Les derniers revers de Carrefour en France inquiètent ses 110.000 salariés

Par Par Juliette Garnier  |   |  659  mots
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En un mois de temps, le groupe a perdu 1,7 point de part de marché en France. Ce plongeon s'explique par son divorce avec le franchisé Coop Atlantique qui, le 1er janvier, a rallié Système U. Il inquiète les 110.000 salariés du groupe en France. D'autant que, fin mai, sera dévoilé un nouveau format d'hypermarché amputé de ses rayons électroménager et téléphonie.

Jeudi 10 mai, Carrefour réunit son comité de groupe. Georges Plassat, son directeur général délégué, accompagné de Noël Prioux, directeur exécutif de Carrefour en France, y rencontrera pour la première fois ses représentants syndicaux. « Ce ne sera qu'une réunion de courtoisie. Il n'y aura aucun annonce intéressante », préjuge Serge Corfa, délégué syndical national représentant de la CFDT.

Il n'empêche. La trentaine de représentants syndicaux seront sur les dents. A l'ordre du jour de cette réunion, figure un état des lieux de Carrefour en France. Or, les dernières nouvelles du groupe dans l'hexagone sont très mauvaises. Carrefour a perdu 1,7 point de part de marché en France, en un mois, à mi-avril 2012, selon les derniers chiffres de Kantar Wolrdpanel, révélées par LSA. Ce plongeon est dû en grande partie au changement d'enseigne de magasins franchisés Carrefour exploités par Coop Atlantique. Début janvier, le partenaire de Carrefour dans le Sud-Ouest a rallié Système U.

3 000 à 5 000 emplois supprimés, sans plan social

Ce nouveau revers - en 2011, Carrefour avait déjà perdu 0,8 point de part de marché - réduit l'écart entre Carrefour (22%) et Leclerc (18,5% en hausse de 1,1 point). Il devrait alimenter les rumeurs de suppressions d'emplois à venir. Le 27 avril, Force Ouvrière estimait que le groupe pourrait supprimer « 3.000 à 5.000 emplois ». « Ce sera plus », explique à La Tribune Serge Corfa. Car, en France, Noël Prioux doit poursuivre et accélérer le plan de réduction de coûts. Il y a urgence : le résultat opérationnel de Carrefour France a plongé de 32,4% pour s'établir à 862 millions d'euros, contre 1,2 en 2010, pour un chiffre d'affaire total de 35,1 milliards d'euros (en hausse de 0,8%). Le groupe doit résoudre son problème dans ses 220 hypermarchés. Prés de la moitié seraient dans le rouge.

L'abandon du rayon téléphonie

Fin mai, lors d'un comité central d'entreprise, le groupe devrait poser les jalons d'une nouvelle stratégie de relance dans les hypermarchés. Avec prudence. Il devrait notamment vanter les mérites d'un concept testé dans son hypermarché de l'Haye-les-Roses (Val-de-Marne). Si ce concept est adopté, notamment dans ses 39 petits hypermarchés dits de proximité, il devrait se solder par l'abandon des rayons dits EPCS consacrés à l'électroménager, la photo, le cinéma et le son. Mais aussi, celui de la téléphonie mobile. Très bagarré depuis l'arrivée de Free, début 2012, ce marché exige du personnel en magasin pour expliquer téléphone et forfaits à la clientèle.

10.000 emplois perdus en quatre ans

Dès lors, les syndicats s'inquiètent de l'impact social de ces mesures. « 20 à 30 personnes travaillent dans les rayons non-alimentaires d'un hypermarché », avance Serge Corfa, regrettant que déjà, depuis 2008, le groupe a perdu 10.000 emplois. Il en salarie aujourd'hui 110.000 en France. Pour éviter d'écorner son image, Carrefour n'aura pas recours à un plan social. Les syndicats préconisent aujourd'hui le recours aux accords de gestion prévisionnelle des emplois et compétences, renouvelés fin 2011. « Ce serait absurde de réduire les effectifs dans les magasins. Il sont déjà tellement mal tenus ! », observe un proche de la direction.
Les sièges sociaux de Carrefour pourraient aussi être concernés. Lars Olofsson, toujours PDG du groupe, a récemment signé une lettre intimant ses directeurs à geler les embauches dans les sièges sociaux du groupe situés à Boulogne-Billancourt, Evry, Massy et aux Ulis. Georges Plassat est, lui,  en train de passer en revue les effectifs dans les services achats. Il est revenu à ses oreilles que, en 2012, Carrefour a moins bien négocié ses tarifs avec ses fournisseurs que Leclerc. Et il juge ses équipes pléthoriques. Or, en 2014, le groupe doit s'installer dans de nouveaux locaux à Massy, en région parisienne. Théoriquement, le dit Campus Carrefour doit accueillir 4.200 salariés."Il table sur des départs volontaires", rapporte un élu syndical.