EXCLUSIF MagicDay en cessation de paiement

Par Hayat Gazzane  |   |  883  mots
La société de loisirs, qui vend des coffrets cadeaux sur internet, ne paye plus ses prestataires depuis quelques mois. Après avoir vécu une forte croissance, elle cherche un repreneur pour éviter la fermeture.

"Catastrophique. Les prestations ne sont pas assurées, la société est en difficulté et continue de vendre des coffrets qu'elle ne peut plus honorer et ne donne pas réponse en cas de litige. C'est plutôt horror day". Ce commentaire, trouvé au détour d'un forum de discussion sur Inernet à propos des coffrets MagicDay, donne une idée des difficultés que traverse l'entreprise actuellement. En un an, la société de Stéphane Maurel, spécialisée dans la vente de coffrets cadeaux tout compris, est passée d'une croissance à trois chiffres à une situation de cessation de paiement.

Ce sont les prestataires partenaires qui font circuler l'information. Leur contrat avec l'entreprise n'est plus honoré et celle-ci les laisse dans le flou. "Dans cette histoire, c'est le client qui paye les pots cassés", explique Laurent Vialar, responsable du gîte du Mas des deux cèdres dans la Drôme provençale. En contrat depuis un an, ce dernier ne reçoit plus de paiement depuis mai alors que des week-end pour son gîte continuent en ce moment même d'être vendus par MagicDay. "Je suis obligé de refouler les clients parce que je ne peux pas louer gratuitement. Magicday me doit 480 euros. Ca peut paraître peu mais à notre échelle, c'est énorme. Déjà que le décalage entre le paiement du coffret sur internet et notre paiement était de 60 jours.... Le pire, c'est que le site fonctionne encore. Ca veut dire qu'il se font de la trésorerie, ce n'est pas normal".

D'autres prennent cette histoire avec plus de philosophie comme Pierre Salvage, responsable du domaine d'Izaute, dans le Gers. Lui non plus n'a pas été payé "mais pour nous ce n'est pas très grave, de l'ordre d'une centaine d'euros", explique-t-il. Comme tous les autres, Pierre Salvage a reçu pour toute information, un mail laconique : "nous sommes depuis plusieurs mois maintenant en discussion avec de potentiels repreneurs/investisseurs. En effet, nous rencontrons d'importants problèmes financiers. Aujourd'hui aucune solution n'a encore été trouvée et le contexte économique général n'améliore en rien la situation. Le mois de septembre prochain sera donc décisif quant à l'avenir de la société".

Pour les clients furieux, MagicDay propose de les rediriger vers une adresse (question@magicday.fr). Entre deux ligne, le mail rappelle que "tant que la situation n'est pas statuée nous sommes dans l'incapacité d'honorer vos factures".

Et apparemment, l'information circule mal puisque d'autre partenaires, contactés par téléphone, disent n'être au courant de rien. L'un d'entre eux est même sur le point d'envoyer son dossier pour finaliser son contrat avec la société. Du côté de MagicDay, c'est le silence total. Le numéro de téléphone est sur répondeur. Aucune réponse n'est obtenue par mail, même après plusieurs tentatives.

Revirement de situation

Rien ne laissait envisager un tel retournement de situation pour MagicDay. Jusqu'ici, l'entreprise avait su surfer sur la vague des cadeaux en coffret grâce au flair de Stéphane Maurel, son jeune créateur.

Après un séjour de 10 ans en Grande-Bretagne, dont neuf ans dans la filiale anglaise de Renault au service marketing, Stéphane Maurel rentre en France avec dans ses bagages, cette idée de vendre des coffrets tout compris. Le concept : proposer des séjours de loisirs (circuit de conduite, parachutisme), bien être (massage) ou des week-end en amoureux sous forme de coffret. Une fois payé sur internet, la personne bénéficiaire du cadeau dispose d'un an pour faire sa réservation auprès du prestataire.

L'idée existait déjà depuis 12 ans en Angleterre mais en était à ses balbutiements en France. Alors en 2004, Stéphane Maurel rentre au pays et se lance dans l'affaire, avec un site internet et une petite boutique à Paris. Il démarche prestataires de service et entreprises qui cherchent un moyen simple de récompenser leurs employés. Un an plus tard, il décroche le Trophée du cadeau d'affaires et des contrats avec des sociétés comme L'Oréal. En 2006, MagicDay connaît une croissance de 100%. Dans une interview vidéo datée de juin 2008, Stephane Morel explique que MagicDay connaît "une croissance à trois chiffres depuis le départ". En 2007, son bénéfice est de 2 millions d'euros. En 2008, il passe à 5 millions. L'entreprise embauche 17 salariés, "avec un recrutement tout les deux mois et demi environ", et ouvre une boutique plus grande dans le 11e arrondissement de Paris. Les coffrets se vendent comme des petits pains à un prix moyen de 140 euros. "Notre cible principale sont les femmes, qui achètent des cadeaux pour des hommes", expliquait alors Stéphane Maurel avec une pointe d'humour.

Comment expliquer que du jour au lendemain, la société bascule ? L'entreprise met en avant un contexte économique difficile cet été. D'après un sondage, de nombreux Français ont choisi de ne pas partir en vacances et les dépenses de loisirs figurent parmi les premiers budgets amputés par la crise. Mais impossible d'en savoir plus. Les comptes de MagicDay ne sont pas rendus public et aucun responsable ne s'exprime sur le sujet. Comme les prestataires et les clients, il faudra prendre son mal en patience.