Cessions d'actifs chez Carrefour : bataille au sein du conseil

Par latribune.fr  |   |  524  mots
Certains membres du conseil d'administration du distributeur seraient en faveur d'une vente rapide des actifs du groupe en Amérique du Sud. Reste à savoir si leur volonté est dirigée par leurs besoins de liquidités ou par une vision stratégique du développement de Carrefour.

Depuis quelques semaines, les membres du conseil d'administration de Carrefour se livrent à un véritable bras de fer. D'un côté, le fonds Colony Capital, propriétaire de 9,1% des parts du groupe, pousserait pour une vente massive et surtout rapide des filiales étrangères du groupe. A l'opposé, les autres membres soutiennent le directeur général du groupe, Lars Olofsson, qui semble faire preuve de beaucoup moins de précipitation.

La dernière offensive a pris place dans les colonnes du Monde. Le quotidien du soir y évoque la possibilité d'une cession des actifs de Carrefour en Amérique Latine. L'article enfonce le clou après son article du 29 septembre dernier. Le journal affirmait alors qu'une vente des filiales d'Asie et d'Amérique latine du groupe se préparait.

Si l'hypothèse d'une cession "en bloc" des filiales du groupe dans les pays émergents a été écartée, par peur qu'elle ne véhicule l'image d'un démantèlement du groupe, la cession des implantation du groupe en Amérique du Sud serait tellement avancée que Carrefour attend "deux offres", dont une du géant américain Wal-Mart, croient savoir Le Monde et Le Figaro.

Dans un communiqué un brin agacé, le groupe Carrefour a fait savoir qu'il "n'avait pas pour habitude de commenter les rumeurs, mais que compte tenu de leur persistance, il dément la cession de ses activités dans les marchés en croissance (...) particulièrement le Brésil et la Chine".

L'Amérique latine pour Carrefour, cela représente trois pays: le Brésil, où le distributeur français est numéro un, l'Argentine, où il fait partie des leaders et la Colombie, où son implantation est un peu plus modeste.

Alors certes, la conjoncture économique actuelle ne pousse pas à la consommation et pèse largement sur l'activité du groupe. Mais de là à "bazarder" ses implantations dans les pays émergents, où les perspectives de croissance sont largement supérieures à celle de l'Europe, il y a de quoi alerter les observateurs.

Si le distributeur est prêt à se séparer de ces actifs à fort potentiels de croissance dès maintenant, c'est que lui ou certains de ses actionnaires ont un besoin urgent de liquidités. Voire besoin de beaucoup de cash rapidement. D'après les analystes d'Oddo, une vente des actifs d'Amérique latine pourrait rapporter 3,3 milliards d'euros à Carrefour (hors immobilier). Ceux de CM-CIC montent même jusqu'à 8 milliards d'euros.

Or, dans le conseil d'administration de Carrefour, on retrouve Blue Capital qui réunit Groupe Arnault (Bernard Arnault est le PDG de LVMH) et Colony Capital, un fonds entré dans l'entreprise en mars 2007, lorsque le cours de Bourse flirtait avec les 50 euros. Aujourd'hui, le titre Carrefour avoisine plutôt les 30 euros. Le fonds américain a donc potentiellement perdu des millions. Et il aurait également fait d'autres mauvaises opérations. Certains considèrent qu'il serait donc pas étonnant dans ces conditions, qu'il soit prêt à sacrifier des pans entiers de l'activité du distributeur, disposant d'un potentiel de croissance économique à moyen terme, pour se sortir de la mauvaise passe dans laquelle ses investissements de court terme pourraient l'avoir mis.