stratégie sur les cinq à venir sur le développement de ses quatre marchés existants en Europe. Orpea, son principal rival, préfère accroître sa couverture géographique, visant une expansion en Chine, un marché prometteur mais difficile d'accès.
Jean-Yves Paillé
Korian, leader européen des maisons de retraite, espère atteindre un chiffre d'affaires de 3,8 milliards d'euros à horizon 2021.

La prudence et la progression dans ses marchés actuels. Tels sont les axes qui ressortent du plan stratégique 2020 de Korian, présenté jeudi 15 septembre. Le groupe français, leader européen des maisons de retraites depuis sa fusion avec Medica, espère atteindre un chiffres d'affaires de 3,8 milliards d'euros à horizon 2021, ce qui représente une croissance annuelle de 5% par an, loin des scores à deux chiffres enregistrés en 2013 et 2014.

Le plan du groupe français a été accueilli fraichement. Les analystes de Gilbert Dupont, interrogés par l'AFP, jugent les ambitions à 5 ans de Korian "plutôt modérées en première lecture". Les investisseurs n'étaient pas convaincus non plus. Le groupe français, qui a également publié ses résultats au premier semestre, plongeait de 6,27% en Bourse à 30,85 euros, à 13h34.

Pas d'ambition affichée de s'étendre à l'international

Selon son plan sur cinq ans, le groupe français compte continuer son développement en France, où il réalise son plus gros chiffre d'affaires, ainsi qu'en Allemagne son deuxième marché, et également en Italie et en Belgique, en élargissant son réseau de maisons de retraites.

Il compte en outre accélérer la spécialisation de ses maison de retraite dans la grande dépendance et le quatrième âge, mais aussi "développer des nouveau services comme l'accueil de jour et le logement temporaire", explique Sophie Boissard, la directrice générale. Cette dernière prévoit en outre d'amener de nouveaux services aux pensionnaires et de développer la digitalisation des opérations au sein des établissements.

Interrogée sur de potentielles ambitions de nouvelles ouvertures à l'international, notamment en Chine, un marché prometteur mais difficile d'accès, la directrice générale du groupe botte en touche; "je n'a aucun commentaire à apporter sur ce sujet-là".

"Nous allons nous focaliser sur la croissance interne en Europe, grâce un réseau de première qualité qui nous offre un excellent potentiel de croissance", explique-t-elle en détaillant le plan stratégique.

Orpea, une couverture géographique plus importante mais des marchés plus fragmentés

L'autre géant français, Orpea, leader du secteur en France et numéro 2 en Europe, a quant à lui une stratégie plus tournée vers l'internationalisation. Fin 2015, le groupe a annoncé avoir doublé son nombre de lits à l'international, qui atteignait alors 54% du total. Pour 2016, il attend une croissance à 17,5%, après avoir relevé son objectif au deuxième trimestre.

Orpea est présent dans neuf pays européens dont la France. Mais contrairement à Korian dont le chiffre d'affaires des quatre pays européen dépasse les 100 millions d'euros au deuxième semestre, les marché d'Orpea sont plus fragmentés. Le groupe dépasse les 100 millions d'euros de revenus dans deux pays (France et Allemagne) sur neuf.

Orpea peut-il se développer en Chine ?

Enfin Orpea a ouvert son premier établissement en Chine, à Nankin, en mars, un projet pilote pour lequel il n'a pas eu besoin de passer un partenariat avec un acteur local. Reste à savoir si ces investissements vont payer et mener vers une vraie occupation de ce marché juteux sur le papier. Car "outre l'entente avec les acteurs locaux, l'adaptation aux besoins de la Chine, la France devra miser sur la normalisation, pour mieux pénétrer le marché", expliquait  Valérie Bernat, responsable développement santé et action sociale de l'association française de normalisation (Afnor). En 2014, François Hollande et Xi Jinping avaient signé un accord de coopération sur la normalisation dans plusieurs domaines clés, dont celui de la Silver économie. Mais la mise en application tarde. Et les concurrents tels que le Japon se font de plus en plus pressants.

Jean-Yves Paillé

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Commentaire 1
à écrit le 15/09/2016 à 19:01
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ça ne rassure pas quand à la gestion de nos vieux tout ça hein...

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