Philippe Houzé (Galeries Lafayette) accuse Casino de pratiques anti-concurrentielles

Le conflit entre le patron des Galeries Lafayette et celui de Casino tourne au combat de boxe. Dans un courrier adressé à Jean-Charles Naouri, Philippe Houzé assure que celui-ci aurait demandé à Monoprix (leur filiale commune dont la valorisation est au centre de leur bataille) d'aligner ses prix sur ceux des supérettes Casino et Franprix. Une pratique dont l'Autorité de la Concurrence pourrait se saisir.
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Le ton monte encore d'un cran entre Philippe Houzé et Jean-Charles Naouri dans l'affaire Monoprix, l'enseigne dont les deux groupes qu'ils dirigent sont co-actionnaires. Dans une lettre adressée au patron de Casino, datée du 23 avril, le PDG du groupe Galeries Lafayette juge ses "attaques indécentes". "Vous êtes, vous-mêmes, l'instigateur de l'augmentation de prix que vous reprochez à Monoprix [...] En juillet 2011, vous avez demandé avec insistance [...] d'augmenter les prix pour les aligner avec ceux de Casino et Franprix", écrit Philippe Houzé dans ce courrier de trois pages au ton cinglant parvenu à "latribune.fr". Il répond ici à Casino qui, quelques jours plus tôt, toujours par courrier, s'inquiétait de "l'augmentation de 2,3 % des prix des marques nationales" chez Monoprix.

C'est parfaitement faux, réagit mardi 24 avril un porte-parole du groupe Casino, en affirmant que "Casino n'est pas responsable de la politique tarifaire de Monoprix".  Une "augmentation anormale et décalée par rapport au marché", juge Casino. "Nous savons [...] qu'il ne s'agit que de manœuvres de votre part en vue de fausser la juste évaluation, s'il y a lieu, de votre participation", écrit le conseiller du PDG de Casino, Jacques Dumas, en faisant allusion au critère déterminant de la rentabilité opérationnelle dans l'évaluation du prix d'une entreprise.

Désaccord sur la valorisation

Depuis fin 2011, Casino et le Groupe Galeries Lafayette s'étripent sur la valeur des 50 % que détient le groupe Galeries Lafayette au capital de Monoprix. Le groupe détenu par Philippe Houzé et sa famille veut obtenir 1,35 milliard d'euros de cette enseigne à la rentabilité attractive (9,9 % d'ebitda en moyenne, entre 2005 et 2010). Casino estime cette participation à 700 millions d'euros seulement. Les deux groupes n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour faire expertiser l'enseigne par un tiers.

Dans la foulée, Philippe Houzé a refusé de céder sa place de président du conseil de Monoprix. Au grand dam de Jean-Charles Naouri. L'affaire a éclaté mi-février dans la presse. Elle doit se plaider maintenant en justice: les deux groupes se sont mutuellement assignés devant le tribunal de commerce de Paris. L'audience de l'assignation de Galeries Lafayette par Casino n'interviendra que fin mai, d'après nos informations. Celle de l'assignation de Casino par les Galeries Lafayette n'est pas fixée. L'affaire s'enlise. A en lire les derniers échanges de courriers, un règlement du contentieux devant un tribunal arbitral parait peu probable. Et une issue judiciaire ne devrait intervenir que d'ici à un an, d'après des proches du dossier.

"Vous faussez la concurrence"

D'ici là, le groupe présidé par Jean-Charles Naouri va donc continuer à montrer les dents. "Casino [...] mettra en œuvre à votre encontre, si nécessaire, toute action utile pour préserver les intérêts de Monoprix et ses droits d'actionnaire", menace-t-il dans son courrier à Philippe Houzé. Le ton a manifestement obligé le patron de Groupe Galeries Lafayette à se défaire de son urbanité. "Vous n'avez eu ni le courage, ni la correction de signer [votre courrier]", raille désormais Philippe Houzé.

Et pourtant, il y a quelques jours encore, dans un courrier du vendredi 20 avril adressé à tous les administrateurs de Casino et que "latribune.fr" s'est procuré, Philippe Houzé appelait à la "loyauté". Celui dont le mandat d'administrateur du conseil de Casino ne sera pas renouvelé lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires du groupe Casino réunie le 11 mai, y exprime "l'espoir de trouver une solution digne et conforme aux accords signés entre Casino et Galeries Lafayette" dans ce courrier. Le tout en vantant "la formidable aventure entrepreneuriale" du partenariat entre Monoprix et Casino signé en 1996.

Casino détient 61,7 % des magasins dans Paris

Jouer la corde sensible n'est plus d'actualité dans le camp Houzé. Le courrier du 23 avril consacré à la façon dont Casino a demandé à Monoprix d'aligner ses prix sur ceux de Franprix et Casino se termine sur une menace à peine voilée. "Ce faisant, vous faussez de plus la concurrence avec les enseignes de centre-ville", avance Philippe Houzé. Le PDG de Monoprix s'apprêterait-il à saisir l'Autorité de la Concurrence pour pratique anti-concurrentielle ? Tout le dossier Monoprix est déjà sur le bureau de Bruno Lasserre, son président. Dans un avis rendu public le 12 janvier 2012, les sages de la rue de l'Echelle avaient prévenu qu'ils examineront à la loupe la prise de contrôle de Monoprix par Casino. Le groupe stéphanois détient une "part de marché de 61,7 % des surfaces alimentaires dans Paris", avait alors déploré l'Autorité de la Concurrence, sans cependant avoir établi qu'il pratiquait des "prix abusifs". Ces éléments nouveaux pourraient inciter l'Autorité de la Concurrence à rouvrir le dossier.

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Commentaires 4
à écrit le 25/04/2012 à 12:50
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Ce qui est quand même un peu "étrange" (limite mauvaise foi, dirons certains!), c'est que le président du conseil de Monoprix reproche à Casino une pratique anti-concurrentiel du fait d'un alignement des prix de Monoprix sur Casino : mais qui détermi...

à écrit le 24/04/2012 à 21:51
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Philippe Houze dit la vérité

à écrit le 24/04/2012 à 20:52
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Casino et son dirigeant je n'ai aucune confiance, je dis bien aucune, je comprends les Galeries Lafayette bien que j'en sois rarement client, trop cher.

le 24/04/2012 à 21:16
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Tous tres cher la fayette mono prix carfour casino matmut auchan moin cher pour moi lecler et. Inter marcher salut

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