Salon nautique : mer belle, temps moins agité

Si nombre d'exposants au Nautic de Paris ont réduit cette année la voilure, le secteur tente de sortir de la tourmente en présentant une foule de nouveautés. La croisière a le vent en poupe et la haute mer n'a jamais été aussi belle.

La mer, un nouveau terrain de loisirs ? À n'en pas douter. C'est même par cet argument que beaucoup expliquent la forte croissance du secteur ces dix dernières années. Du jamais-vu de mémoire de marin jusqu'à ce que la tempête financière ne s'abatte sur les chantiers. « Ce sont les années de l'émergence de la location, de l'ouverture des nouvelles zones de navigation et de l'internationalisation de la pratique », note Jean-François Fountaine, président de la Fédération des industries nautiques (FIN) et patron du chantier Fountaine Pajot. Entre 1995 et 2003 certaines entreprises ont ainsi triplé de taille.
 

Si la crise a malheureusement fait couler quelques chantiers, mis d'autres en cale sèche et amputé le marché de la plaisance de moitié, pour autant, elle n'a pas menacé l'équilibre du secteur. Pour preuve, les stocks sont au plus bas, mais les carnets de commandes, eux, sont repartis à la hausse. Celui du chantier Fountaine Pajot est plus étoffé que l'an passé à la même époque. « On reste sur un marché globalement porteur », confirme son patron. « L'envie d'avoir un bateau et de naviguer est très pérenne. L'usage s'est aussi simplifié. La demande de ces dernières années a entraîné les chantiers à devenir encore plus performants et à produire de meilleurs bâtiments pour moins cher. Un cercle vertueux, perturbé par la crise, mais que beaucoup prennent désormais comme une opportunité », analyse Éric Bruneel, patron du tout jeune chantier Neel et navigateur émérite.
 

La voile hisse haut le pavillon de la plaisance

Car la pratique du bateau ne fléchit pas. Les ventes de bateaux d'occasion ne se sont jamais aussi bien portées (+ 18 % pour les voiliers). Les ports sont pleins quand ils ne refusent pas carrément du monde en Méditerranée l'été. Le nombre de nuitées d'escale a bondi de 10 % cette saison. La participation aux événements nautiques est au top. En témoignent le nombre de bateaux de loisirs venus admirer sur l'eau les concurrents des Voiles de Saint-Tropez en septembre dernier ou ceux du dernier Vendée Globe. Et c'est la voile qui hisse haut le pavillon de la plaisance, le moteur ayant enregistré beaucoup plus de faillites retentissantes, comme celle de Genmar, deuxième mondial du secteur.
Nouveautés
 

Au Salon nautique de Paris, la suppression de deux halls consacrés à la mécanique confirme la tendance. Surtout, la voile fait la course en tête avec un nombre de nouveautés impressionnant. C'est bien simple : le leader du marché, le groupe Bénéteau, persuadé que les derniers sortis tirent le marché, a accéléré son développement dès qu'il a pris conscience de l'ampleur de la crise. Et en annonce fièrement 29 modèles pour 2009 toutes marques confondues, soit 50 % de l'offre renouvelée. « Quand les marchés sont difficiles, les entreprises cherchent à retravailler leur offre de façon plus qualitative. D'ailleurs les produits standards ont beaucoup plus de mal à se vendre », confirme le président de la FIN. Résultat : des intérieurs plus beaux, des bateaux plus faciles à naviguer et l'émergence de jeunes chantiers qui jouent la stratégie de niche comme Structures avec ses Pogo.

Bienfaits de cette crise
 

« Nous sommes en train de voir émerger des bateaux plus esthétiques et plus épurés. C'en est fini du bling bling. Les frimeurs disparaissent. La clientèle qui aime la mer et qui a un projet, elle, est restée », estime Marc Van Peteghem, patron et fondateur du cabinet VPLP. Célèbre architecte naval qui a façonné l'histoire des multicoques, il reste persuadé des bienfaits de cette crise. Elle va permettre de faire voguer de nouveaux concepts. Et de faire entrer en scène les technologies vertes. Pour lui, « le milieu se remet en question. Il est moins conservateur et analyse plus finement les besoins. On va voir revenir une clientèle de vrais amateurs, de gens qui aiment prendre des risques et naviguer pour le simple plaisir d'être sur l'eau. » Et peut-être aussi, en ces temps de crise et de confusions, un besoin de plus en plus essentiel de se retrouver face à soi et entre soi, de se reconnecter aux vraies valeurs. Celles de la mer ont toujours été porteuses.

Retrouvez dans la Tribune ce samedi nos pages spéciales sur le Salon Nautique. La Tribune, le seul quotidien économique à paraître le samedi.

Le Salon Nautique se tient à Paris,  15ème arrondissement, Porte de Versailles, Parc des expositions, du vendredi 4 décembre au dimanche 13.

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