En quittant le port de Nice le vendredi 16 octobre, à bord du Club Med 2, au son de la musique écrite par Vangelis pour le film Christophe Colomb, les passagers du superbe cinq-mâts se sentaient l?âme de grands navigateurs. Tout concourrait à leur bonne humeur. Le cinq mats appartenant au groupe Club Méditerranée, inauguré en 1992, vient d?être entièrement rénové et décoré par la designer d'intérieur Sophie Jacqmin.

Dans le cadre de la stratégie de montée en gamme déclinée par le groupe dirigé par Henri Giscard d?Estaing, le Club Med 2 est désormais gratifié de 5 Tridents, le niveau de confort maximum dans la classification interne. A cette occasion, le navire a été doté de 10 suites qui font le double de la surface d?une cabine normale, soit 36 mètres carrés. Toutes les cabines sont équipées de grands hublots et leur décoration décline des tons de sable et de mers des caraïbes. Sur ce voilier de 187 mètres de long, 200 membres d?équipages sont aux petits soins des passagers dont le nombre peut atteindre au maximum 372 personnes.

Mais la météo avait décidé d?être capricieuse. Durant la traversée de nuit vers le port de Calvi, en Corse, les passagers ont été bercés de plus en plus fort par la mer jusqu?à affronter des vents de force 10 au petit matin, sur une échelle qui en compte 12, et des vagues formants des creux de 7 mètres.

Au réveil, le samedi matin, l?humeur des passagers était donc considérablement moins conquérante ! A l?heure ou le bateau était censé jeter l?ancre devant le port de Calvi, les passagers étaient secoués dans leurs cabines et seuls les plus vaillants se sont rendus dans l?un des deux restaurants que compte le bateau pour prendre leur petit déjeuner, souvent frugal. De Calvi, les plus matinaux n?ont aperçu que la citadelle? de loin, au travers des embruns qui couvraient les trois ponts du navire.

Face à de telles conditions météo, le commandant a décidé de mettre directement le cap sur la prochaine escale, Barcelone. « Super, nous allons passer plus de temps que prévu dans la ville espagnole », se sont alors réjoui les clients. Un enthousiasme prématuré. Une journée et demi de navigation en mer est nécessaire pour rallier les deux villes. Une mauvaise nouvelle pour tous les passagers, déjà éprouvés, y compris pour Eric, le chef du village, qui après près d?un an passé sur le bateau, n?a pas réussi à se guérir du mal de mer ! Heureusement pour tous, le temps s?est mis au bleu dans la journée de samedi, permettant aux passagers de somnoler dans un transat et de retrouver quelques couleurs après avoir pris une pilule miracle contre le mal de mer. Un massage au spa Carita (payant) installé sur le navire a contribué à réconcilier les passagers avec la vie et à leur redonner bonne mine.

Passagers et personnel se souviendront de leur diner au restaurant Magellan, pendant que le bateau naviguait sur une mer démontée. Heureusement, les passagers étauient servis à table et n?avaient pas à se rendre à un buffet. Ils pouvaient donc admirer le sens de l?équilibre des serveurs. Ce qui n?a toutefois pas empêché un peu de casse de vaisselle au gré des ballotements du cinq-mâts.

En cette saison, les soirées sont courtes sur le navire. L?âge moyen des passagers est élevé à l?image de « Monsieur Charles », un habitué qui vient régulièrement à bord pour plusieurs mois et qui, à l?âge de 83 ans, cumule l?équivalent de 7 années de vacances sur le Club Med 2. Il est l?un des rares fidèles du Moby Dick, le bar à ambiance musicale du bateau situé sur le pont arrière. « Sur ce bateau, je suis heureux », explique ce dynamique ingénieur à la retraite. Le bateau n?a plus de secret pour lui et lors de la visite des cuisines, de la lingerie et des salles moteurs qui est systématiquement proposée au passager, il peut sans problème faire le guide et agrémenter la découverte des recoins du bateau par des anecdotes.

Au final, malgré la tempête, c?est avec regret que l?on débarque à Barcelone de ce bateau. D?autant que ceux qui restent à bord s?apprêtent à traverser l?Atlantique pour aller chercher le soleil des Antilles.