Pierre Duponchel, Le Relais, le créateur récidiviste

[PORTRAIT] L’économie sociale et solidaire est la grande révolution copernicienne : même des sociétés anonymes « classiques », respectant les règles de l’économie de marché, cherchent du sens et une utilité sociale dans le qualificatif d’économie sociale et solidaire. Portraits de ces chercheurs de solutions nouvelles qui changent le monde.
Pierre Duponchel, Le Relais / DR

Créer de l'emploi envers et contre tout. Ainsi peut se résumer le parcours de Pierre Duponchel, ingénieur des Arts et Métiers qui, après six ans dans un groupe agro-alimentaire, démissionne en 1984 pour se lancer dans une vraie aventure.

« J'étais en lien avec la communauté d'Emmaüs du Nord et je voyais arriver de plus en plus de jeunes au chômage. Je me suis dit que c'était notre responsabilité de créer des emplois. »

Les chiffonniers d'Emmaüs collectent alors les vêtements usagés puis revendent les articles en bon état - « la crème » -, cédant le reste à des récupérateurs. D'où l'idée de développer le ramassage à domicile et de créer Le Relais, une Scop qui emploie les collecteurs.

« Le textile se vendait alors entre 1,50 et 2 francs du kilo aux grossistes, ce qui suffisait à payer les salaires. » Mais, à la fin des années 1980, les prix s'écroulent et Le Relais doit s'adapter. « Nous avons alors décidé de trier nous-mêmes. Ce qui exigeait deux fois plus de salariés et apportait une meilleure valeur ajoutée. »

La Scop peut ainsi repartir de l'avant et essaimer. Au début des années 2000, « nous avons vu arriver des box de récupération de textiles portant le logo de la Croix Rouge. Ils étaient installés par une société allemande qui reversait des droits à la Croix Rouge ». Ce mode de collecte divise les coûts par deux et Le Relais ne peut que s'aligner. Ce qui accroît les volumes et préserve les emplois.

La concurrence s'intensifie, les coûts de main-d'œuvre explosent, alors la Scop multiplie les centres de collecte et de tri et les « industrialise ». Elle crée aussi, à partir de vieux jeans, un matériau d'isolation, le « métisse », et construit une usine dans le Pas-de-Calais. Elle pratique aussi la « délocalisation positive » en Afrique et à Madagascar, en créant sur place des activités de tri et en soutenant des projets locaux. Au point de transformer Pierre Duponchel en simple businessman ?

« Si notre objectif était de gagner de l'argent, on se contenterait de la friperie », répond-il. Et de s'atteler désormais à un autre défi, celui de sa succession. À près de 61 ans, il faut savoir « passer le relais ».

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